C’est un album terriblement excitant et pourtant bien difficile à appréhender.
Schizophrénique et loin d’être accessible, mais bourré de trouvailles et d’audaces.
Mû par une architecture interne complexe, née d’un cerveau bouillonnant et oscillant entre deux pôles.
D’une part une certaine évidence Pop contrebalancée d’autre part par un indéniable souhait de brouiller les pistes (de danse), de chambouler les canevas, de maltraiter les facilités.
C’est forcément un peu Arty (d’ailleurs Airick Woodhead, l’alien qui tire les ficelles derrière ce projet, a migré de Montréal à Toronto il y a quelque temps, se rapprochant d’une certaine scène au sein de laquelle figure notamment Grimes).
C’est surtout novateur.
Vitriolées, décomplexées, mutées en objets non identifiables, les mélodies qui parsèment cet elpee se tapissent sous le couvert de sonorités recherchées, travaillées, savamment torturées et s’immiscent dans le subconscient, presque à l’insu de l’auditeur.
Si rien ne semble évident ici, tout paraît pourtant judicieux.
Car rien n’est gratuit, tout est mûrement réfléchi.
Le résultat respire la liberté mais à aucun moment ne souffre d’un excès de zèle qui aurait ruiné l’ensemble, en le parsemant de détails encombrants.
C’est un voyage intrigant en terre de fantasmes syncopés, de rêves complexes et décomplexés, de visions binaires déclinées entre algorithmes pervers et claudicants.
Il nécessite sa part d’efforts, sous peine d’être déstabilisé, et de passer totalement à côté.
Mais une fois entré dans cet univers particulier, on réalise qu’il aurait été dommage de rater cette expérience…