La cavalcade de Jéhan…

Poussé par un nouvel élan poétique, Jean Jéhan a sorti son nouvel opus, « On ne sait jamais », le 18 novembre 2023. Pour ce cinquième elpee, Jéhan fait le choix de s'affranchir de ses affinités folk rock, pour aller vers des horizons plus dégagés. On retrouve…

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Pour Jane Weaver, l’amour est un spectacle permanent...

Jane Weaver, aka Jane Louise Weaver, est une musicienne originaire de Liverpool. Son nouvel opus, « Love In Constant Spectacle », paraîtra ce 5 avril 2024. Il a été produit par John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorse). Son disque le plus intime et le plus…

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Festival Sziget 2006 : lundi 14 août.

La fin du festival approche mais on ne la sent pas vraiment venir. Au Sziget, on n'échappe pas à l'espace temps. Quel jour sommes nous ? Quelle heure est-il ? 15 heures ? Il faut se dépêcher, « Tout sur ma mère » de P. Almodovar est projeté, pour l'instant, sur l'écran du Magic Mirror (cabaret). Et dans une heure et demie, les premiers concerts de la journée vont commencer…

Sous un soleil éclatant, (NDR : manifestement, on aura été gâté cette année) Beatsteaks monte sur les planches de la grande scène. Heureux de participer à l'événement, les Allemands nous aident à décoller les paupières des yeux, pas encore entièrement ouverts ! Leur mélange de ska et de punk est animé par Arnim Teutoburg, le frontman bondissant ! Leur répertoire inclut plusieurs reprises ; et notamment « Sabotage » des Beastie Boys ou encore « No one knows » de Queens of the Stone Age. Ouvrir la journée d'un festival est une tache difficile. Nous en avions parlé. Le combo germanique a réussi ce challenge. On ne peut que l'en féliciter.

Les 15 minutes d'intervalle qui séparent la programmation entre la scène world et la grande scène, nous autorisent à aller jeter un coup d'œil à la prestation de The Gathering. Pas très folichonne, à vrai dire. Drivée par la chanteuse Anneke Van Giersbergen, la formation se complaît dans son métal symphonique. Sur disque, la solution sonore est potable ; mais sur scène, la transposition s'avère mollassonne et sans saveur.

Une bonne raison pour foncer vers la scène world où se produit l'Ivoirien Tiken Jah Fakoly. Dynamisée par des rythmes afro-reggae, sa musique est festive et stimulante. Mais aussi revendicatrice. Il dénonce le colonialisme, l'exploitation et l'injustice dont est victime le peuple africain. Cette diatribe est traitée dans les lyrics de ses chansons. A l'instar de morceaux comme " Quitte le pouvoir ", " Françafrique " ou encore " Y'en a marre ". Tel un lion, l'Ivoirien court, bondit, se déchaîne ou élève les genoux à hauteur des épaules. Dépasser cette limite relève de l'impossible. Son show bien rodé met une ambiance de feu. Après avoir chaviré sur la musique des Balkans, l'île d'Obuda succombe aux charmes de la musique africaine…

A l'instar de tout grand festival, le Sziget vit au rythme des déplacements des foules. Mais devant la scène world, le spectacle est inattendu. Constitué en majorité de francophones et d'Africains, le public de Tiken Jah Fakoly vide les lieux, visiblement ravi de la prestation de l'Ivoirien. Mais en même temps, comme par magie, une toute autre audience, plus orientale, prend sa place. Nous avions entendu dire le plus grand bien de Leningrad, de véritables vedettes en Russie. Un vent favorable qui demandait confirmation. Une chose est sûre, leur prestation semble très attendue et leurs fans survoltés. Une quinzaine de musiciens déboulent sur scène. Un véritable raz-de-marée ! A l'instar des Négresses Vertes originels, 2 frontmen excitent la foule. L'un deux ressemble au chanteur de Ska-P, tandis que l'autre arbore un physique proche de François Hadji Lazaro. En plus trapu encore. Ce qui explique sans doute pourquoi il demeure assis la plupart du temps. Savant mélange de ska, de punk et de polka, leur musique est soutenue par une flopée de cuivres destinée à rythmer le set, sans lui laisser le moindre répit. La réputation de ce combo n'a pas encore dépassé les frontières des pays de l'Est. Ce qui explique sans doute pourquoi les différents drapeaux qui s'agitent dans le public arborent surtout les couleurs de l'Europe Continentale ou de l'Orient (Lituanie, Roumanie, etc.). Impressionnant ! Une toute grande découverte.

Après avoir vécu un show aussi époustouflant, Placebo a fait l'effet d'une douche froide. Ceux qui ont vécu leurs premiers concerts mémorables accordés au Botanique ou au Brielpoort de Deinze n'ont pas reconnu le groupe. Paradoxal lorsqu'on sait que Brian Molko et sa bande jouissent aujourd'hui d'une énorme popularité. Guère de contact ni de dialogue établi avec celui-ci. Il y a bien une descente de Molko au milieu de la foule ; mais elle balisée entre les grillages. Faut pas rêver non plus ! Un bien triste tableau pour une tête d'affiche. Ce set insipide, qui ne laissera certainement pas de souvenir impérissable, atteint même la profondeur de l'abysse lors de l'adaptation totalement foireuse d'"Every you, every me". Accélérer le tempo n'était certainement pas une bonne idée. Superbe sur disque la reprise du "Running Up That Hill" de Kate Bush ne ressemblait plus à rien. Bref, une grosse déception…

Petit détour via la scène Pesti Est où tous les soirs des petites formations rendent hommage à des artistes aussi prestigieux que Frank Zappa, Miles Davis ou encore The Doors. Ce soir, c'est Rage Against The Machine qui est mis à l'honneur. Un exercice de style accompli par une formation hongroise. Ses adaptations du mythique groupe américain nu metal sont plutôt réussies. L'étrange ressemblance physique et vocale entre le chanteur et Zack de La Rocha est troublante. Un bien bel hommage !

Que pouvait-on attendre d'Exploited ? Les voir enfin en chair et en os, après deux annulations successives en Belgique ? Compréhensible. A l'instar des Sex Pistols (NDR : et on a pu le constater lors de la dernière tournée opérée par la bande à John Lyndon), on est à 100 lieues de l'esprit punk. Les exigences des vedettes frisent l'indécence. Les apparitions se résument au minimum syndical. On ne sait plus s'ils jouent du punk ou du trash. Bref, le groupe a mal vieilli. Paradoxal lorsqu'on sait qu'hormis le légendaire Wattie, le line up est composé de très jeunes musiciens. Un Wattie qui impressionne davantage pour son physique que par sa voix aussi grasse que lui. Derrière la scène, une banderole affiche fièrement '25 years of anarchy and chaos'. Mais on se demande si la survie du groupe ne procède pas davantage d'une opération de marketing (NDR : pourtant incompatible avec l'esprit punk) que d'une volonté de maintenir en (sur)vie une légende. Les nostalgiques du punk auraient davantage intérêt à  se tourner vers des groupes authentiques comme les Buzzcocks ou UK Subs. 

Il est déjà 2 heures du mat' et nous quittons la tente peuplée d'Iroquois, pour aller se balader une dernière fois sur le site. Personne ne semble vraiment fatigué. A croire que la vodka permet de garder le tonus. Les nombreux dance-rooms continuent à se remplir de clubbers et de jolies jeunes filles locales… Quel marathon ce Sziget ! Il s'agit d'être en forme…

 

Festival Sziget 2006 : mardi 15 août.

Et m**** c'est déjà le dernier jour du festival… Après une semaine, on aimerait tant remonter le temps, et revenir au début de l'événement. Car 7 jours passent bien trop vite, lorsqu'on vit un des festivals le plus merveilleux au monde. Consolation : les organisateurs nous ont concocté un bouquet final particulièrement alléchant.

En 2004, Iggy Pop a rameuté ses Stooges pour accomplir une tournée de concerts et festivals. Une initiative qui n'a pas nécessairement été perçue d'un bon œil par tout le monde. Pourtant, à plus de 60 balais, l'Iguane continue de dispenser une énergie incroyable sur les planches. Et puis le respect qu'il manifeste à l'égard de son public mérite qu'on lui tire un coup de chapeau. 'We are the mother fucking Stooges ! 'We are fucking happy to be here !' balance Iggy, avant d'attaquer "1970". Les tubes s'enchaînent sans le moindre répit. Iggy Pop est dans son jus. Il court, danse, bondit et se roule par terre. Derrière, de leurs riffs ravageurs, les frères Asheton envoient la sauce, pendant que Mike Watt frappe puissamment les cordes de sa basse. Les hymnes rock n' roll défilent : de "Tv Eye" à "1969", en passant par "Loose" ou encore " I wanna be your dog". Clou du spectacle : James Osterberg invite le public à monter sur scène pour se déhancher en entonnant "No fun". Le service de sécurité hongroise n'apprécie pas trop la plaisanterie. Et ne l'apprécie même pas du tout, en fait ! Un jeu du chat et de la souris, entre festivaliers et agents de la sécurité, anime le frontstage. Le grand Pop manque même de prendre une tarte lorsqu'il se met à enlacer un fan malmené par un auxiliaire. Nonobstant l'obstruction, les slams s'enchaînent à une cadence infernale. Après une bonne heure de rock n' roll, les Stooges se retirent. Puis reviennent pour accorder un rappel. Au cours duquel ils reprendront une seconde fois le mythique " I wanna be your dog ". Avant de vider définitivement les lieux, sous un tonnerre d'applaudissements.

