Lieutenant est un groupe issu de la Cité Ardente. Un quintet drivé par le chanteur/guitariste, Laurent Van Ngoc. Le line up est complété par le clarinettiste Vincent Hargot, le drummer Pierre Mulder et la violoniste Anne-Claude Dejasse, qui a remplacé Pauline Van Ngoc depuis juillet 2014. En ‘live’, le combo implique trois autres instrumentistes : la violoncelliste Aurélie Potty ainsi que les violonistes Damien Chierici et Arno Polet (alto). De quoi former une solide section de cordes. Le band a publié un premier Ep, début 2013.
En gravant « Au Coeur de L'Arène », Lieutenant a voulu faire un tir groupé, puisque douze compos de l’elpee (NDR : dont les dessins illustrant le livret ont été réalisés par le drummer, Pierre Mulder) sont répercutées à travers un bouquin réunissant autant de chapitres, signé par Philippe Lecrenier et illustré par Pierre Mulder, à travers le même nombre de peintures. Les musiciens s'intéressent vivement à toutes les formes d'art (littérature, cinéma et arts plastiques) ; ce qui constitue une source constante d'inspiration. Un projet autant ambitieux qu'audacieux. Mathias Malzieu, le leader de Dyonisos, monte régulièrement ce type de projet.
A l'origine, la formation puisait ses influences dans le folk et la pop acoustique. Et notamment chez Belle and Sebastian ainsi que King of Convenience. Simon and Garfunkel également, mais eux sont américains. Les lyrics étaient alors torchés dans la langue de Shakespeare. Mais au fil du temps, c’est celle de Molière qui a pris le dessus. Afin de mettre des mots pour marquer les émotions et donner un sens à l'ensemble. Et puis, l’expression sonore s’est également teintée de jazz et de classique…
Découpé en 13 pistes, l’elpee a bénéficié du concours de Thomas Belhom (Tindersticks, Calexico) à la mise en forme. Le disque ressemble à une bande dessinée : un montage et une succession de petites histoires racontées comme un 'Marvel Comics' réaliste, qui traitent de sujets comme l'isolement, le désespoir, la solitude ou la peur. Conceptuel, « Au Coeur de L'Arène » est un peu une fable contemporaine qui raconte l'histoire de Victor, un marionnettiste, ivre de liberté, vivant dans un monde imaginé par Georges Orwell.
Contrebasse ronflante, clochette et accords d’ivoires agressifs alimentent « Paradis Perdus », la plage qui ouvre le long playing, avant que la basse n’impose toute sa gravité.
La fumée envahit le cerveau comme une fumée de cigarette. Nous sommes « En tête à tête ». Une question se pose 'Est-ce que tu veux jouer le jeu ? '
Sur fond de gratte, « Ecume » est exécuté en slam. Superbe !
C’est « L'Ame En Bandouilière » que le capitaine de vaisseau conduit l'embarcation pour la suite du voyage, de plus en plus torturé...
« Tout Est Ecrit » baigne au sein d’un climat à la fois manouche et balkanique. Cordes imposantes et chœurs mettent le cap vers l’Est. Soudain, un combat éclate entre ces cordes et la clarinette, mais personne n'en sort finalement vainqueur. Un conflit qui reprend sur « Océan de pluie ». A cause des percus sauvages. Avant que le violoncelle ne remette de l’ordre dans un univers sonore plutôt symphonique.
Nous sommes au bord du précipice sur « Manège De Fin Du Monde », peut-être afin de tomber sur l’« L'Epine Au fond Du Coeur » léguée par un certain Serge Gainsbourg.
Des sonorités distordues envahissent « Interlude ». Le spectre de Bertold Brecht rôde. Les ivoires entretiennent une atmosphère propice à la « Peur ». Avant de reprendre la route des Balkans.
« Millions De Corps Solitaires » est une compo qui remonte à plus de 5 ans. Et elle figurait sur l’Ep d’un projet précédent, baptisé We Have Souls. Ecrite dans la langue de Shakespeare, elle a été traduite en français.
Une lueur d’espoir renaît. On aurait retrouvé le « Paradis Perdus Acte II ». Avant de revenir vers « Le Coeur De l'Arène », dénouement de ce concept album.