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La maternité, source d’inspiration pour The Wandering Hearts…

Le trio britannique The Wandering Hearts sortira son nouvel album "Mother", le 22 mars 2024. Produit par Steve Milbourne, c’est un patchwork de récits folkloriques, d'accroches pop et d'énergie rock, le tout assemblé par des harmonies lumineuses. On pourrait…

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Shaka Ponk - 14/03/2024
Zara Larsson 25-02-2024
Eric Ferrante

Eric Ferrante

samedi, 19 novembre 2011 16:23

Un best of pour Noir Désir

Un an après la séparation officielle du groupe, la maison de disques Barclay décide de sortir une compilation retraçant tous les moments forts de la carrière de Noir Désir. Un Best Of sous forme d’adieu que vous pourrez retrouver dans les bacs dès le 28 novembre sous le titre de « Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien ». Une œuvre forte de six albums studio, d’inédits et de surprenantes collaborations disponible en deux éditions : une édition standard et une édition deluxe contenant 2 CD et 1 DVD.

Tracklist

CD1

01 – Fin de siècle
02 – En route pour la joie
03 – Ici Paris
04 – L’homme pressé
05 – Comme elle vient
06 – A l’envers à l’endroit
07 – A l’arrière des taxis
08 – Toujours être ailleurs
09 – Aux sombres héros de l’amer
10 – Un jour en France
11 – Marlène
12 – Le vent nous portera
13 – A ton étoile
14 – Lolita nie en bloc
15 – Tostaky (le continent) (edit)
16 – Le fleuve
17 – Lost
18 – One trip / one noise

CD2

01 – Back to you (face B de L’homme pressé)
02 – Liditentité (duo avec Les Têtes Raides)
03 – I want you (reprise de The Beatles)
04 – 21st century schizoid man (reprise de King Crimson)

05 – Bis baby boum boum (duo avec Brigitte Fontaine)
06 – Là -bas (B.O.F. de Bernie)
07 – Ces gens -là (reprise de Jacques Brel)
08 – Des armes (musique Noir Désir, texte Léo Ferré)
09 – A ton étoile (remixé par Yann Tiersen)
10 – Volontaire (duo avec Alain Bashung)
11 – Son style 3 (face B de Lost)
12 – Les écorchés (remixé par Sloy)
13 – Le roi (reprise de Georges Brassens)
14 – Oublié (remix)
15 – Aucun express (reprise d’Alain Bashung)
16 – Song for JLP (morceau cache sur 666.667 Club)
17 – Working class hero (reprise de John Lennon)

18 – Helter skelter (reprise de The Beatles)

DVD

01 – Ici Paris
02 – La rage
03 – Tostaky (live Lyon)
04 – En route pour la joie (live Lyon)
05 – Working class hero (Gisti 99)
06 – Volontaire
07 – One trip one noise (Eurockéennes 2002)

08 – Pyromane
09 – Le grand incendie
10 – Tostaky (live Vieilles Charrues)
11 – Où veux-tu qu’je regarde
12 – Johnny colère
13 – Alice
14 – Septembre en attendant
15 – Lost

samedi, 12 novembre 2011 12:29

Le thé séditieux de Lindstrøm

Lindstrøm, le prince de l’electro norvégienne est de retour. C’est le 6 février prochain que le producteur norvégien sortira de sa tanière pour nous faire découvrir son nouvel univers insolite. Un troisième album solo sorti sous le label indépendant Smalltown Supersound (Todd Terje, Razika, Annie) qui devrait regorger de pépites discoïdes. Un sept titres space-disco sorti sous le nom de « Six Cups of Rebel » sur lequel Hans-Peter Lindstrøm s’est même, paraît-il, payé le luxe de pousser la chansonnette.

Tracklisting “Six Cups Of Rebel”

01. No Release
02. De Javu
03. Magik
04. Quiet Place
To Live
05. Call Me Anytime

06. Six Cups Of Rebel
07. Hina

Un premier titre issu de ce dernier opus est d’ores et déjà en écoute. « De Javu », une bizarrerie disco transcendantale qui gargouille dans les rotules : http://youtu.be/5n1wAzuXAKU

 

Alors que son somptueux projet live, « Inni », (DVD, double CD, triple vinyle, coffret sextuple…) vient à peine de tomber dans les bacs le 7 novembre dernier , « Sigur Rós », l’un des groupes les plus créatifs de ces dix dernières années, continue de nous surprendre. Une exclusivité lancée par le Wall Street Journal auquel les membres du groupe auraient déclaré travailler sur un sixième opus dont la date de sortie serait prévue pour le printemps 2012. Un album décrit comme ‘introverti’, ‘flottant et minimal’, ‘ambient’ avec ‘un lent décollage vers quelque chose’. Avant d’ajouter : ‘ça  ne nous a jamais intéressé de garder le même son que ce qu’on a fait avant’. Quatre ans après « Með suð í eyrum við spilum endalaust » sorti en 2008, Sigur Rós reprendrait donc le chemin du studio Sundlaugin (studio d’enregistrement créé par le groupe). Un long chemin sinueux traversé de multiples projets où Jón Þór Birgisson, âme incontestée du groupe, n’aurait pas pris le temps d’abandonner sa boîte à musique et serait parti vers d’autres horizons pour explorer le son.

Quatre ans durant lesquels Jonsi aura travaillé sur des projets artistiques parallèles parsemés de collaborations inédites (« Jonsi et Alex », « Riceboy Sleeps » sorti en 2009) et d’albums solo  (« Go » et « Go Live » sortis en 2010). Si vous faites le compte, vous obtiendrez plus d’un album par an.