Mais quel est donc ce groupe, dont la musique aussi éclectique et entraînante provoque une telle ambiance ? Debout sur le Zinc ! Un ensemble déjanté, composé de huit musiciens, qui parvient à agréger rock, folklore tsigane et irlandais d'une manière plutôt originale. Débordant d'énergie, la joyeuse équipe met le feu au chapiteau Wan2, en allumant ses chansons à l'aide de rythmes irrésistibles ; des chansons à textes qui dépeignent judicieusement et humoristiquement la vie quotidienne. Le public, constitué alors essentiellement de francophones, en profite, bien évidemment pour faire la fête. Comme bien souvent sous cette toile…

Place maintenant à La Bottine Souriante, invitée à user ses semelles sur les planches de la scène world... Autre scène, autre style pour cette formation québécoise dont l'instrumentation fondamentalement folk est enrichie d'un jeu de claquettes. Et le résultat est aussi agréable à voir qu'à entendre. Un set à la fois entraînant et vivifiant au cours duquel, le combo fait preuve d'une grande maîtrise. Tout au long de ce festival, la scène world a vraiment fait l'unanimité. Son taux de fréquentation en est la plus belle démonstration. Et puis, c'est également l'endroit idéal pour conjuguer danse et bonne humeur.

C'est à Prodigy que revenait l'honneur de clôturer les concerts programmés sur la grande scène. Un set qui démarre sur les chapeaux de roues. La présence et le charisme de Maxim Reality y est sans doute pour quelque chose. Tel un maître de cérémonie, il pose un regard altier sur la foule. A contrario, Keith Flint se montre plus discret. C'est à peine si on remarque sa présence. Malheureusement le son est médiocre. Une cacophonie au cours de laquelle on a peine à reconnaître "Smack my bitch up". Ce qui n'empêche pas le public de vider ses dernières cartouches sur l'air de hits tels que "No good", "Breathe", "Firestarter" ou encore "Fire". C'est d'ailleurs la notoriété de ses hits qui va sauver le set du naufrage.

Il y a des lustres que nous espérions assister à un show d'Afro Celt Soundsystem. Fruit d'une liaison illicite entre culture celtique et africaine, consommée sur lit de sonorités électro, leur musique est tout à fait épatante sur disque. Live, la formation accorde une importance toute particulière à la dimension visuelle. A cause des costumes. C'est une certitude. Il y a même la présence d'un Indien. On se demande quand même comment un tel cocktail d'influences disparates peut tenir la route. Et aussi bien ! Apparemment le climat qui règne au sein du groupe y est pour quelque chose. Dans la foule, l'ambiance et de plus en plus chaleureuse. Elle est même propice à de charmantes rencontres multiculturelles (NDR : voir notre section photo).

Le denier choix cornélien du festival traduit une hésitation entre le métal lourd de Morbid Angel et le rock alternatif de Gogol Bordello. La foule semble partagée équitablement entre ces deux pôles. Il faut avouer que le métal et le punk rencontrent un franc succès auprès de la jeunesse hongroise ; une jeunesse rebelle qui a traversé différentes crises sociales... Finalement, nous optons pour Gogol Bordello. Presque un hype outre-Manche (NDR : le combo était programmé au Reading Festival !) ; mais dont la notoriété n'a pas encore atteint le Vieux Continent. Ne pas les confondre avec "Gogol 1er", probablement un des groupes français les plus atroces. Gogol Bordello est un ensemble cosmopolite : un chanteur ukrainien, un batteur californien, un accordéoniste russe et un guitariste israélien. Inévitablement, leur musique brasse une multitude d'influences. Plus subtiles les unes que les autres. Encore que sur les planches, celles des Bérurier Noirs et de La Mano Negra, dont ils reprennent le bon vieux "Mala Vida", nous semblent les plus évidentes. Le spectacle est, en outre, animé par des danseuses asiatiques. Nonobstant les 7 jours de festival, le public ne semble guère fatigué et les slams se succèdent allègrement. Le chanteur (NDR : un personnage excentrique comme ce n'est pas possible !) y participe même ! Et à l'instar du set des Stooges, accordé quelques heures plus tôt, le show s'achève dans un joyeux bordel lorsque les fans viennent les rejoindre sur scène. Nonobstant les inévitables contraintes imposées par un service de sécurité, parfois un peu trop musclé...

Les dj's de la Party Arena et notamment Mylo se chargent d'achever les derniers survivants.

Le sol est jonché de canettes Red Bull et autres boissons énergétiques destinées à tenir le coup. La bière ne coule plus à flots. Les jambes commencent à faiblir. Malgré la volonté de prolonger la fête jusqu'au bout, rester éveillé relève maintenant d'un combat permanent. Faut dire qu'après une semaine de festival, au cours duquel on a accumulé des kilomètres de marche, il y a de quoi tomber sur les rotules. Le soleil se lève pour la dernière fois sur le Sziget 2006. Les stands commencent à être démontés. On plie la tente. On range ses affaires. Les premiers festivaliers sont sur la route du retour. La fatigue se lit sur les visages mais en même temps un petit sourire nous en dit long sur la fantastique semaine qu'ils viennent de vivre.

Un séjour inoubliable. A cause de la programmation, du public et de l'ambiance. Et puis, parce que ce rassemblement tranche véritablement avec la routine des festivals européens…

Rock en Seine 2006 : vendredi 25 août

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La météo ne s'annonçait guère clémente pour ce week-end festivalier : averses éparses et continues. Anorak dans le sac à dos, je me prépare au pire. Et là, en ce vendredi 25 août 2006, qui vient nous rendre visite ? Le soleil ! Miracle ! Il fait beau, même chaud. Tout le monde au Parc de St Cloud est fier d'arborer le T-shirt du groupe fétiche ou les badges des vieux classiques ressortis pour l'occasion.

Il revient à Wolfmother d'ouvrir la manifestation. L'horaire imparti au groupe n'est pas très judicieux mais les Australiens envoient bien ! Un set court (40 mn) mais efficace. Les morceaux tels que « Dimension », « Woman » ou « Joker And The Thief » font vibrer la foule et les slams commencent ! Le public adhère au groupe et à son chanteur hirsute. Sa voix 'jackwhitienne' et ses soli résonnent sur la Scène de la Cascade (la scène moyenne). Parfaite mise en bouche. Le festival est lancé.

A force de lambiner devant l'expo photo de Jean-Baptiste Mondino, j'arrive à la toute fin du set de Calexico qui jouait sur la Grande Scène.

Retour à la case départ, où se produit India Arie, chanteuse soul venue de Detroit. Jolie voix mais le concert est un brin trop mou et répétitif. Alors, direction la Scène de l'Industrie (la plus petite scène).

Au lieu d'aller voir Nada Surf, qui certes aurait réveillé de tendres souvenirs mais lassé au bout d'un temps, je préfère miser sur un jeune groupe parisien dont on m'a chanté les louanges : Neïmo. La formation fait partie de la sélection 'Avant Seine' organisée par le conseil régional d'Ile De France afin de promouvoir de jeunes talents et de donner la chance à six d'entre eux de se produire au festival. Les quatre garçons tournent depuis pas mal de temps dans de petites salles parisiennes et ont déjà leur public. Le hic, ces jeunes gens sont un peu trop lookés, un peu trop tout en fait et, malheureusement, la musique ne suit pas.

Il est 17h50 et le soleil brille encore. Sur la Scène de la Cascade, se produit Clap Your Hands Say Yeah. Suite à une poussée d'urticaire, à la première note chantée par le chanteur, je me presse vers la Grande Scène pour les Dirty Pretty Things. Habituellement, peu sensible au groupe, je les ai trouvés plutôt bons en particulier sur les reprises des Libertines ! Carl Barât a même délaissé son écharpe pour jouer le morceau « France » à la guitare. Bel hommage !

En flânant entre les stands de nourriture peu ragoûtants et les stands des partenaires (vivent les coussins gonflants Levi's !), je me dirige tout doucement vers Kasabian. Hum ! Sympathique sans plus jusqu'au magnifique « LSF » de fin. Kasabian (impliquant un tout nouveau guitariste) enflamme enfin le public. Et nous voilà tous à essayer de chanter correctement 'Lalala Lalalalalala', paroles faciles mais l'air…

A la fin du set, au lieu de se dissiper, la foule devient plus compacte. Le doute s'installe : 'Euh… C'est aujourd'hui Radiohead ?' Mais non ! Tout le monde se tasse, se presse pour voir les Raconteurs. Je conserve donc ma place de privilégiée au premier rang. Pourquoi ? Parce depuis la sortie de leur album, je m'entêtais à dire aux sceptiques : 'L'album n'est pas terrible mais en live ils vont être géniaux'. Entrée impeccable sur un air de musique classique pour Brendan Benson et ses potes. Et bien, mes propos s'avéraient (une fois de plus !) : les Raconteurs sont à vivre en live. Impros, solos, complicité entre les musiciens, tout y est. Jack White, libéré du carcan des White Stripes, s'amuse avec ses compères, avec le public et paraît moins fermé. Brendan Benson, toujours aussi classieux, est aussi bon que son partenaire même s'il reste en retrait. Le batteur et le bassiste ne sont pas en reste, partie intégrante du groupe, les 2 membres des Greenhornes assurent un max. Le sommet de cette journée est indubitablement la reprise de « Bang, Bang (My Baby Shot Me Down) ». White y démontre une fois de plus son talent d'interprète et laisse tout le monde sur le carreau. Il vit intensément la chanson, peut être trop, mais malgré sa volonté minimaliste, Jack est un personnage d'excès.

