Ce n’est pas la fin pour Caesaria…

Thomas, Louis et Théo ont tissé leurs liens dès l'enfance, autant sur la pelouse du club de foot qu’autour du son. C’est la scène qui devient leur terrain de jeu favori, et ça se voit : leurs ‘live’ électrisent les corps et marquent les cerveaux au fer rouge.…

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L’interaction de Ride…

Le septième elpee studio de Ride, « Interplay », sortira le 29 janvier 2024. Ce nouvel album est le troisième du quatuor d'Oxford depuis sa reformation en 2014. Ces pionniers du shoegaze, quelquefois proche du noise rock des années 90, sont davantage ensemble…

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Sziget Festival 2015 : vendredi 14 août

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Le Sziget existe depuis 1993. Dès sa création, il a pris place dans un cadre pour le moins exceptionnel : une île au milieu du Danube. Celle d’Obuda, située à quelques centaines de mètres seulement du fameux parlement hongrois et des imposants ponts qui relient les deux parties de la ville. En plein cœur de Budapest, donc !
Au fur et à mesure des années, l’évènement est devenu incontournable. ‘L’île de la Liberté’ a accueilli l’an dernier pas moins de 415 000 festivaliers. Il est même considéré comme le plus grand festival d’Europe. Pour son édition 2014, il a décroché, une fois de plus, le titre de ‘Meilleur Grand Festival Européen’, octroyé par les ‘Festival Awards’ aux Pays-Bas.

Vendredi 14 août. Il faut s’activer pour arriver à temps, afin d’assister à la prestation de Lohaus, jeune groupe belge jouant à 14h15 sur l’‘Europe Stage’. Il fait extrêmement chaud en ce début d’après-midi mais heureusement la scène est excentrée et entourée de zones d’ombre. Des dizaines de personnes sont assises sous les arbres, écoutant paisiblement mais intensément leur concert. Heureusement pour le moral du band, une vingtaine de courageux se sont collés à la barrière pour danser sous un soleil presque au zénith. Le groupe est composé de trois jeunes musiciens dont un est également chanteur. Leur style est situé entre musique électronique et expérimentale. C’est parfois même un peu psychédélique. Le concert parfait pour commencer la journée : calme mais dansant. Les musicos sont visiblement ravis d’être là et on les comprend. Ayant pris rendez-vous avec eux demain, je pourrai vous en dire davantage sur l’histoire de la formation et sur l’expérience de leur premier concert en festival (et quel premier festival, le Sziget s’il vous plait!) Définitivement un combo à découvrir en Belgique pour tous nos lecteurs.

Devant la ‘Main Stage’, l’auditoire est encore clairsemé, lorsque Marina and The Diamonds grimpent sur l’estrade. On aperçoit avant leur arrivée un décor totalement extravagant : des pommes géantes et un fond intergalactique composé de planètes lumineuses. En véritable diva de la pop, Marina est vêtue d’une combinaison mauve, perchée sur d’impressionnants talons roses, assortis à sa manucure. Elle porte même un diadème sur lequel est gravé le nom de son album, « Froot ». C’est un véritable spectacle à elle toute seule. Souriante du début à la fin de son show, elle chante divinement bien. Même quand on ne connaît guère son répertoire, il est impossible de rester insensible à son univers, pop et déluré !

Après ce concert déjà haut en couleurs, place à la ‘Color Party’ sur l’estrade principale. Des dizaines de bénévoles distribuent des sachets de poudre colorée pendant qu’un décompte tourne sur les écrans de la scène. Dix minutes plus tard, les festivaliers jettent leur sachet, créant pendant quelques secondes un immense nuage multicolore au dessus de la foule. Vous imaginez bien l’état des gens et la tempête de poussière qui a suivi après coup… Assez drôle et à voir (de loin, de préférence !). 

C’est maintenant au tour de Kasabian de prendre place sur la Main Stage. Un énorme décor rose et noir dessine « 48 :13 », en arrière plan ; c’est le titre de son dernier opus. Après une longue introduction musicale, le quatuor débarque enfin sur les planches. Le public est au rendez-vous et l’espace est presque rempli. Le set s’ouvre par « Bumblebee », morceau issu de leur elpee paru l’an dernier. Les classiques ne sont pas oubliés : « Shoot the Runner » et « Underdog », notamment. C’est un véritable succès pour les stars anglaises. Cet LP recèle d’excellents morceaux, comme « Eez-eh ». Impossible d’oublier que le véritable moteur du groupe est le duo d’origine : le chanteur Tom Meighan et le guitariste/auteur/compositeur Sergio Pizzorno. Extrêmement complices, ils partagent souvent le micro. Difficile de ne pas penser aux frères Gallagher et à Oasis lorsqu’on voit leur comportement en ‘live’ (à qui ils sont souvent comparés par la presse, contre leur gré). Ils se la jouent ‘Je-m'en-foutiste’ tout en affichant une classe purement ‘british’. Tous les musiciens se donnent à fond du début à la fin et parviennent à conquérir facilement l’assistance… Excellente, leur version du « Praise you » de Fatboy Slim fait un tabac. Ils concluent par leur hit « LSF », avant de saluer et remercier longuement leurs fans. C’est définitivement un des meilleurs moments vécus au Sziget depuis mon arrivée.