Ecoutez cet extrait de “Inni” et goutez l’essence de la drama poésie de l’un des groupes les plus atypiques du XXIème siècle !

« Festival », enregistré (comme le reste du disque/film) à l’Alexandra Palace de Londres : http://vimeo.com/28814716

 

dimanche, 06 novembre 2011 01:00

Tubeur en série…

C’est sous le pseudonyme de « Kaiser Chiefs » (pseudonyme emprunté à un célèbre club de foot Sud- Africain !) que le groupe s’est formé en 2003. Les cinq garçons de Leeds, emmenés par le leader charismatique Ricky Wilson, deviendront rapidement une figure incontournable de la scène britpop. Il leur a fallu en effet moins de deux ans pour convaincre avant que leur premier album studio, « Employment », ne caracole en haut des charts…

Trois albums plus tard, le groupe anglais revient fouler les planches de l’Ancienne Belgique pour défendre son titre de superstar de la pop anglaise et présenter son quatrième opus plutôt bousculé par la presse, « The Futur Is Medieval ».

La scène, le lieu de débat idéal pour faire taire toute controverse. Un terrain de jeux où, justement, les cinq musiciens excellent tout particulièrement ! Sachant que le quinquet de Leeds enflamme régulièrement les plus grandes scènes internationales, il semblait évident qu’il avait toutes les cartes en main pour offrir, en deux temps trois mouvements, un concert enlevé et festif lors des deux soirées bruxelloises complètes. Soulignons également la volonté du groupe de s’offrir deux fois l’AB à taille humaine et de snober les grandes salles du pays (NDR : Forest National pour ne pas la citer !) où les intérêts financiers priment trop souvent la qualité artistique.

Pas d’album à la carte cette fois-ci mais plutôt une setlist subtile construite pour ne pas laisser souffler le spectateur. D’emblée, le son est au point et le groupe ultra en place. Une courte intro gonflée de sons électroniques pour annoncer les modulations d’amplitude de « The Futur Is Medieval » avant de nous balancer « Everyday I Love You Less And Less », en ouverture. On  peut dire et écrire ce qu’on veut sur Kaiser Chiefs, au rayon efficacité, c’est assez imparable. Un vrai concert juke-box enfilant des tubes, des tubes et encore des tubes… Une formation qui privilégie intelligemment ses morceaux les plus tranchants, les plus pop et les plus immédiats. Grâce à ses chansons taillées sur mesure pour les stades (« Ruby », « Na na na naa » ou « I predict a riot”), le groupe tient son public en main dès le début pour ne plus le lâcher et nous livre un concert tout en énergie. Une terrible force de frappe d’élite. Il est tout simplement impossible de ne pas succomber aux assauts ravageurs des cinq ‘déglingos’ ce soir à l’AB. Une salle qui réagit à la moindre injonction du charismatique frontman, Ricky Wilson. L’énigmatique chanteur, véritable djinn monté sur piles, assure le show et tient le public en haleine par ses frasques habituelles. Le micro voltigeur inlassablement pointé vers un public qui reprend en chœur des hymnes taillés pour le live. Un dynamisme mêlé d’audace où les morceaux s’enchaînent et se brisent pour mieux repartir, à une vitesse vertigineuse.                                                                                                                                          

Bien sûr, les influences se bousculent au détour d’un riff, d’un refrain, d’un accord de clavier  ou d’un morceau tout entier (« Dead Or In Serious Trouble ») mais ce sont ces influences mêmes (Blur, Stranglers, Magazine…) qui font de Kaiser Chiefs ce qu’il est aujourd’hui : un groupe solide de scène. Un groupe qui se détache néanmoins progressivement de ses pairs sur les nouvelles compos. Moments où les claviers et les ronflements analogiques surgissent et caressent, parfois timidement, la new wave sur « Out Of Focus ». Ou encore, lorsque « When All Is Quiet » (titre au refrain 60’s) s’étreint d’un clavier ultra-efficace et « Kinda Girl You Are » souffle un power pop sur lequel « The Vaccines » n’aurait pas craché.

Bref, un « The Futur Is Medieval » qui prend des couleurs sur scène et éclipse temporairement les coups de tonnerre médiatiques qui se sont abattus sur l’album studio.

(Voir aussi notre section photos)

 

Balmorhea, un post-rock du XIXème siècle…

Pendant deux jours, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (BOZAR) avait affiché la ferme intention de redorer ses murs et d’élever la musique électronique au rang d’art contemporain. Que le genre musical et son artwork investissent des lieux prestigieux sur la carte de l’élite culturelle, n’est pas un fait nouveau. Ces manifestations pointues, à la frontière du fashion, nous démontrent constamment que la croissance exponentielle du genre s’immisce dans toutes les sphères artistiques et déplace une foule chaque jour plus nombreuse. En effet, le BOZAR affichait complet pour cette première édition du Bozar Electronic Weekend. Un  merveilleux espace pluridisciplinaire art déco ouvrant les portes de ses six salles pour accueillir plus de quinze groupes aux horizons expérimentaux divergents. Au programme : des concerts, des soundscapes, des spectacles audiovisuels… Les ‘électromaniaques’ dirigeront spontanément leurs viseurs vers les imposantes têtes d’affiche venues présenter leurs dernières productions : Modeselektor, Plaid et Rustie. Quant à nous, notre choix sera plus modeste et échappera au très électro Hall Horta pour se diriger vers le post-rock intimiste de Balmorhea qui avait pris soin de poser ses guitares dans la confortable salle M. Concert assis !

