Curieusement, l’Ancienne Belgique n’affiche pas complet ce soir. Dans la salle, le public est hétérogène. On y croise tous les looks, toutes les personnalités, toutes les couleurs de peau. Une multiculturalité réunie le temps d’une soirée. Un peu à l’image d’un Barack Obama, vainqueur des présidentielles US, The Roots, combo hip hop de Philadelphie, vient à son tour nous faire rêver de changement. Mais ici, il ne s’agit nullement de changement politique. Place à la musique !
En première partie, le trio suédois Looptroop Rockers a tenté de se forger une certaine crédibilité. Juste avant l’apparition des génies de la scène hip hop. Sur fond de boîte à rythmes et de quelques bidouillages électroniques, les flows des deux chanteurs ne font guère bonne figure. Pourtant, respectueux, le public applaudit malgré tout ce rap inerte proposé par les trois larrons.
Le temps de voir opérer les derniers réglages par les roadies, et la pression commence à monter. Particulièrement excitée, la foule piaffe d’impatience et le manifeste à travers les premiers coups de sifflets. Finalement, quelques notes de bombardon viennent couvrir les cris du public. Qui en une fraction de seconde se mure dans un silence religieux. Les sept membres du combo montent sur le podium en file indienne. Ils rejoignent leur poste et font déjà exploser les premières notes de « Rising Down », le neuvième et dernier opus des Américains. Parfaitement au point, les musiciens s’amusent, sourient, et partagent plus que généreusement leur musique qui oscille du hip hop à la soul, en passant par le jazz et même rock. ?uestlove, batteur mythique à la coupe afro, s’éclate. Son acolyte aux congas est son meilleur complice. Ensemble, ils opèrent un battle de percussions sur le titre phare « Mellow My Man ». Irrésistible ! Les musiciens sont manifestement des virtuoses. Chacun d’entre eux se réserve d’ailleurs un solo. A l’instar du saxophoniste dont les interventions sont dignes d’un Charlie Parker voire même d’un John Coltrane. Il exécute les plus belles impros sur « You Got Me ». Personne n’y échappe. Même, Owen Biddle, le substitut à la basse. Hubbard (et son bâton de réglisse) a donc décidé de quitter le navire. Ce remplaçant est le seul musicien de couleur blanche sur scène. Il parvient à faire rebondir son instrument tout en créant diverses chorégraphies en compagnie des ses partenaires. Le public assiste à une véritable démonstration, riche en maîtrise musicale et en énergie. Le concert s’achève majestueusement par un débit de flows surprenants concédés par Black Tought, Mc. Probablement le moment le plus charismatique de l’elpee. Et les paroles engagées y contribuent largement.
Pourtant plus très jeune, The Roots est parvenu ce soir à tenir le public en haleine, durant un peu moins de deux heures. Depuis plus de dix ans, cet ensemble parvient à souffler un véritable vent de fraicheur sur le hip hop tout en se posant comme une des plus grandes références dans cet univers. La rumeur colporte une fin de parcours pour la formation, pourtant au sommet de son art. On parle notamment de leur dernière tournée mondiale. Si ces infos sont exactes, je dois avouer être fier d’avoir assisté à ce show hors du commun. Mon cœur est d’ailleurs encore empli d’émotion. Merci The Roots ! Et n’hésitez pas à jeter un coup d’œil dans notre rubriques ‘Live photos’….
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