Après tant d'émotions, direction la Grande Scène pour Morrissey. Juste au moment où il entame le classique "How Soon Is Now ?" Ca commence très bien ! Pressé par le temps, Morrissey blague sur les policiers. Blague du manque d'humour à Buffalo. Blague de lui-même mais n'en oublie pas son set et offre de jolies prestations, comme sur les morceaux « Girlfriend In A Coma » ou « First Of The Gang To Die ». Deux changements de chemises et un rappel plus tard, tout est fini ! La loi du métro est la plus forte ; alors pressons, n'oublions pas que nous sommes à Paris !

 

Rock en Seine 2006 : samedi 26 août

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Première pensée du samedi matin : "Bang ! Bang ! My baby shot me down". La reprise accordée la veille par les Raconteurs fait toujours son petit effet. On sort du lit, réveillé par un chat bougon et… mouillé ! C'est le signe qui ne trompe pas : il pleut dehors... Génial ! Mon anorak très seyant va entrevoir son utilité.

Arrivé sur le site, pas motivé pour un sou et agencé comme un sac, on se dirige en direction du concert des Broken Social Scene qui se déroule sur la Scène de la Cascade. Les Canadiens créent la surprise par l'entremise d'un subtil mélange de rock, de pop et de psyché. Le mix est efficace. Grande amie de la formation, Feist se fend également d'une apparition sur scène. Le concert est somptueux ! Surtout le morceau « Anthem For a Seventeen Year Old Girl », chanson envoûtante, idéale pour oublier la pluie.

Une fois le set achevé, nous partons à la pêche aux amis, retrouvés miraculeusement devant "La Boîte à Sucre" (oui, ce nom laisse songeur...). Nous décidons alors de faire notre B.A de la journée en allant voir un groupe sélectionné par les Avant Seine : Fancy. Grand bien nous en a pris ! Fancy est original, Fancy est glam, Fancy est chic et choc. Face à nous, un trio explosif, emmené par Jessie Chaton, chanteur tout droit sorti du Rocky Horror Picture Show. Sa coupe afro et son débardeur dos nu sont d'ailleurs du plus bel effet. Les têtes bougent et les jambes remuent sans peine. La reprise de « I'm So Excited » nous réchauffe. Au chant, Jessie Chaton alterne voix aiguë et grave pour notre plus grand plaisir. Enfin un groupe qui n'essaie pas de calquer le dernier répertoire à la mode...

Après ce sursaut d'énergie, nous allons rendre visite à Xavier Rudd. Son spectacle détonne par son décor roots et ses étendards tye-and-dye. Très cool. L'Australien est seul sur scène et joue de tout : guitare, djembé, didgeridoo… Un mystère de l'hémisphère sud qui ramène un gros et brillant soleil. C'est fini, il ne pleuvra plus de la journée... Merci Xavier !

Sa performance est intéressante mais les mélodies tournent en rond... Alors, nous nous déplaçons vers Phoenix. Et là, retour à la démotivation ! Visiblement : il convient d'être fan pour apprécier sinon c'est très difficile de rentrer dedans. De plus, les problèmes de son (assez nombreux sur ces deux journées de festival) n'arrangent rien.

Après Phoenix, retour au calme. Le programme connaît un creux avec Skin (sa voix beaucoup trop imposante, à la limite du cri) et Daddy Longlegs (groupe aperçu à l'occasion du festival Indétendances à Paris Plage. Pas original pour un sou...). Nous en profitons donc pour observer le festival et ses festivaliers. Pour éviter la boue, les bénévoles étalent de la paille par terre mais c'est inutile : la pluie est déjà loin.

Autour de la Grande Scène, c'est l'effervescence : les gens se tassent, se poussent pour obtenir les meilleures places. Certains n'ont pas délogé de tout le festival ! Les fans forment une masse compacte devant la scène et ne comptent pas bouger jusqu'à la fin du set de Radiohead. Comptant sur une capacité à jouer des coudes pour trouver une place correcte par la suite, nous nous éloignons en direction du concert de The Rakes. Malheureusement, ce groupe est ennuyeux... Les musiciens dansent bien mais la musique est répétitive. Et après « Open Book », le retour à la Grande Scène est indispensable. Histoire de ne pas louper le début de Beck.

Son entrée est retardée mais remarquée. Sur scène, tout est calme. Mais sur les écrans géants, une marionnette à l'effigie de Beck entonne « Loser ». Soyons honnête, au début nous ne comprenions pas grand-chose. Non pas que nous pensions que Beck s'était transformé en marionnette (quand même !) mais qu'il s'agissait simplement d'une vidéo d'intro. En fait, non ! Les marionnettes se trouvaient au fond de la scène et mimaient, du haut de leur petit théâtre, Beck et ses musiciens. La mise en scène est impeccable, on en oublie un peu la musique, dommage. Lorsque Beck entame « Lost Cause », ses musiciens s'installent à une table au centre de la scène. 'Tiens, c'est rigolo, les musiciens de Beck mangent sur scène'. Quelle naïveté de notre part ! Subtilement, la table se transforme en instrument à part entière : les musiciens font tinter verres, assiettes et table. Pour sa part, la salière se mue en maracas. Au début de « Clap Hands », les instruments ne sont plus nécessaires : la table est là ! Les Beck-puppets miment tout. Y compris les cameramen avec l'adorable puppet camera qui diffuse ses images sur les deux écrans placés de chaque côté de la scène. Mais voilà, Beck et ses musiciens s'en vont déjà : 40 minutes de set, très peu pour la Grande Scène. Les écrans restent allumés pour diffuser… le Puppetotron ! Les marionnettes 'beckiennes' font leur show : visite de la Tour Eiffel, de l'Arc de Triomphe, chasse aux pigeons et destruction de la loge de Radiohead ! Chantonnant Karma Police et complètement ivres, les marionnettes entrent sur scène, en compagnie cette fois de deux ours géants. Délire total sur scène comme dans le public : un ours qui rappe, il gère Beck !

Beck a laissé une forte impression. Devant la scène, le public est de plus en plus dense. Et là, nous nous assignons une mission de folie, digne des commandos les plus redoutés de la planète : passer de la gauche de la scène à la droite de la scène où la vision est meilleure car c'est en pente ! Grand détour, bousculade, coups de coudes (ok, c'est pas sport mais l'excuse est trop bonne : Radiohead !) et hop, nous trouvons l'emplacement rêvé, surplombant la scène et le public. C'est beau. Mais beaucoup moins que ce qui nous attend. Avec quelques minutes de retard, les voilà enfin. L'émotion est à son comble pour les cinq d'Oxford. Ils commencent forts : « Airbag ». La set list est idéale. Certains classiques n'y sont pas mais le manque ne se fait pas sentir. Thom Yorke est en forme, jouant avec le public, les caméras et… dansant.  Trente mille personnes rien que pour Radiohead... Le groupe remplit parfaitement son contrat et nous envoie dans les étoiles. Pour ceux qui voient la scène en tout cas... Pour les autres, tout au fond, la réalisation n'est vraiment pas bonne. Les deux écrans 'géants' ne permettent pas d'apprécier le spectacle rien voir si on est loin de la scène, d'autant plus qu'ils étaient splittés en 4 pour Radiohead et quand les écrans s'éteignent, j'imagine que ça soit encore être bien pire ! Thom et son air de chaton mouillé nous offre des moments incroyables, offrant au public parisien deux nouvelles chansons. Arrivés à « Pyramid Song », notre cerveau décroche. Seule l'écoute s'impose. Au final, nous avons bénéficié d'un très beau concert de Radiohead. Mais la formation n'a pas surpris, assurant un concert convenu, attendu. Cependant, le groupe semblait présent, heureux d'être sur scène. De cette manière, nous n'avons pas eu la sensation de vivre un concert parmi d'autres mais un moment spécial, partagé avec le public présent.

Dour Festival 2006 : jeudi 13 juillet

18 ans, l'âge de la maturité. Un seul petit regard à l'affiche suffit à le certifier. Le festival de Dour nous a servi, cette année, une édition 'grand cru' dont on se souviendra encore longtemps. Pour l'occasion, le site s'est également offert un petit lifting des plus efficaces. Le nouvel emplacement de certaines scènes et l'aménagement de l'entrée ont évité bien des embouteillages, permettant aux festivaliers de profiter pleinement de ces 4 jours de fête, de libations, de contacts humains en tous genres et, accessoirement pour certains, de musique.

