Assister à un concert de The Kills constitue toujours une expérience pleine de surprises. Soit Alison est perturbée par des substances illicites et le set est à la mesure de ses errements, soit son esprit est très clair et le concert devient carrément ennuyeux. Ce soir, à l’Ancienne Belgique, elle semble avoir enfin trouvé le bon équilibre. Finie l’époque où le service de sécurité la portait à bout de bras pour la débarrasser du plancher. Aujourd’hui, c’est une jeune femme en pleine forme et lucide qui se produit sur scène…
Et on s’en rend dompte dès les premières notes. Les guitares crissent, les cheveux d’Alison flottent. On se rend compte que The Kills n’est pas venu pour faire de la figuration, mais bien pour nous délivrer un concert brut, sauvage et très rock’n’roll, conforme à sa réputation. Lorsque Jamie Hince, le guitariste britannique, s’écrie : ‘It is so lovely to be back in Brussels’, c’est toute une salle qui jubile.
Aucun répit n’est laissé entre les morceaux qui s’enchaînent à un rythme hypnotique. L’alchimie entre Alison et Jamie, malgré les années qui passent, est toujours intense. Ils sont comme la glace et le feu. On hésiterait presque à les déranger tant ils peuvent sembler seuls au monde lors de ces moments où leurs regards se croisent.
Pendant « Fried my Little brain », Jamie harangue la foule tel un messie. Le moment est tendu, sexy, glamour, à l’image de ce duo qui se renouvelle autant qu’il exploite et maîtrise à merveille son rock garage…
Alison se permet de former quelques cœurs à l’aide de ses doigts, à l’opposé de son image de chanteuse ‘so West Coast américaine’ ; ce qui constitue sûrement la seule faute de goût de la soirée.
Point d’orgue de la prestation, « Pots and Pans » s’érige certainement comme le sommet de la prestation et fait littéralement exploser la salle. Le moment est tendu, fiévreux, parfait. Alison entame en solo le premier rappel, « That Love », qu’elle joue à la batterie avec une intensité rare. Les musicos vont se faire plaisir à travers deux derniers titres, totalement antinomique à leur répertoire traditionnel. D’abord, le « Stepping razor » de Joe Higgs. Un reggae. Puis, plus étonnant encore, le « List of Reparations » de Joe Higgs. Du hip hop !
Deux exercices de styles différents pour achever la soirée ; une manière de confirmer Kills arrivent là où on ne les attend pas, tout en prouvant –mais est-ce nécessaire ?– que le rock’n’roll n’est pas mort… et qu’il a encore bien sa place dans le décor…
Pour les photos de The Kills, c’est ici, et pour celle de The Pearl Hearts, qui assurait le supporting act, c’est là.
(Organisation : Live Nation)