Balmorhea (prononcez bal-mour-ay), ensemble instrumental minimaliste d’Austin, se cache sous le pseudonyme d’une ville située au beau milieu du désert texan. Le désert comme horizon, son immensité silencieuse comme inspiration expriment parfaitement les intentions artistiques du combo. Une musique solennelle aux volontés de fuites et des airs graves et austères pour l’incarner. 

Un sextet voyageant sur des sables mouvants agités de violon, de contrebasse, de violoncelle et dont deux des membres passent incessamment de la guitare électrique, à la basse, au banjo et aux claviers. Un groupe aux influences éclatées mêlant les sons d’une musique classique minimaliste à un post-rock dynamique et silencieux. Un atmosphérique grandiose qui donne l’impression, même pendant les séquences les plus calmes, de s’élancer vers l’avant. Un tout distillant une musique pleine de ferveur et de douce ivresse.

Balmorhea est tout en sobriété et érudition et laisse le soin aux instruments de charmer, d’assoupir avant d’emballer et de prendre au piège. Les voix sont secondaires, elles s’allument et s’éteignent à l’image d’un réverbère usé par le temps. Elles s’entendent en écho, de loin, comme un gémissement désespéré qui surgirait d’infinies étendues désertiques, celles de leur Texas natal. Quelques murmures fantomatiques, qui renforcent les airs énigmatiques et accentuent le vertige infligé par les compositions, suffisent. Un climax fort et dense magistralement emmené par le pianiste/guitariste Rob Lowe. 

Une forme d’expression qui tire ses influences d’univers musicaux hétéroclites : Ludovico Einaudi, The Six Parts Seven, Rachel’s, Max Richter, Arvo Pärt ou encore Debussy voire Beethoven. Un agglomérat improbable qui tient un propos identique : faire d’une musique instrumentale des chansons éloquentes sans être trop bavardes, des pièces élaborées, complexes mais à la beauté immédiate. Des petits morceaux d’histoire, des constructions qui s’emportent, parfois denses et, par endroits, saccadées, qui rythment des explorations anciennes.

Certains titres de l’album « All Is Wild, All Is Silent » sont d’ailleurs évocateurs (“March 4, 1831″ et « November 1, 1832″), comme une volonté de sculpter un temps révolu, de le figer  dans le quartz des sables acoustiques, le dix-neuvième siècle ! Une époque qui demeure  décidément gravée dans l’œuvre de Balmorhea.

Soulignons, finalement, la synchronisation quasi-chirurgicale entre le drama sonore et visuel. Un fond visuel N/B sous forme de documentaire qui retracerait les conditions de vie des travailleurs texans vivant dans le grand désert. Une photographie austère qui fusionne  ingénieusement avec le son et résonne comme un hommage esthétisé et fervent à tous ces hommes oubliés par le temps. Une délicieuse démonstration de l’aptitude potentielle du groupe à réaliser des musiques de film. 

Balmorhea, une musique de pionniers, de visionnaires du passé ; un ensemble musical  qui        ‘se souvient du futur’ et qui sait, en concert, nous  conter de belles histoires intemporelles.

Balmorhea

(Organisation Bozar)

Ce samedi soir, le Botanique avait décidé d’épingler trois groupes pop aux accents punk-rock. En guise d’apéritif, plutôt léger, deux groupes français, The Dancer et The Dukes, ouvraient le bal, bénéficiant de l’insigne privilège de ‘chauffer’ la salle aux  inépuisables Britanniques de  The Subways’. Formation hors-norme qui, dès son premier  album paru en 2005 (« Young For Eternity »), avait fait l’unanimité de la presse anglaise. Elle ne tarissait d’ailleurs pas d’éloges à son égard, qualifiant très tôt les trois jeunes banlieusards londoniens de ‘the next big thing’. Talent que les jeunes gens ne tarderont pas à confirmer sur scène grâce à leur troisième et dernier opus, né sous le signe évocateur de « Money & Celebrity ».

Deux supports acts ouvrent donc pour le combo insulaire. Deux premières parties que nous réduirons laconiquement à cette citation célèbre de John Lennon : ‘Le rock français, c’est comme le vin anglais’. Deux jeunes formations qui auront pourtant eu l’audace de se mesurer à la légendaire puissance sonore des Subways et, par là même, de leur permettre d’exposer jusqu’à l’éclatement, de déchaîner  leur force dévastatrice.

Comment ne pas évoquer les mots ‘énergie’ et ‘puissance’ lorsque l’on parle de The Subways ? Quels termes employer lorsque l’on baigne dans un tel ‘chant’ magnétique, une telle intensité? Tâche ardue s’il en est. Que l’on aime ou pas, ils vous prennent à la gorge et leur cruelle étreinte ne faiblit pas du début à la fin du spectacle. Quand on songe que ces trois jeunes musiciens sont capables d’incendier tout un stade, on imagine sans mal les sensations éprouvées au sein de l’Orangerie. Peu importe la salle, ces trois-là déploient la même vigueur à chaque concert comme si, à chaque soupir, dans l’unique présent qui efface le reste, ils livraient leur première et cependant ultime représentation. 

C’est sur une musique annonçant la fin du monde que Billy Lunn, Charlotte Cooper et Josh Morgan débarquent en trombe, telles des stars internationales de catch, avant de nous lancer leurs premiers missiles. Ce dynamisme, cet enthousiasme nous offrent spontanément leur plaisir de jouer. Il suffit de regarder la bassiste, comme envoûtée, parcourir la scène en sautant sans relâche pour s’en faire une idée. Un plaisir communicatif auquel ne peut guère résister le   public et qui l’immerge d’emblée dans la haute énergie brute de « Oh Yeah ». Une setlist  d’ailleurs composée d’innombrables morceaux issus de l’indétrônable « Young For Eternity ». Album culte sur lequel le public demeure plus réactif  et réveille les surfeurs de foule. Lorsqu’on prend acte de l’accueil enthousiaste que le public réserve aux nouveaux titres (« We Don’t Need Money To Have A Good Time », « Popdeath »…) extraits du récent troisième elpee, on mesure l’ampleur de la victoire du trio londonien. Entre passé et futur, le double défi relevé ce soir est un franc succès.