Comme la tradition le veut, quelques groupes belges ouvrent les festivités de Dour. Sur la Last Arena, ce sont les Montevideo qui s'attachent à chauffer un public d'ores et déjà enthousiaste. Le quatuor enchaîne les titres en déployant une énergie qui fait leur réputation. On regrettera simplement que les interprétations de « Liberation For Women », « Groovy Station », « Sunshine », l'inévitable reprise de « London Calling » ou encore « Sluggish Lovers » suivent, à quelques exceptions près, le même schéma que lors de toutes les prestations live de la formation.

Une entrée en matière suivie d'une petite erreur de parcours. Quelques secondes sous la « Dance Hall » où les filles de The Delilahs étaient venues présenter leur pop-rock aseptisée ont suffi de convaincre la plupart des festivaliers présents devant cette scène d'aller voir ailleurs.

Peu après, sous ‘La petite maison dans la prairie’, Hallo Kosmo, le plus Allemand des groupes belges, s'est attelé à faire suer les festivaliers venus apprécier les morceaux de son premier album, « Autobahnhotel ». Mention spéciale au dernier titre de la tracklist, « The Boys », qui a mis le feu en un rien de temps et a permis aux quatre jeunes hommes de s'en aller sous les acclamations fiévreuses du public.

Pas le temps de souffler et The Whitest Boy Alive, le nouveau groupe de Erlend Oye (Kings Of Convenience), investit l'Eastpack Tent. Il ne faut pas longtemps pour que les compos du quartette provoquent un effet dévastateur. Emportée par les sons electro-pop estivaux (proches de « Unrest », album solo de Erlend Oye) de la formation, l'assistance, dans sa quasi-intégralité, se met alors à danser…

Etape suivante : le ‘Club Circuit’. Particulièrement emballé par le set de The Whitest Boy Alive, on ne pouvait se permettre de manquer le déhanché de Lisa Kekaula, venue présenter la dernière œuvre de The Bellrays. L'énergie coutumière de la jeune femme semblait l'avoir abandonnée et le set un peu trop uniforme est rapidement devenu ennuyeux. La pilule est d'autant plus difficile à avaler lorsqu'on connaît la valeur des Bellrays en 'live'.

Malibu Stacy est un groupe de scène par excellence. Il l'a encore prouvé lors de son passage sur la scène principale. Un concert bourré d'énergie dynamisé par le show théâtral du vocaliste David De Froidmont. Le sextet de Visé a, en outre, terminé sa prestation en force. Suffit qu'il parvienne à mieux lier son tracklist, un peu comme un DJ enchaîne ses disques, et le sextuor peut franchement attaquer le marché international…

Changement de scène, changement d'ambiance (c'est une habitude à Dour), retour au ‘Club Circuit’ pour y acclamer un autre groupe belge. Injustement négligés, les Fifty Foot Combo roulent leur bosse depuis 20 ans, tournant principalement dans le Nord du pays et aux Pays-Bas. Entraînant le public sur une vague surf-rockabilly, le côté décalé de leur prestation rappelle la scène garage qui a sévi aux States, à la fin des 60's ! A l'avant plan, la claviériste attire tous les regards. Excentrique, sexy, elle fait encore monter la température sous une tente dont le thermomètre doit pourtant déjà dépasser les 35 degrés.

Malheureusement, notre temps est compté, et un saut vers la scène principale s'impose. La musique d'Art Brut est aisément reconnaissable. Légère, candide et envoûtante, leur pop trahit, en outre, l'origine londonienne du combo. Au demeurant fort sympathique (NDR : pendant et après le concert), Eddie, le frontman, possède un physique très britannique. Et son accent ne l'est pas moins. Le prototype du journaliste à la BBC ! Sur les planches, il se démarque du reste du groupe qui manifeste un comportement plutôt réservé… Mais la prestation d'ensemble est rafraîchissante (il a beau être 20 heures, on a l'impression que le soleil tape toujours), et nous remémore même un tout bon concert accordé par Pulp à ses débuts, sur cette même scène, quelques années plus tôt.

Le soleil se couche lentement et les lumières commencent à scintiller sur la Last Arena. Infadels prend d'assaut la scène par un « Love Like Semtex » jouissif. L'assistance saute, danse, bouge, secoue la tête et les fesses. Bref, la vraie fête débute. Un seul regard vers la foule confirme que l'alcool commence produire ses effets. Les Anglais enchaîneront quelques titres de leur premier album, « We Are Not The Infadels » avant de servir leur excellente version electro-pop du « Steady As She Goes » de The Raconteurs.

A l'instar d'Arctic Monkeys, Maxïmo Park a prouvé une nouvelle fois qu'il avait bien sa place au sein des groupes-phares du moment. Une prestation impeccable et sans le moindre temps mort magnifiée par le très charismatique chanteur Paul Smith. Un Paul Smith qui ne manque, par ailleurs, pas d'humour. En plein milieu de son set, un énergumène est parvenu à monter sur les planches et à piquer son chapeau. Le service d'ordre n'a pas le temps d'esquisser un geste, et le gaillard replonge dans la foule. En un temps deux mouvements, Paul s'est éclipsé, laissant son groupe se lancer dans l'improvisation. Certains artistes auraient tout plaqué et ne seraient plus revenus sur scène. Mais Paul remonte sur le podium coiffé d'un autre chapeau, en profitant pour changer le titre de sa chanson « The night I Lost my head » en « The night I lost my hat ! ». Le quintet a également interprété plusieurs nouvelles chansons qui devraient donc figurer sur un prochain album.

Peut-on encore vraiment parler de 'tête d'affiche' à Dour ? Le concert de Primal Scream était très attendu et devait couronner l'affiche d'une première journée que l'on avait rarement vécue aussi consistante à Dour. Les attentes sont grandes mais tout commence très très mal : un son plutôt brouillon, des musiciens qui semblent se chercher, et last but not least, un Bobby Gillepsie qui semble avoir la gueule de bois. On craint le pire et on s'attend alors à assister à un piètre spectacle digne des frères Gallagher. Dégoûtés, de nombreux spectateurs désertent la plaine. Nous aussi. Pas de bol, puisque après une demi-heure de bouillie sonore, l'ensemble a enfin trouvé ses marques. Et d'après les échos recueillis, des titres comme "Swastika Eyes" ou "Suicide Sally & Johnny Guitar" méritaient les qualificatifs d'hypnotique voire de magique. Les plus patients ont donc été récompensés. Mais c'est également ça Dour (NDR : et les festivals en général) ; il est pratiquement impossible d'assister à l'intégralité de l'affiche et il faut faire des choix. Il faudra donc attendre le retour en salle de Bobby et sa bande pour pouvoir les apprécier à leur juste valeur.

Autre timing et autre public pour la nuit electro qui démarre à la ‘Petite maison dans la prairie’ et que le Dirty Dancing a décidé d'assiéger. Mandrak, résident du dance-club bruxellois balance un set très éclectique qui semble plaire à tout le monde, créant ainsi une ambiance bon enfant. Par contre, du côté de la ‘Eastpack tent’ Roni Size & Dynamite MC sont loin d'être dans leur meilleur forme, offrant un concert beaucoup moins pêchu qu'à leur habitude. Raison de plus, donc, pour se précipiter à nouveau vers les nouveaux quartiers du Dirty Dancing où Nathan Fake s'apprête à prendre les commandes. Malheureusement les merveilleuses compos de son premier album « Drowning In A Sea Of Love » n'ont pas l'effet escompté en 'live'. Sans rien perdre de leur côté trippant, les titres « Stops » ou encore « Grandfathered » tombent comme un cheveu dans la soupe. Des compos qui devraient cependant faire la différence dans une plus petite salle. De son côté, au ‘Club Circuit’, Erlend Oye, seul cette fois, présente un DJ set dans la veine de son « DJ Kicks », enchaînant les morceaux tout en poussant la chansonnette sur certains d'entre eux.

Pour finir, on vous raconterait bien les sets de Shameboy et Cosy Mozzy mais le seul souvenir d'y avoir été jeter un coup d'œil est, en quelque sorte, déjà une forme de reconnaissance…

Dour Festival 2006 : vendredi 14 juillet

Tous les records sont définitivement battus ! Après une première journée d'ouverture historique (32.000 spectateurs), la foule ne cesse de croître. 34.000 spectateurs sont recensés, et le camping est déjà 'sold-out'. Plus que jamais la diversité est au rendez-vous, Oomph et Flogging Molly déclenchent les premiers pogos, Mike Patton se reconvertit dans le rap/hip-hop, Soulfly fait mordre la poussière aux aficionados et Within Temptation tient les spectateurs en haleine.

Notre journée commence fort, par une bonne surprise : The Lords of Altamont. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose. Peut-être à ceux qui ont connu le défunt Lords of New Church. D'autant plus qu'ils affichent un look semblable. Beaucoup plus intéressant, le line up de ce quintet yankee est constitué de membres de Fuzztones et des Cramps. Excusez du peu ! Sous la 'Dance Hall', une fois n'est pas coutume, on a donc eu droit à une bonne dose de bon vieux rock garage à tendance punk US. Et pour votre information, sachez que le groupe se produira au Recyclart à Bruxelles, ce samedi 21 juillet.

