Après la séparation de Pavement en 1999, Stephen Malkmus n’est pas resté longtemps les bras croisés. Quelques mois plus tard, il publie son premier album solo. Depuis lors, malgré une reformation éphémère de son groupe, le Californien enchaîne les LP. « Wig out at Jagbags », le dernier en date, constitue déjà son sixième. Toujours flanqué de ses Jicks, Malkmus poursuit en solo ce qu’il était parvenu à mettre en place chez Pavement, c’est-à-dire un rock lo-fi nonchalant et déstructuré. L’Orangerie, ce soir, n’est pas pleine. Le public est en majorité peuplé de spectateurs affichant la trentaine. Beaucoup sont certainement des fans inconditionnels qui ont passé des heures à écouter les albums de Pavement ou de Silver Jews (groupe au sein duquel il a milité de 89 à 99).
La première partie est assurée par The Megaphonic Thrift. Le groupe norvégien est responsable d’un rock qu’on pourrait situer à la croisée des chemins de Sonic Youth et Built To Spill.
Vers 21h, les lumières s’éteignent. Les Jicks montent sur les planches. Mark Clark, le guitariste/pianiste, prend place à gauche du podium. Le batteur, Jake Morris, siège derrière ses fûts, en retrait, sur une petite estrade. Enfin, la bassiste, Joanna Bolme, se plante au centre de la scène. Les trois musiciens entament alors une intro afin d’accueillir la star de la soirée. Après quelques roulements de tambour que le drummer accompagne de quelques cris, Stephen Malkmus débarque au pas de course. De manière à chauffer le public qui le reçoit par ses applaudissements. L’ambiance sera bon enfant, c’est désormais une certitude. Physiquement, malgré ses 48 ans, il affiche toujours la dégaine d’un adolescent rachitique de 18 ans. Après les présentations d’usage, Malkmus entame les choses sérieuses. Son jeu de guitare est directement reconnaissable : complètement déstructuré, imprévisible, toujours à la limite de sonner faux. Sa voix également n’a pas bougé d’un pouce. Ce qui ne doit pas être de tout repos pour les musiciens de suivre le gratteur. Visiblement, il s’amuse et leur fait confiance. Il enchaîne les morceaux et nous démontre qu’il n’a rien perdu de son talent. Malkmus nous gratifie de plusieurs solos issus de son imagination fertile. Rien que cela ! Sa musique est toujours aussi proche de celle de Pavement. Une différence quand même : l’absence de ‘tubes’. Normal, puisqu’il n’y en a pas dans sa discographie solo. Il faut cependant avouer qu’on a l’impression d’écouter une suite de morceaux qui se suivent et se ressemblent ; ce qui ne semble pas gêner l’assistance. Il doit être un peu plus de 22heures, quand Malkmus et ses acolytes quittent le podium pour y revenir quelques minutes plus tard, afin d’interpréter trois derniers titres.
Ce concert a été une belle occasion de découvrir ou de redécouvrir une grosse pointure des 90’s. Musicalement et physiquement, Stephen Malkmus a de l’énergie à revendre. Et c’est le sourire aux lèvres que les spectateurs sont rentrés chez eux. Une bonne humeur clairement communiquée par l’Américain durant toute la soirée.
(Organisation Botanique)