Ensuite, les titres s’enchaînent sans temps mort ; même les courts intermèdes sont parfaitement contrôlés par Lunn qui aime la scène et son public (NDR : un public qui succombera à l’invitation du chanteur à se lancer dans un ‘circle pogo’ en forme de farandole agitée). Quelques mots échangés encore et la force de la voix, les riffs de guitare brûlants et la basse acide reprennent de plus belle. Finalement, les cent décibels affichés au compteur  agitent avec ferveur les vitres extérieures de la serre pour trois derniers rappels. Pourtant, on aurait presque l’impression que le leader du groupe ne veut pas quitter la scène tant cette envie insatiable de jouer est palpable. Seul existe alors un intense présent, comme un instantané de la présence même. La foule saute, exulte avant que Lunn n’enlève son micro et se lance dans un ultime stage diving.

The Subways ne changera probablement pas le visage de la musique mais il offre, à chaque concert, un pur moment de plaisir et d’énergie contagieuse. L’énergie exorbitante distillée par le trio, en une seule nuit, excède tout ce dont certains groupes sont capables de dispenser, dans une carrière entière.

(Organisation Botanique)

 

vendredi, 27 mai 2011 02:00

Primavera Sound 2011 : vendredi 27 mai

Día 2
 

La soirée, marquée par le retour inattendu du groupe britannique Pulp, présentait certainement l'événement majeur de ce week-end. Un vendredi placé sous le signe d’une concurrence particulièrement rude ; jugez-en plutôt : The National, Belle & Sebastian, Deerhunter, Sufjan Stevens (again !), Explosion In The Sky, Pere Ubu, Low, Battles…

Dix ans après la sortie de « We Love Life » en 2001, les anciens combattants de la pop britannique recouvraient subitement la vie. Plus qu’un simple come-back, Pulp réintègre sa formation originelle. Quinze ans se sont écoulés déjà depuis que Nick Banks, Candida Doyle, Steve MacKey, Russel Senior, Mark Webber et Jarvis Cocker ont cessé de plaquer ensemble leurs accords. Une exclusivité du Primavera Sound. Le communiqué de presse, rendu public par Jarvis Cocker pour annoncer leur retour, était clair : ‘Nous allons jouer tous les morceaux de toutes les époques de notre carrière. Oui, cela signifie que nous allons jouer votre chanson favorite.’ 

L’esprit britpop 90’s des six de Sheffield et l’enthousiasme démesuré de Jarvis Cocker étaient bel et bien présents sur les planches de la scène San Miguel pour revisiter les tubes issus principalement de trois albums cultes : « Different Class », « Son N Hers » et « This Is Hardcore ». Un concert survolté frappant le public de plein fouet de hits tels que « Babies », « Disco 2000 » et « Common People ». Ce dernier morceau sera tout spécialement dédié aux ‘Indignados’ fraîchement expulsés de la Plaza Catalunya.         

Comment rédiger un compte-rendu quand on se trouve relégué à plus de 300 mètres de la scène ?! La masse de spectateurs qui foule quotidiennement l’asphalte du ‘Prima’ rend  les conditions parfois insupportables. C’est une musique fast food à consommer sans réfléchir que l’on nous sert ici. Le confort, la qualité du spectacle, lors des représentations des têtes d’affiche pourtant prestigieuses, semblent, en ce lieu, des critères négligeables. Bref, pas la peine de préciser que la plaine du Llevant était archipleine pour accueillir les Étasuniens de The National.

  Les sept musiciens de Brooklyn parviennent cependant à tisser d’étranges nébuleuses électriques dans la nuit chaude de Barcelone. Une intensité qui frissonne à fleur de peau et transperce tous les épidermes d’une assistance frontalement agitée aux marges de la scène. Deux grands écrans au visuel sombre et brumeux renforcent l’imagerie mentale du spectateur décidemment imprégné de son et d’alcool. Pourtant, la voix de Matt Berninger le trahit. Cette tessiture grave qui nous séduit tellement en studio dérape sur scène. Une confusion qui ne trouble guère pourtant la haute tension émotionnelle qui règne dans l’arène du Llevant. Une fin de set sur « Anyone’s Ghost » et « Sorrow » où la voix retombe et les mélodies s’accordent. Le meilleur moment du concert où, enfin, Matt Berninger ne gueule plus ! The National, un grand groupe qui ne semble pas taillé pour les grandes scènes. 

Ce vendredi, on recensait sur le site un nombre incalculable de spectateurs britanniques, venus manifestement pour faire la fête. Erigé comme une forteresse impénétrable face au podium ‘San Miguel’, ce mur humain faisait bloc devant le groupe culte glaswégien. Impossible de le franchir. Pas le moindre interstice pour se couler vers la lumière. Et un concert de plus à visiter, derrière la scène, sur des écrans géants ! Considéré comme ‘the Smiths for the generation that came after Morrissey and Marr’, Belle & Sebastian on stage continue à véhiculer l’image d’une musique surannée, sensible et tendrement pop. Une image, devenue populaire au fil des albums, qui déplace toujours les fans en masse. Stuart Murdoch ne l’avait-il pas laissé entendre publiquement sur un air détaché : ‘Je me préoccupe exclusivement de composer pour les gens que j’aime, et le reste du monde, il peut m’écouter siffler’ ? Démonstration d’une autosuffisance qui porte ses fruits puisque, ce soir, le groupe écossais et le public font réellement corps. Une philosophie payante grâce à laquelle les éternels étudiants écossais ont su se tailler une place unique au sein du paysage musical indie britannique. Dès lors, sur les planches du Primavera, ils nous exposent les forces vives d’un groupe culte qui brille encore de régularité. Un roc solide qui, inlassablement, résonne de sa pop raffinée et méticuleusement arrangée. Une machine douze pièces bien huilée épaulée d’un quatuor à cordes et de cuivres qui pimentent certains titres.