Comme d'habitude, Pompon (NDR : pour ceux qui ne le connaîtraient pas, il s'agit de l'animateur fétiche de Pure FM !) court d'une scène à l'autre pour présenter les groupes. Il ne tarit pas d'éloges la prestation des Lords of Altamont. Il les compare même aux Stooges des débuts. Avant d'embrayer par un petit laïus consacré à Oomph. Une des grandes références du métal allemand fondé déjà il y a 17 ans. Cette formation n'aurait, en outre, rien à envier à un autre groupe qui commence par R (NDR : Rammstein, of course). Les feux d'artifices et les lance-flammes en moins. Les Teutons sont quand même parvenus à faire vibrer la foule de la scène principale, provoquant les premiers - mais timides - pogos. Les spectateurs qui les avaient déjà acclamés en 1999 à Dour sont fidèles au rendez-vous ; de même que les métallos du Grasspop qui ont pu les voir quelques semaines plus tôt. En conclusion, Oomph s'est fendu d'un show solide. Un bombardement en règle d'indus-métal, entrecoupé de morceaux issus de leur dernier album (le 7ème déjà), sur lequel figure une majorité de titres plus abordables, à l'instar du controversé « Gott ist ein popstar ».

L'ambiance entretenue par quelques bonnes bières (NDR : partagées backstage en leur compagnie avant leur show) laissent présager un show épatant, dont eux seuls ont le secret. Flogging Molly est d'origine américaine et les musiciens ne sont pas toujours fiers de leur nationalité. Pour se disculper, ils dédient un morceau à leur 'ami' ( ?!?!) GW Bush'. Le set de Flogging Molly est un grand cru. Un panaché ultra speedé de folk irlandais et de punk, qu'on pourrait situer à la croisée des chemins des Pogues et de Dropkick Murphys. Invité à danser et à faire la fête, le public présent en masse réagit instantanément. Et on assiste au premier grand pogo du festival. Maintenant, il faut reconnaître que leur musique n'est pas (encore) du calibre des Pogues ; mais leur énergie rock'n rollesque soutenue par des instruments aussi traditionnels que l'accordéon, la flûte ou le violon met tout le monde de bonne humeur, une bonne humeur contagieuse qui vous incite rapidement à taper du pied. Certains prennent même le risque de s'avancer vers le podium, quitte à prendre un coup de tête asséné par l'un ou l'autre fan occupé de 'slammer'.

Collectif constitué de membre d'El Tatoo d'El Tigre et de The Belgian Afro Brut Association, The Internationals pratique un mélange très subtil de ska et de reggae. Son set a, en tout cas, laissé une excellente impression sous le Club Circuit Marquee.

Zita Swoon est un excellent groupe de scène. Mais sa musique passe beaucoup mieux en salle que lors d'un festival. Et puis son aventure 'A Band in a box' était tellement exceptionnelle, qu'en plein air, on a l'impression de rester sur sa faim.

Ambiance plus détendue en revanche au club circuit en compagnie des New-yorkais de Battles. Une autre très bonne surprise. Sur scène, ils manifestent une énergie incroyable. Leur rock expérimental et déstructuré est finalement parvenu à hypnotiser un public, constitué au départ d'une majorité de curieux. Certains titres épousent même une structure en crescendo comparable à celle de Mars Volta. Encore une claque !

Peeping Tom est le nouveau projet de Mike Patton. Une aventure trip hop pour laquelle il s'est entouré de grosses pointures. Et notamment Dan The Automator, Rhazel ou encore une Imani Coppola que l'on croyait depuis longtemps disparue. Pour les amateurs du style, ce sera la deuxième baffe de la journée (NDR : dixit Redouane). Dès les premières secondes de « Mojo », le public sait qu'il va avoir droit à un show de haut vol. De « Caipirinha » à « Five Seconds », le grand Patton donne le meilleur de lui-même et semble être content d'être là. Ca tombe bien, nous aussi. Néanmoins, il faut bien reconnaître que sans la présence charismatique de l'ancien leader de Faith No More (dont les fans présents en masse ont dû être déçus), la prestation de Peeping Tom serait passée totalement inaperçue. Elle ressemblerait même à celle de 10.589 autres groupes de hip hop ou de rap. Au sein de l'équipe rédactionnelle de Musiczine, les avis sont d'ailleurs partagés : certains ont apprécié, d'autres beaucoup moins.

Difficile d'émettre des critiques négatives à l'égard de Shelter. Une véritable référence en matière de hardcore à tendance straight edge. Dour n'a d'ailleurs pas son pareil pour inviter les grandes pointures du genre, trop peu souvent présentes en Belgique ou alors dans des salles trop underground comme le Magasin 4. Seuls les membres de la sécurité n'ont pas trop apprécié le show. En effet, le charismatique leader Ray Cappo a passé autant de temps à chanter sur scène qu'au sein du public, excitant encore un peu plus les quelques centaines de spectateurs avertis. Heureusement que l'East Pak Tent est solidement plantée car la flopée de groupes plus remuants les uns que les autres qui s'y sont succédés auraient pu souffler un chapiteau trop fragile…

Responsable du pogo le plus violent de cette édition, Soulfly se produisaient à la Last Arena. Habitués du festival, les Brésiliens sont parvenus à faire mordre la poussière (au propre comme au figuré) aux plus résistants. La horde de fans venus applaudir Max Cavalera et sa bande semblait en tout cas prendre son pied sur des titres tels que « Seek & Strike » ou l'inévitable « Roots ». Dur et lourd, le concert a cependant été, comme tous les concerts de Soulfly, sans grande surprise.

Question surprise, il fallait plutôt attendre Within Temptation. Non pas que leur gothic-métal soit des plus originaux, mais soyons honnêtes, la chanteuse Sharon den Adel ne laisse personne indifférent ! A l'instar d'Amy Lee chez Evanescence, son arrivée sur scène est très attendue. A sa voix douce et vibrante, sur fond de guitares tranchantes, s'ajoute une tenue médiévale au décolleté généreux, un large sourire et une chevelure magnifique. Pas étonnant d'ailleurs que les photographes se massent en frontstage et activent leur zoom dès que Sharon se penche un peu… (NDR : n'oubliez pas à ce sujet de visionner notre rubrique photos !)

Les dernières fois que Mercury Rev s'est produit en Belgique, c'était en supporting act. Et il faut reconnaître que sa prestation n'avait pas répondu à l'attente. En fait la formation yankee a besoin de temps et d'espace pour être au sommet de son art. Et vu son nouveau statut, il aurait même intérêt à refuser de jouer les faire-valoir. La plus belle preuve procède des concerts accordés à Bruges, au cirque Royal de Bruxelles et puis lors de cette édition du festival de Dour. Des prestations somptueuses, même si ce vendredi soir, il a fallu deux ou trois titres à la bande de Jonathan Donahue pour régler ses balances. Le public était absolument ravi. Et même Grasshopper, le guitariste, semblait heureux de jouer. Que demande le peuple ?

Apocalyptica est un ensemble très amusant. Un drummer et quatre violoncellistes. Peu ou pratiquement pas de chant. Leur musique est gothique. Leur attitude morose, mais leur show bourré de fun. Et c'est ce qui fait leur charme…

Bien moins agréable, et comme nous vous l'avions annoncé précédemment (cfr. rubrique 'Quoi de neuf'), la palme du concert le plus minable du festival est revenu haut la main à Fischerspooner. Odieux personnage, plus arrogant que jamais, Casey Spooner s'est contenté d'un show brouillon qu'il aura l'audace d'interrompre près d'une demi-douzaine de fois. En effet, que ce soit l'éclairage, la lumière, ou les accessoires sur scène, tout était prétexte pour retourner se terrer, mécontent, en backstage. Le show a donc pris des airs de répétition et l'ambiance n'a jamais décollée. Résultat des courses, agacé, le public n'a même pas réagi lorsque le groupe balança son gros tube, « Emerge ». Ce qui ne manquera pas de mettre Mister Spooner à nouveau en colère et l'assistance bien plus encore. Bombardé de projectiles en tous genres, notre ami a alors fait preuve d'un courage sans pareil, replongeant en coulisses une nouvelle fois pour envoyer ses deux danseuses/choristes seules sur scène le temps d'un morceau. Au final, elles assureront une bien meilleure prestation que le guignol et offriront au festivalier le seul bon moment du concert.

Dour Festival 2006 : samedi 15 juillet

L'avant-dernière journée démarre sur les chapeaux de roues. Sur les coups de 14h, à la Red Frequency, Les Trois Accords, trublions canadiens à la fois décalés et originaux, s'élancent dans un set rock amusant faisant la joie des nombreux fans qui, tous, chantaient à tue-tête des titres tels que « Hawaïenne » ou « Saskatchewan ». Bien qu'il était difficile de comprendre quoi que ce soit, vu leur accent québécois très prononcé, le combo a réussi à amuser la galerie. Et dans un festival comme celui de Dour, on n'en demande pas beaucoup plus. Même chose pour The Locos, qui prend d'assaut cette même scène quelques instants plus tard. Conduite par l'ex-leader de Ska-P, la formation accorde un set dans la même lignée que celui de son prédécesseur, tout en humour et bonne humeur.