Alors, vraiment indispensable ce soutien orchestral ? Certes, les cordes et les cuivres renforcent les mélodies pop classiques du combo glaswégien, mais les versions épurées demeurent néanmoins les moments les plus forts, les plus intenses aussi. Car la voix et les lyrics priment sur les mélodies. Comme si Murdoch était la réponse de la pop moderne à Philip Larkin (poète, romancier et critique de jazz considéré comme le poète anglais le plus important de la seconde moitié du XXème siècle). Tour à tour lapidaire et profond, il chante l’absurdité de la vie et de la mort avec une extrême sensibilité. C’est ainsi que « The Fox in the Snow », chanson chargée en émotion, touche la foule de mélopées étranges. 

Une prestation, avouons-le, spécialement réservé aux amateurs de la première heure. D’ailleurs, lorsque les anciens morceaux surgissent (compos principalement issues de « The Boy with the Arab Strap »), le public exulte. Un gig indie cool archétypal présentant une pop classique qui tente l’inattendu. Le groupe organise le spectacle d’ingénues mises en scène et parie sur une forte interaction avec le public. Un calcul théâtral qui invite cinq personnes de l’assistance à danser sur scène lors de « The Boy with the Arab Strap ». Une farandole grotesque récompensée d’une généreuse distribution de médailles et d’une volée d’embrassades distribuées par Stuart Murdoch himself. Belle & Sebastian aime chouchouter son public et le démontre. Une intimité qui touche la mémoire affective des fidèles irrémédiablement conquis. Belle & Sebastian, des mélodies familières intemporelles que l’on aime fredonner au fil du temps.

Mais, avant de se précipiter vers le Llevant pour se délecter de l’un des groupes noise rock les plus intéressants de ces dernières années, Deerhunter, trois frustrations artistiques nous laissent un goût de fiel. Ignorer l’indie rock américain de Low, le noise-math-rock de Shellac (projet de Steve Albini) devient pure torture. Pourtant, sur le chemin, comme fascinés par les échos lointains du post-rock majestueux d’Explosions In The Sky qui nous parviennent, impossible de résister, l’espace d’un instant furtif, à l’appel  incomparable des sirènes. Face à la mer, sur la scène ‘Ray-Ban’, la formation texane nous offre un spectacle ‘son et lumière’ d’une esthétique sans faille. Haute voltige atmosphérique durant laquelle le corps et l’esprit s’immobilisent et oublient le temps, celui d’aller voir Deerhunter.

Sur les planches, Bradford Cox, personnage fragile, est soutenu par le drummer Moses Archuleta, le bassiste Josh Fauver et le guitariste Locket Pundt. Le set se renouvelle et propose de nouvelles compos comme « 60 Cycle Hum », un morceau qui rassure quant à la valeur du prochain album. Ensuite, le quatuor géorgien enchaîne par l’irrésistible single « Desire Lines », seul titre chanté par Locket Pundt, caractérisé par un long crescendo final. Magique ! Le tracklisting épinglera cependant la plupart des plages du dernier elpee : les superbes « Don’t Cry » et « Sailing », l’onirique « Basement Scene » (en hommage à John Cage), l’efficace « Helycopter » ainsi que « He Would Have Laughed » (dédié à Jay Reatard). Sans négliger pour autant les perles du passé, « Hazel St. » ou encore « Never Stops ». Cox fait preuve d’une grande aisance tant au chant qu’aux six cordes. Son impeccable. Cohésion entre les musiciens irréprochable. Qu’elles soient shoegaze ou lo-fi, les mélodies sont simplement superbes. En outre, lorsque la musique navigue toutes guitares en avant, le groupe devient vraiment impressionnant.

Conquis, le public est alors comblé par le rappel au cours duquel la formation exécute « Nothing Ever Happened », un morceau magistral, tourmenté, intense, de plus de 10 minutes. A cet instant, on frôle le délire. Hallucinant ! Mais, ce qui interpelle, c’est cette absence de contact entre les musicos et le public. En fait, chez Deerhunter, la musique est essence et se suffit à elle-même. Et le reste n’est que littérature…

Mauvaise surprise ! Les talentueux Californiens d’Autolux ne se produiront pas ce soir. Las d’avoir joué pendant trois jours à Barcelone, ils sont malades. On peut donc faire une croix sur l’excellent rock d’avant-garde dispensé sur leur albums « Future Perfect » (2004) et « Transit Transit » (2010). Les organisateurs, coupables de cette gigantesque mécanique parfaitement huilée, sont incapables de nous fournir le moindre indice. L’énigme de cette absence inhabituelle au festival restera sans réponse. 

3:45 am, scène Ray Ban ! Lieu où Ian Williams, Dave Konopka, John Stanier nous avaient donné rendez-vous pour nous faire part de leur rock cosmique savant. L’une des plus belles scènes du site, la Ray Ban prend la forme d’un amphithéâtre adossé à la mer. Un cadre idyllique qui n’est guère fait pour desservir les artistes.

Phénomène new-yorkais très à la mode, Battles ne regorge pas moins de talent. En effet, le trio étasunien présente un spectacle conjuguant musique, art-work et nouvelles technologies où le visuel compte autant que l’auditif.  La musique, organique et électronique tonitruante,  se mêle aux hologrammes futuristes et aux voix préenregistrées. Elle invite le spectateur à franchir les portes de ‘The Twilight Zone’.  

En concert, l’atmosphère est captivante. La musique flirte avec un rock cosmique qui interroge le futur. Qu’on apprécie ou non, le style bien particulier du trio le rend unique et surprend l’auditeur. Un groupe qui illustre mieux que quiconque le binôme post-rock-math de sa belle liberté instrumentale. Tirée, à l’origine, d’influences passant de Can à Steve Reich, sa musique atteint désormais le faîte d’une précision métronomique.

Une formule dans laquelle cohabitent les caprices du jazz, le dynamisme de la batterie, le pincement cérébral de la guitare et les coups de griffes de l’électro. Une alchimie qui s’explique sur scène dans des œuvres telles que « Tonto », «EP C / B » et tous les étranges spécimens issus de « Mirrored » et « Gloss Drop ». « Battles », une formation réservée à un public très hermétique.

Dernier groupe programmé : Nuit Blanche à 5 :00 am ! Encore une fois, les nuits catalanes promettent d’être longues, très longues…

Très caricaturalement, si le jeudi a mis surtout l’accent sur l’électronica, le vendredi était plutôt consacré aux guitares (post-rock, math-rock, noise…)

jeudi, 26 mai 2011 02:00

Primavera Sound 2011 : jeudi 26 mai

Plus de 140 000 visiteurs ont franchi les portillons de la onzième édition du San Miguel Primavera Sound, pour assister à 260 concerts. Un bilan positif dont les organisateurs, Alberto Guijarro et Gabi Ruiz, se félicitent, lors de leur conférence de presse. Un succès qu’ils attribuent volontiers à la sélection d’un line up de qualité visant à réunir des groupes issus de tous les horizons. Une machinerie éléphantesque où l’industrie de la musique, dont les professionnels du secteur et les journalistes, soit plus de 2 200 personnes venues de 36 pays différents, se sont réunis dans le cadre d’un projet commun : redessiner la carte actuelle du paysage musical indépendant. Enjeux mégalomaniaques dont la promotion se joue essentiellement dans les coulisses et non sur les dix scènes plantées sur le site du festival. C’est ainsi que les backstages accueilleront une trentaine de meetings, conférences, ateliers, cocktails parties dans l’enceinte cosy du ‘Adidas Originals Primavera Pro’. Un espace idyllique qui longe la mer et vise à faciliter le contact entre les professionnels du secteur de la musique et les artistes. Ouvert toute la nuit, il offre des services qui vous en feraient presque oublier l’essentiel : la musique et la scène (restaurants proposant une cuisine sophistiquée, bars, espace de détente et zone de baignade donnant sur la mer…). 

Mais revenons à l’essentiel, la musique !

Les spectacles vont se concentrer sur deux sites principaux : le Poble Espanyol et le Parc del Fórum. Le premier, espace où le festival a vu le jour, accueille désormais la journée officielle d’ouverture et la cérémonie de clôture. Une journée d’ouverture qui recevait, ce 25 mai 2011, 5 300 privilégiés. Une poignée de veinards qui a pu assister à la magie électronique de Caribou (groupe également présent le lendemain sur le Parc del Fórum), à la pop classique d’Echo & The Bunnymen, à l’indie pop de Comet Gain et au rouleau compresseur nippon de Nisennenmondai. Quant à la soirée de clôture, elle se refermait lentement sur les ondes de Mercury Rev, BMXBandits, Mon Teenage Stride et Me and The Bees.      

L’essentiel de la programmation restait pourtant à venir, les jeudi 26, vendredi 27 et samedi 28 mai 2011, sur le site colossal du Parc del Forúm situé dans la zone portuaire de Barcelone. Un océan de béton adossé à la mer méditerranée doté d’un microclimat annonçant trois jours d’orage sonique sur les dix scènes proposées.

Le San Miguel Primavera Sound 2011 avait donc élaboré une programmation épinglant 221 artistes ou formations. Un grenier à souvenirs bâti de millions d’infinitésimales particules sonores, dont les principaux émetteurs toxiques se cachent sous des pseudonymes tels que The National, Pulp, Belle & Sebastian, Grinderman (combo dirigé par Nick Cave). Ou encore sous la forme d’un spectacle coloré, animé par les anciens combattants de The Flaming Lips, la Britannique PJ Harvey, toujours aussi illuminée par son charme intemporel ou encore Animal Collective, responsable d’une pop aussi majestueuse qu’expérimentale…

Día 1 (Jeudi 26/05) :

Mieux vaut se concentrer uniquement sur le Parc del Fórum et oublier tous les événements parallèles au festival. En effet, le site nous propose, rien que sur la journée du jeudi, pas moins de 58 concerts planifiés à des horaires très ibériques (ouverture des portes à 5:00 pm et début du dernier concert à 5 :00 am). Le paradis des fêtards !

Un marathon musical qui commence d’ailleurs de bien belle manière : Sufjan Stevens. Artiste mis à l’honneur lors de cette onzième édition, le musicien américain a le privilège de jouer au sein de la somptueuse salle indoor Rockdelux, un auditorium ultramoderne et cosy situé à l’entrée du site. Stevens va y livrer un concert privé (~ 3.000 personnes !) dans des conditions optimales, afin de nous présenter son dernier album, inspiré par la vie et l’œuvre de l’artiste américain Royal Robertson. Hallucinant, le spectacle son et lumière contamine très rapidement le spectateur de la folie schizo-paranoïde, propre au peintre louisianais.