Ensuite, direction 'La petite maison dans la prairie' où Ms John Soda, bercée par les douces vocalises de Stefanie Böhm, accomplit un set à la fois simple et enivrant. On ne pourra pas en dire autant des français de Colder et de leur concert très moyen, sous la Dance Hall. Le leader de la bande semblait tout simplement s'emmerder sur scène, voire à deux doigts de bailler. Si l'effet escompté était celui de faire fuir l'auditoire, le jeune homme y est parvenu. Mais ne nous lui en tiendrons pas rigueur : il y a des choses bien plus intéressantes à voir ailleurs.

A commencer par le grand retour des mythiques Mudhoney sur les planches de la Last Arena. Certes, la formation issue de Seattle n'a jamais vraiment disparue (NDR : il n'a jamais été question de split) mais sa relativement longue période d'hibernation laissait présager le contraire. La reformation des Pixies aura-t-elle donc insufflée un nouveau souffle à tous ces groupes issus de l'époque 'grunge' ? A voir le quartette se démener sur scène, il semblerait que ce soit le cas. Entre vieux classiques et titres extraits de leur dernier album « Under A Billion Suns », Mudhoney a réconcilié différentes générations alors présentes. Et même si leur set a connu quelques passages un peu plus brouillons, le groupe a pu se retirer, satisfait de sa prestation.

On en attendait beaucoup des ex-Unicorns, Islands. On n'aurait pas dû. Le set, agréable mais un peu mou, n'a pas convaincu grand monde. De plus, la formation a eu la mauvaise idée de négliger son premier essai, « Return To The Sea », afin de délivrer une série de nouveaux morceaux sans grand intérêt.

Nos espoirs reposaient donc sur les géants (au propre comme au figuré) de 31Knots, un trio particulièrement créatif qui a dû beaucoup écouté Fugazi, fIREHOSE, At The Drive In, Blonde Redhead et même King Crimson pour concocter une musique aussi élaborée. Fort d'une réputation scénique sans pareil, le trio a tenu toutes ses promesses en se lançant dans un set époustouflant. Véritables bêtes de scène tout en se révélant d'excellents instrumentistes, les gaillards ont démontré une maîtrise impressionnante qui a laissé une large partie du public quasi sans voix. A un tel niveau, ce n'est plus une claque que l'on a pris mais carrément un poing dans la gueule. Au point de s'en mordre les doigts de les avoir manqués au Recyclart en avril dernier (NDR : ils y étaient également la veille de cette prestation)…

Attention mesdames et messieurs, le spectacle va commencer ! Lequel ? Mais le spectacle de marionnettes, pardi ! Le pouvoir du bouche à oreille a été particulièrement convainquant, provoquant une cohue ahurissante du côté du Club Circuit où se produisent les Puppetmastaz. C'est donc sous un chapiteau surpeuplé que les pantins allemands ont balancé leur hip hop humoristique et efficace, n'hésitant pas à parodier de grands classiques du cinéma (un Yoda moins zen que de coutume) ou à s'auto-parodier ('on virerait un membre du groupe que vous ne vous en apercevriez même pas', balancé après un sketch sur le clonage). Bien plus qu'un simple concert, le grand show jovial des Puppetmastaz a certainement été un des meilleurs moments de cette édition de Dour.

An Pierlé vient donc de sortir un nouvel album. Un disque plus accessible, plus pop, mais toujours de bonne facture. Sur scène, An passe allègrement du piano, derrière lequel elle est toujours assise sur un ballon transparent, et un accordéon. Flanquée de son White Velvet, sa prestation empreinte de bonne humeur communicative et d'enthousiasme fait plaisir à voir et à entendre. C'est ce qui rend sa musique si attachante. Elle n'oublie pas d'interpréter sa cover si décalée du « Paris s'éveille » de Dutronc. Ni de remercier son public qui lui réserve de folles acclamations…

Il faut avouer que les dernières prestations 'live' de Venus n'étaient guère fringantes. Faut croire que la formation bruxelloise s'est rachetée une conduite. Le quatuor fait véritablement bloc. La section rythmique est tout bonnement impressionnante. Et au sommet de son art, Marc Huyghens n'en fait pas trop, mais juste ce qu'il faut pour convaincre. Après avoir conclu leur excellent set par la reprise du « 'O Marie » de Daniel Lanois, la formation s'est retirée un peu éberluée, se rendant compte avoir atteint l'état de grâce, sans trop savoir pourquoi… Nous non plus !

Giant Drag est le nouveau hype de la scène britannique. Du NME en particulier. Une image de marque que le band est venu défendre, à travers de nouvelles compos, sous une « Petite maison dans la prairie » clairsemée. Annie Hardy, réputée pour son répondant et son humour acerbe, racontera notamment comment Chris Isaak lui a volé sa virginité et, surtout, le texte d'une de ses chansons avant d'entamer la reprise de « Wicked Games », le seul véritable classique de l'homme. Hormis cette anecdote amusante, il n'y aura finalement rien de bien intéressant à signaler à propos de ce concert.

Après avoir accordé un set très décevant lors du Pukkelpop 2004, je craignais le pire pour Archive. Et ce nonobstant un dernier album de bonne facture. Le remplacement du vocaliste Craig Walker par Pollard Berrier a apparemment eu un effet très bénéfique sur le groupe. Pollard possède une très belle voix dont les inflexions peuvent rappeler Thom Yorke. Et quand il ne chante pas, il participe activement aux parties de guitare. Il est en outre relayé par Dave Penney, l'autre chanteur/guitariste. Seule Maria Q, vient poser son timbre soul sur un seul morceau, « I will fade ». Les périodes les plus intenses du set impliquent cependant les deux râpes. Sans oublier l'envoûtant titre maître du nouvel opus qui ouvre le concert ainsi que l'inévitable « Again ». De chaque côté de la scène les deux claviéristes épicent le tout de sonorités cosmiques, atmosphériques, presque floydiennes. Et le public en prend plein les oreilles. Un concert somptueux et bien équilibré qui demande cependant confirmation. A l'AB le 6 octobre prochain, peut-être…

Dour Festival 2006 : dimanche 16 juillet

Dimanche. Une programmation de luxe clôture ce festival. A commencer par Alias. Délaissant judicieusement son dernier essai (NDR : poussant la chansonnette sur l'intégralité des titres de « Brookland-Oaklyn », Tarsier brillait par son absence), le jeune MC a délivré un set étonnant, consacrant une première partie au mixage de ses morceaux les plus 'trip-hoppiens'. Après avoir remercié le public de sa présence, Alias a démontré toute l'étendue de son talent lors d'un second acte plutôt hip-hop qui a fini de rameuter les derniers indécis traînant au fond du chapiteau. Alias a ainsi achevé son set en faisant danser une foule entièrement convaincue.

Sur le coup de 15h20, et malgré une chaleur toujours plombée, Didier Wampas et sa bande s'emparent de la Last Arena. Le ton est immédiatement donné. Le set commence très fort par « Ce soir c'est Noël », et recèle quelques morceaux issus de « Les Wampas vous aiment ». Un ancien opus ; mais toujours le plus speedé. Les Wampas enchaînent 5 ou 6 tubes plus rythmés les uns que les autres. Le public est déjà à genoux. Au sens propre cette fois-ci. Le charismatique et remuant leader effectue en effet une longue incursion dans la foule. Il lui demande de se coucher. Les aficionados obéissent sans broncher. Didier traverse le peuple tel un roi, avant d'escalader la tour située au dessus de la table de son, à une bonne centaine de mètres de la scène ! Une scène envahie un peu plus tard par une horde de jeunes filles invitées à participer à leur version de « Où sont les femmes ». Quelques années plus tôt, Patrick Juvet avait déclenché, ici à Dour, une véritable bronca. Notre ténor récolte de nombreuses bises et soulève les applaudissements des spectateurs. Le combo en profite alors pour calmer quelque peu le jeu et interprète l'une ou l'autre compo plus calme. A l'instar des « Bottes rouges » (NDR : difficile pour le groupe et le public de suivre un rythme aussi frénétique tout le concert). Les vétérans ont d'ailleurs certainement eu l'impression de revivre ce show endiablé des Wampas accordé lors de l'édition 1993 de Dour. Et force est de reconnaître que les Wampas, à contrario d'une multitude de groupes français de l'époque qui se réclamaient du mouvement dit alternatif français, sont parvenus à conserver toute leur verve.

Le post rock de Mono suscite l'apaisement. Une grande partie du public a pris également la décision d' s'asseoir. Mais pas pour les mêmes raisons. En fait leur set nécessite un certain état de conscience pour être apprécié à sa juste valeur. Leur musique navigue parfois quelque part entre celle de Mogwai et de Low. Mais les conditions ne sont pas idéales pour savourer cette solution sonore. Et pas seulement parce que le public y est clairsemé. On les verrait bien plus facilement séduire une audience réunie dans une petite salle, lors d'une longue soirée d'hiver. Une chose est sûre ce quatuor japonais ne manque pas de charme. Et quand un combo a le soutien de Steve Albini, il est à suivre de très près.