Finalement, la pop cosmique, irréelle et habitée du combo étasunien invite le spectateur, confortablement installé dans son fauteuil, à la célébration d’une grande messe mystique. Le public, complètement conquis, saute, danse et chante sous une pluie de confettis et de ballons. Plus de deux heures de show électronica-pop surréaliste qui l’éloigne de plus en plus des rivages de ‘Chicago’. Sufjan Stevens a ainsi démontré qu’un autre monde était possible…

Les trois heures consacrées au Stevens’ show ne nous ont pas laissé le temps d’assister au concert des légendaires P.I.L, formation fondée par Johnny Rotten et certainement l’un des groupes les plus provocants et novateurs de la période post-punk. Impasse également sur les extravagants Étasuniens d’Of Montreal.

Une heure de file et deux heures de concert plus tard, les chemins bétonnés du Prima nous conduisent doucement vers la scène San Miguel afin d’affronter le rock-garage crasseux de Grinderman. Un concert qu’une poignée de spectateurs va suivre sur grand écran derrière la scène. La Main stage, dont la dimension et la configuration ne suffisent pas à assurer une visibilité satisfaisante, nous contraint régulièrement à assister à des spectacles dans des conditions déplorables. Bref, il y a trop de monde, vu la taille de la scène. Force est de constater que la formation dirigée par Nick Cave n’a pas pris une ride et déplace toujours autant les foules. La fosse est pleine. Le rock rageur de Australien libère toujours autant d’intensité musicale contagieuse. Enfin, surexcité, porté par le public, le leader charismatique n’hésite pas à se lancer dans la foule, sans épargner son micro. Des hurlements qui, s’il le fallait encore, intensifient les secousses sismiques d’une plaine noire de monde. Nick Cave et ses Bad Seeds, un remède de jouvence.

Pas le temps de souffler. La foule prend massivement la direction de la Llevant, située en bordure de site. Cette scène à la charpente imposante bénéficie d’un visuel supérieur à la précédente mais présente parfois de cruelles carences sonores. C’est le lieu choisi par Interpol pour planter ses guitares. Le vaste espace est bondé et le public trépigne. Barcelone aime le trio new-yorkais et le laisse entendre. Cette formation correspond d’ailleurs parfaitement à la philosophie du ‘Prima’. Une machine à tubes radio qui fait vendre de la plaquette et qui attire les foules tout en préservant son statut de rock indépendant. Entre gris clair et gris foncé.  

Huit ans et trois albums ont donc été nécessaires pour que les cousins sombres des Strokes recouvrent un brin de liberté artistique. Sur scène, ce travail est palpable et se gratifie de textures plus denses et de sons plus complexes. Sans sacrifier des tubes comme « Barricade », les New-yorkais parviennent, cependant, à conjuguer les genres. Mais le public n’est pas ici pour disserter sur des sujets transcendantaux ou la métaphysique. Abreuvé d’alcools et de bières, il est venu pour fêter le printemps. Lorsque les gros moteurs d’ Interpol déboulent, il répond présent en manifestant une ferveur électrisante. Une gigantesque marée humaine s’éveille alors ; tous vibrent, dansent et chantent sous le soleil de ‘Mexico’. La bande à Paul Banks est taillée pour remplir les salles, pourquoi s’en priverait-elle ?   

Pas le temps d’attendre la fin du set. Il faut se faufiler pour rejoindre los ‘fenómenos’ de la scène electronica. Trop tard ! Caribou a déjà transformé l’ATP Stage en une enclave inaccessible. Du haut de la colline, le spectacle est stupéfiant. Les milliers de spectateurs ne forment plus qu’une masse compacte en perpétuel mouvement. Certes, le son est pourri mais le light show hypnotise la nuit chaude catalane. Une manière unique d’observer les facéties du petit génie canadien. L’impressionnant mur rythmique, construit à l’aide de guitares et de drums, de beats et de bleeps, ne parvient que très faiblement à nos oreilles. Suffisamment, pourtant, pour participer à la grande messe électro-pop. En fin de parcours, le rituel « Sun » se met à gronder, sous l’impulsion d’un électro-noise puissant, couvert d’une voix en écho (‘Sun, Sun, Sun…’), avant de s’éteindre comme les derniers soupirs d’un concert absolument magique. Un voyage musical claustrophobe, à déconseiller à tout amoureux de grands espaces paisibles.

Une nuit sans sommeil qui croise d’infatigables ombres vacillantes. Elles trouvent pourtant l’énergie suffisante pour assister aux deux dernières représentations plutôt tardives. 4:00 am pour le quatuor indietronica de Sunns et 5 :00 am pour Girl Talk, l’un des artistes les plus respectés de l’electronica actuel.

Et demain est un autre jour ! 

Que celles et ceux qui ont manqué la prestation de Perfume Genius à la Rotonde, le 25 octobre dernier, se consolent : le spectacle livré par Mike Hadreas, ce vendredi soir à l’Orangerie, est à l’identique. Configuration, setlist, décor, rien n’a bougé. Un concert touchant mais pas indispensable à revisiter.   

Mike Hadreas, artiste qui se cache derrière le pseudonyme Perfume Genius, joue d’une personnalité discrète, énigmatique mais, somme toute, captivante sur scène. Bien que sa performance délicate et, souvent, dangereusement fragile, ne puisse lutter contre une foule rock qui sent la bière, il parvient à captiver l’assistance. Résonances intimes tissées de petits riens qui émeuvent le public de l’Orangerie littéralement suspendu à chaque note, à chaque son émis par le petit génie de Seattle. Le silence absolu règne dans la salle. Ce défaut assumé, cette vulnérabilité même, le jeune imprudent les transmue en atout redoutable. Le résultat ? Un souffle tel qu’il n’en existe plus à l’heure où les disques en chambre affichent la même assurance que les superproductions. 

Le décor nu, sans effets de lumière, habille une performance simple, limpide et délicate réalisée par deux pianistes/chanteurs. Sur scène, Mike Hadreas se réserve les ivoires et tâte parfois de la guitare acoustique. Il s’appuie sur un complice très discret aux claviers et au chant. Apport musical si faible que l’on serait tenté de croire que sa présence même servirait uniquement à rendre plus palpable la timidité du jeune musicien américain. A deux, ils forment un ensemble compact prenant essentiellement sa source dans le premier album judicieusement appelé « Learning ». Malgré la structure assez similaire de ces productions, le duo ne sombre cependant pas dans la monotonie. 

Une voix tremblante de nervosité, un piano branlant, un son accidenté, un chant engourdi autour de mélodies fragiles, tels sont les principaux ingrédients. Ils confèrent à Perfume Genius un charisme incomparable. Les émotifs anonymes s’identifient et le charme opère. Une magie rare dont les dernières rencontres remontent à Elliott Smith ou Sufjan Stevens. Une hypersensibilité torturée comparable au paysage mental de Thom Yorke.   

L’essentiel de son goût du spectaculaire, Perfume Genius le canalise dans ses textes. Les solistes de la soirée introduiront la hantise de « Mr. Peterson », « Look Out, Look Out » ainsi qu’une nouvelle compo en rappel. Un Mr. Peterson dont le goût amer laisserait comme un sillage étrange de parfum dans la conscience. 

Si l’on en juge par la force de ce spectacle, le potentiel artistique du petit génie de Seattle et le  dévouement manifesté par le public de l’Orangerie, le deuxième album semble de toute évidence sur la bonne voie. L’orchestration et la mise en scène devront cependant être repensées. Perfume Genius, un phénomène à suivre de près, de très près…

Perfume Genius

Eclatant, osé et euphorique, Animal collective triomphe ce soir sur les planches du Cirque Royal lors du concert le plus arty de cette édition 2011. Un show chaotique de plus d’une heure trente rendant hommage à la planète geek.

Le quatuor de Brooklyn (originaire de Baltimore) est réputé, cependant, pour la fâcheuse habitude de présenter une setlist expérimentale lors de ses prestations scéniques. Un spectacle hermétique de construction high tech truffé d’innovations, créations inédites dont l’essence s’adresse fondamentalement à un public averti. Pas d’album en vue pour les New-yorkais qui utilisent la scène comme champ expérimental à leurs futures compositions. Hormis « Brothersport » et « Summertimes Clothes », moments où le public exulte réellement, le concert est laissé à la découverte. Un Crash test musical, utilisé de plus en plus souvent par de nouvelles formations, visant à mesurer l’interactivité du public avant de construire le tracklisting de leur prochain opus (NDR : procédé partiellement utilisé par Moriarty, ce mardi 17 mai, aux Nuits Botanique).

Comment décrire un chaos artistique en quelques lignes ? Tâche ardue s’il en est. Que nous allons tenter de démêler…

Techniquement, rien à dire, Animal Collective est une merveille. Un véritable défi à toute forme de gravité sonique. Un brouillon chaotique sous haute surveillance et merveilleusement maîtrisé. Si le quatuor nous suggère l’impression d’écouter quatre morceaux à la fois, il sait précisément vers quel espace sonore tout ce bruit se dirige. Il érige des perspectives multiples dont les lignes de son fusionnent peu à peu et convergent finalement. Une musique ancrée dans son époque et copieusement inspirante. 

Malgré des artifices visuels plutôt faibles, quatre hommes plantés en rang d’oignons dans un décor minimaliste, un écran géant projetant des images psychédéliques plutôt ordinaires et un jeu de lumière quasi inexistant, le quatuor parvient pourtant à créer des mondes parallèles et à porter le public vers la lévitation.

Côté salle, rien à dire, la fosse du Cirque est conquise. Difficile de lutter contre les transes électro-chamaniques du groupe. Lorsque le batteur-chaman Panda Bear lance un chant indien d’une voix énigmatique, l’audience, le diable au corps, se laisse emporter sur des danses tribales hypnotiques. Une deuxième partie de set truffée de morceaux délicieux accompagnés parfois de rythmes vocaux afro transcendants. Animal Collective accélère alors la dérive des continents et invite l’oreille à se heurter à des sonorités surprenantes venant d’Inde ou d’Afrique. Un psychélectro étonnant mélangeant les cultures et les époques et parfaitement apte à passer aisément de rythmes tribaux compulsifs à une musique psyché-rock plus classique.

La mécanique des ‘Animal’ n’est pas toujours évidente à déchiffrer. Un mélange d’arythmie logique et de précision chirurgicale qui fait souvent mouche. Une musique qui interroge le futur et bouscule le présent. Une recette qui atteint sa cible depuis plus de dix ans et régale régulièrement le public. Pourtant, ce soir, Animal Collective n’a pas vraiment convaincu la masse. Le piège du succès du phénomène trendy, dont le rock expérimental, ne se refermerait-il pas inexorablement sur la vague qui le porte mais l’érode peu à peu ? A suivre.

Animal Collective                   

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