Après avoir été longtemps le projet solo de Nick Talbot, Gravenhurst est donc passé à la formule d'un véritable groupe. Un trio. Un claviériste/bidouilleur/bassiste, un drummer (NDR : époustouflant !) et Nick à la guitare. Qui a troqué sa râpe acoustique contre une électrique. Et sa musique a pris une toute autre dimension. Noisy, climatique, à la croisée des chemins de Ride, My Bloody Valentine, Red House Painters et Mogwai, la plupart de ses chansons sont construites en crescendo. Nick effleure d'abord ses cordes délicatement, tout en parcourant ses mélodies de son timbre limpide, fragile. Au fil de la compo, il a de plus en plus souvent recours à ses multiples pédales de distorsion afin d'atteindre ultimement une intensité paroxystique, à laquelle tout le groupe participe allègrement. Superbe tout simplement !

Nonobstant tous ses avatars, Nada Surf continue son petit bonhomme de chemin. Et il faut reconnaître que sa prestation sur la Last Arena a été convaincante. D'abord à cause de la qualité du son, une condition presque indispensable pour apprécier leur power pop raffinée par leurs harmonies vocales sucrées. On a presque envie d'ajouter ensoleillées, tant leur répertoire était empreint de bonne humeur. Bon, bien sûr, ils ont interprété « Popular ». Mais s'ils ne l'avaient pas fait, le public l'aurait réclamé. Et puis une nouvelle compo « La pour ça ». En français. Plus que dispensable. Le seul couac de leur set. Lorsque Matthew Caws s'exprime dans la langue de Voltaire pour présenter ses chansons ou converser avec son public, c'est absolument génial. En plus, il y excelle. Pas pour chanter des lyrics qui n'ont ni queue ni tête... N'empêche le trio new-yorkais a séduit par son répertoire constitué de chansons issues de leurs différents albums…

Une fois de plus, l'Eastpak Tent va devoir endiguer le mouvement des spectateurs les plus agités. Parce que chez les Real Mc Kenzies, responsables d'une musique punk caractérisée par la présence d'une cornemuse, la fête est de nouveau au rendez-vous. Ces sympathiques Canadiens semblent apprécier notre bonne bière nationale (NDR : voir nos photos en backstage). Et pour les plus curieux (curieuses) d'entre vous, nous pouvons enfin répondre à une question récurrente au sujet de leur tenue : portaient-ils quelque chose en dessous de leur kilt ? La réponse est…non, et certains musiciens l'ont d'ailleurs prouvé en exhibant leurs bijoux de famille.

Alias Final Fantasy, Owen Pallett est un violoniste talentueux. Pourtant, il a commencé par étudier le piano et la composition à l'Université de Toronto. Le violon, il l'a appris seul. Notamment lorsqu'il était au collège. Aujourd'hui il collabore à une multitude de projets : les Mouches, The Hidden Cameras, Picastro, The Jim Guthrie Band et surtout Arcade Fire pour lequel il cosigne les arrangements. Ce qui ne l'empêche pas de mener parallèlement une carrière en solitaire. Et il faut reconnaître qu'en solo, il est impressionnant. Hormis la collaboration furtive d'un drummer sur quatre ou cinq morceaux, programmée au beau milieu de sa prestation, il est seul avec son violon et ses multiples pédales. Qu'il utilise à la manière d'un Dominique A. En créant ses boucles en 'live'. Et il chante en plus. Bien. Très bien même. S'il y a une inévitable sensibilité symphonique dans ses compos, elle est transportée par son violon tour à tour caressé, pincé, frappé et même utilisé comme caisse de résonance à sa voix, dans un univers à la fois ambitieux et intime. Fascinant !

Un petit détour s'impose entretemps via le club-circuit marquee, au sein duquel se produit The Brakes. Une formation insulaire qui n'est pas née de la dernière pluie, puisque certains de ses membres militaient autrefois chez Electric Soft Parade. Leur pop est rafraîchissante, éclectique et difficilement définissable. Malgré ses incontestables aptitudes, démontrées sur leur dernier opus « Give Blood », il n'y a pas grand monde sous ce chapiteau. Et vous pouvez nous croire, les (nombreux) absents ont eu tort.

Ce même chapiteau accueille les Two Gallants. Egalement une toute bonne formation qui évolue dans un tout autre style. A l'instar des White Stripes, et comme leur nom l'indique, il s'agit d'un duo. Un bassiste et un chanteur/guitariste. Mais qu'est ce qu'ils excellent dans leur registre ! Certaines de leurs ballades sont incontestablement imprégnées de l'esprit de leurs voisins de San Francisco, Swell (NDR : une ensemble qui s'était également produit, voici quelques années, à Dour). Le vocaliste souffle également parfois dans un harmonica ; mais sans jamais abandonner sa râpe. A cet instant on ne peut s'empêcher de penser à Neil Young. Certains morceaux déclenchent également une série de 'headbangings' au sein du public. Ce sont ceux pour lesquels le leader californien injecte toute son énergie, sa concentration et sa puissance. Encore une toute bonne découverte. Merci Dour !

Nonobstant la présence d'un public particulièrement nombreux, le retour de La Souris Déglinguée n'a pas répondu à  l'attente. Fondé bientôt depuis 30 ans, cet autre grand nom du rock alternatif a atteint le sommet de sa gloire fin des années 80. Leur recette ? Des textes revendicatifs évoquant souvent la misère, l'Orient et la drogue. Contrairement aux Wampas, dont on vous vantait la longévité ci-dessus, LSD a opté pour l'exode asiatique. Pourtant enrichi d'un DVD, leur dernier opus, « Mekong », retrace leur parcours parsemé de gloire et de passages TV aux pays du soleil levant. Mais il faut reconnaître que le band est tombé dans un (quasi) anonymat depuis belle lurette. Peut-être volontairement. On n'en sait trop rien. Il est vrai que l'esprit 'alternatif' qui les boostait dans le passé, est presque mort. Et ce n'est pas le concert de ce dimanche qui va les sortir de leur trou. Visiblement, leur début de set est marqué par le stress. Ils s'agitent un peu n'importe comment. Leur jeu de scène est inexistant. Les morceaux souffrent d'une absence de relief et ne libèrent pas de véritable énergie. Seuls quelques quadragénaires nostalgiques poussent un petit pas de danse, à l'écoute de leur ska/reggae qui a bien mal vieilli.

Après ce spectacle de piètre facture, les fans de ska/punk ont eu une belle occasion de se consoler auprès des Mad Caddies. Très attendus eux aussi par leurs fans (NDR : et pour cause leurs concerts en Europe sont rarissimes), les Californiens n'ont pas déçu ! Empreintes de bonne humeur, leurs compos endiablées - parfois agrémentées d'une pointe de surf/rockabilly - s'enchaînent allègrement. Les Real Mc Kenzies sont même venus les rejoindre sur scène, histoire de participer à la fête. Le look et l'accent ricain affichés par la formation a de quoi laisser rêveur. On se croirait même au bord d'une belle plage sise sur la côte Ouest des Etats-Unis. La température y dépasse les 30 degrés et il n'y a pas le moindre nuage dans le ciel azur…

Au sein de The Bell Orchestre on retrouve deux musiciens d'Arcade Fire : la violoniste Sarah Neufeld et le multi-instrumentiste Richard Parry. Chez ce collectif, ce dernier se concentre uniquement sur la contrebasse. Le line up est également complété par Stef Schneider, un drummer considéré comme le meilleur de sa génération à Montreal ; et puis Kaved Nabatian au cor (NDR : non, non, on ne dit pas une coriste ?) ainsi que Pietro Amato à la trompette. Vêtue de blanc, la formation est constituée d'excellents instrumentistes. C'est une certitude. Malheureusement leur mélange de post rock et de musique symphonique passe mal la rampe sur les planches. Les trop longs mouvements tardent à atteindre leur intensité et on finit par se lasser de cet étalage de virtuosité. Même Richard, le pitre d'Arcade Fire, est aussi sérieux qu'un étudiant qui passe un examen oral de fin d'année scolaire…

Rien de tel qu'un bon groupe de rock'n roll pour se refaire une santé ! Et les Datsuns étaient un remède tout indiqué pour y parvenir. A la limite, ils soigneraient les allergiques au métal. Sur scène le groupe dispense une énergie pas possible. Un chanteur/bassiste qui a de la présence sur scène, un soliste qui doit avoir pour maître Page, un guitariste rythmique dont les riffs sauvages et sulfureux sont exécutés dans l'esprit d'un Pete Townshend (NDR : il mouline même du bras !) voire d'un Angus Young et un drummer particulièrement efficace. Pas difficile de comprendre pourquoi ils aiment le Led Zeppelin, ACDC et le Who. Sans pour autant négliger l'aspect mélodique des compositions. L'ambiance était à son comble lorsque s'est déclenchée une véritable vague de surfers. Ils déferlaient de partout dans un véritable nuage de poussière pour retomber frontstage. A un tel point qu'en fin de set, Dolf a rappelé que le groupe jouait aussi. Mais on s'était bien amusés…

L'ambiance dans l'Eastpak tent ne va pas baisser d'un cran, puisque les Cowboys Fringants vont s'en emparer. Le concert n'est même pas encore commencé qu'au sein du public de nombreuses farandoles s'organisent. Il ignore cependant que le concert a failli être annulé. Motif : les Canadiens estimaient que les balances étaient foireuses. Et lors des premiers morceaux, les musiciens iront, presque chacun leur tour, mettre la pression sur l'ingénieur du son pour régler l'un ou l'autre détail. Qu'importe ! La prestation atteindra la hauteur de leurs exigences. A l'instar des autres groupes québécois, et en particulier de Mes Souliers Sont Rouges, ils interprètent leurs chansons engagées, colorées de folk, dans la langue de Molière. Le violon et l'accordéon virevoltent. La voix rauque du chanteur dirige la manœuvre. Tout est fait pour que les spectateurs frappent des mains et des pieds. Vu l'ambiance, les Cowboys ne doivent finalement pas trop regretter d'avoir accepté de jouer.

Les Dandy Warhols demeurent une énigme. Leurs disques sont épatants, mais leurs prestations scéniques sont souvent bancales. En montant sur les planches, on se rend vite compte que l'ensemble du groupe est déjà bien entamé. Sauf la claviériste. Pas qu'elle se soit rachetée une conduite, mais apparemment elle souffre d'un refroidissement. Et elle est clean, se contentant de rasades de sirop pour la toux. C'est d'ailleurs elle qui va diriger les débats, le reste du groupe ne sachant même parfois pas trop où il est. N'empêche, on aura droit à une prestation de bonne facture, essentiellement composée de pop songs. Pas de délire psychédélique : il tourmentait sans doute déjà les esprits vaporeux du groupe de Portland, depuis quelques heures…

A une certaine époque, Dour attirait un fort contingent de fans d'electro body music et de musique gothique. Cette année, leur présence était aussi rare qu'un nuage dans le ciel montois. Pourtant, Nitzer Ebb constitue, au même titre que Front 242, un des pionniers de l'EBM. Leur jeu de scène est d'ailleurs proche de celui de notre groupe national, qui s'était d'ailleurs produit ici un an plus tôt. Deux frontmen et une percussionniste/claviériste assurent le spectacle. Très sexy, la fille manifeste un petit air de Cameron Diaz dans Charlie's Angel. Musicalement, le set ne concède guère de grande surprise. Visuellement, on remarque également le look de comandant SS du leader Douglas Mc Carthy. Il ressemble même étrangement à Andrew Eldritch (NDR : lui aussi a foulé les planches de Dour, en compagnie de son Sisters Of Mercy). Ce qui permet de maintenir éveillé les plus fidèles. Mais il est déjà 0h30; et il est temps d'aller rejoindre …And You will know us by the trail of dead.

Franchement, on nous avait gardé bien au chaud un des groupes de scène les plus puissants pour cette toute fin de festival : …And You will know us by the trail of dead. Leur réputation n'est plus à faire et est confirmée par la présence d'une foule qui se presse dans la Petite Maison dans la Prairie. Ceux qui ne les connaissent pas vont vite comprendre la signification de leur nom : lentement mais sûrement. Le début de leur set nous tien en haleine ; mais où on sent que ça va péter d'un moment à l'autre. Inexorablement, les Texans haussent le ton. Puis, presque sans prévenir, c'est l'explosion. Fugazi ou At The Drive In nous viennent inévitablement à l'esprit, mais est-il nécessaire de citer des références pour un tel phénomène de scène. Vous n'y étiez pas ? Alors ne les manquez sous aucun prétexte, la prochaine fois qu'ils se produiront près de chez vous. …A.Y.W.K.U.B.T.T.O.D. nous a asséné la dernière grande claque du festival (NDR : il nous en a flanqué plus d'une). Mais il est temps d'aller reposer nos oreilles… et nos yeux (NDR : à cause de la poussière), nos jambes, notre dos, etc., épuisés par ces 4 jours de festival franchement intéressant de bout en bout…

Les Nuits Botanique 2006 : mardi 2 mai. Monsters In Live

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Soirée assez spéciale pour le Mons Orchestra, dans le cadre des Nuits Botanique. Entre le calme religieux des compositions de Venus et les accords éclatants de Dionysos, c'est au Cirque Royal, salle à la configuration ignoble, que leur talent allait être mis à rude épreuve. 

Première partie de la soirée, Venus. Lumière tamisée rouge pour la présentation de leur dernier-né, « The Red Room ». Une partie de l'orchestre prend place et débarque ensuite sur scène un Marc Huygens plus vivant que d'habitude. Enchaînant quelques titres du nouvel album, le chanteur s'adresse au public : 'On m'a dit que je ne parlais pas beaucoup' avant de poursuivre sur le bien envoyé 'Un chanteur, c'est pas fait pour parler, non ?'. Et au public d'acclamer ensuite les « Beautiful Day » et autres morceaux du premier album que le groupe n'avait plus joué depuis longtemps. Après un petit rappel, le groupe cède la scène l'esprit tranquille en laissant derrière lui un public conquis. 

Une petite demi-heure plus tard, le Mons Orchestra, au grand complet cette fois, reprend place. La tension monte au fur et à mesure que les membres de Dionysos apparaissent sur scène. Triomphants avant même d'avoir entamé la moindre note, les Français démarrent le set par un « John McEnroe » puissant à souhait. L'assistance s'emballe et du haut du balcon on peut voir un bon 3/4 du parterre sautiller de joie en synchro avec Mathias, véritable pile sur pattes. Après une rapide présentation du Mons Orchestra, rebaptisé naturellement le 'Monstre Orchestra' pour l'occasion, l'intro de « Giant Jack » glisse lentement sur les cuivres avant de laisser exploser les distos aux visages extatiques du public qui n'attendait apparemment que ça. Le groupe parcourra ensuite  la quasi-intégralité de « Monsters In Love », leur dernier essai en date, sans laisser de place aux vieux morceaux. De « L'homme qui pondait des œufs » au bref  final a cappella de « Tokyo Montana », Mathias et sa bande confirmeront leur statut d'entertainers. Et en parlant d'entertainment, on retiendra surtout leur grande innovation, le pogo silencieux, auquel le public s'est adonné avec joie l'espace de quelques secondes. Impossible également d'échapper au stage-diving et à l'inévitable passage acrobatique du chanteur à l'étage du dessus, sorte d'amendement pour avoir qualifié de 'vieux' le public qui se trouvait, souvent malgré lui, dans les affreuses corbeilles du Cirque Royal. Après un poignant « Neige » final, dédié à son père, Mathias reviendra ensuite, suivi de sa troupe, pour un rappel d'anthologie. Une version de près d'une demi-heure de « Song For Jedi », il n'en fallait pas plus pour contenter ceux qui attendaient avec impatience que le groupe joue de vieux titres. 

Quant au Mons(tre) Orchestra, il a su créer tout au long de la soirée une véritable synergie entre les mélodies des deux formations et leurs propres arrangements, faisant de ce concert une expérience inoubliable, tant pour le public que tous ceux qui furent sur scène ce soir-là.

 

Les Nuits Botanique 2006 : vendredi 5 mai

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Soirée géographiquement éclectique et musicalement homogène à la rotonde, dans le cadre de des Nuits Botanique. L'espace de quelques heures, le Danemark, le Canada et l'Espagne se sont réunis pour un voyage allégorique en compagnie du Mons Orchestra.

Première étape, le Danemark. Teitur, jeune homme à l'air un peu perdu, s'installe derrière son piano et devant une salle au 3/4 vide. Après une seconde chanson en solo, le Mons Orchestra s'installe tandis que la rotonde commence enfin à se remplir. Teitur enchaîne alors les titres de son album « Poetry & Aeroplanes » pour un public de plus en plus enthousiaste. D'ailleurs, l'artiste aura droit, en rappel, à « You Get Me », composition que le Danois présenta comme un titre expressément écrit pour un éventuel come-back de Whitney Houston. Il aurait juste aimé qu'elle soit au courant.

C'est sans l'aide de l'orchestre montois que les Great Lake Swimmers entament la seconde partie de la soirée. Entre les compositions mélancoliques de l'album éponyme et les paysages bucoliques du dernier né, « Bodies & Minds », les Canadiens parcourent timidement leur répertoire en remerciant de temps à autre leur public avant de disparaître comme ils sont arrivés, non sans oublier d'accorder un petit rappel à ceux qui en redemandaient.

Les véritables vedettes de la soirée furent sans conteste The Sunday Drivers. Illuminant la salle de leur pop ensoleillée et de leur bonne humeur, le sextet régale une salle désormais pleine, des titres enjoués et bon enfant de leur album «  Little Heart Attacks », sorti en avril 2005. Accompagné également du Mons Orchestra, la formation enflamme sans effort le cœur des nombreuses jolies demoiselles espagnoles de l'assistance qui, de toute évidence, étaient les plus enthousiastes. Achevant un set tellement bon qui ne sembla durer que quelques courtes minutes, les chauffards du dimanche ne reviendront que pour un petit rappel durant lequel ils joueront un excellent « Do It », extrait de leur prochain album et présenté pour la première fois en live, ainsi que l'inévitable « On My Mind », repris en chœur par le public.

Un tiercé gagnant donc pour la rotonde qui, même si elle n'était pas pleine à ras bord, devrait laisser le souvenir d'une soirée enivrante en compagnie d'artistes prometteurs à tous ceux qui ont eu la bonne idée de passer par là.

 

The Sunday Drivers (+ Great Lake Swimmers + Teitur). Voyage, Voyage...

 

 

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