Encore une fois, c’est un changement total de style que nous allons vivre ensemble. Une heure après Kasabian, c’est au tour d’Avicii d’embrayer. Finalement, la fosse n’était pas totalement remplie pour applaudir Kasabian ; il restait même de la place, vu le monde qui est encore parvenu à s’entasser. Impressionnant ! On peut même admirer la foule via les vidéos captées par des drones et postées sur les écrans du podium. Mais venons-en à Avicii… Tous les clichés d’un ‘DJ-star’ sont réunis : confettis, flammes, écrans géants, … Pour la prestation de DJ il faudra repasser. Il ne s’agit de rien de plus qu’un DJ set. En effet, les stéréotypes véhiculés sur David Guetta –qui se contente de danser pendant que sa musique tourne en boucle– sont un peu applicables ici. Bien sûr, ce n’est qu’un jugement personnel car l’ambiance était néanmoins au rendez-vous. Des dizaines de milliers de jeunes (et de moins jeunes) ont dansé durant une heure et demie sur une plaine devenue une discothèque à ciel ouvert.

En me déplaçant sur le site, je croise un spectacle féerique. Des jongleurs de feu effectuent une performance nocturne près du ‘Cirque du Sziget’. Au moins 300 personnes se sont réunies, toutes assises par terre, dans le calme, profitant de ce moment magique entre deux concerts.

On attend impatiemment Gramatik, retardé de presque une demi-heure par l’entrain des Dropkick Murphys qui ont débordé de leur ‘timing’. Les projections sur les écrans sont tout à fait originales. Quant à lui, il est toujours aussi doué. Accompagné d’un excellent guitariste, il fait danser tout le chapiteau de l’‘A38’ en dispensant ses compositions au style inimitable. Vous ne le connaissez pas ? Il mélange une multitude de genres : du blues au hip-hop, en passant par l’électro, le funk et la dubstep. Dur à croire, mais cet alchimiste parvient chaque fois à les agréger, sans aucun problème, créant des sons novateurs. Un artiste complet et moderne qui, pour rappel, semble s’adapter parfaitement à son temps, en autorisant le téléchargement gratuit et légal de l’ensemble sa discographie.

C’est sur une journée riche en découvertes et un programme pour le moins éclectique que nous nous quittons. A demain !

(Organisation Sziget)

 

Concours Circuit (rock dur). Finale

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Les fanatiques d’orgies métalliques et les curieux s’étaient donné rendez-vous au Botanique. A l’abri du froid nordique qui gèle la capitale, ce public était venu pour apprécier les joutes infernales qu’allaient se livrer six formations de la Communauté Française. Objectif : décrocher les prix offerts par le concours devenu référence pour les musiciens du sud du pays. Pas de « Lay Lady Lay » ici, c’est du son pour les brutes qui va se déverser toute la soirée entre la Rotonde et l’Orangerie.

Ever Grey Sky ouvre les hostilités. La plupart des membres du groupe porte un short. Il faut dire que la salle est bien chauffée. Ces jeunes gebs pratiquent une musique qui rappelle beaucoup le punk hardcore américain des années 80. Leurs morceaux sont tous construits sur l’alternance de passages archi-gueulards et de moments plus calmes et mélodiques. Le son en salle est beaucoup trop fort et même si la musique est bien exécutée, elle n’est guère originale. Vu que mon ostéopathe m’a dit conseillé d’être davantage à l’écoute de mon corps, je décide de suivre ses conseils et je quitte de la Rotonde.

Kill My Doll embraie à l’Orangerie. Ils ont accroché une banderole, illustrée par des rictus grimaçants, derrière la scène, et attaquent un set impeccable, dans le même style qu’Ever Grey Sky. Mais la qualité est bien meilleure. A cause d’une plus grande maîtrise instrumentale. Puis de leur vocaliste. Lors des intermèdes chantés. Dont les inflexions funkysantes à la Suicidal Tendencies se marient à la perfection avec le timbre proche de Franz Treichler (Young Gods). Mais pourquoi donc, ne se contente-t-il pas de chanter ?

Ambiance seventies chez The Chargers (of GSM ?), qui attaquent un set de hard à l’ancienne en lorgnant manifestement vers AC/DC, Motorhead et ZZ Top. Deux énormes pots d’échappement phalliques placés devant la batterie déversent une épaisse fumée blanche, tandis que les membres du groupe appuient leurs pieds sur des tabourets noirs comme l’enfer. Le chanteur qui ressemble à un redneck enragé de l’Alabama balance des riffs assassins à la guitare. L’originalité cède le pas à la compétence instrumentale mais on décernera aux Chargers notre coup de cœur, pour le concert le plus mélodieux de la soirée.

Plus hystérique, le chanteur d’Amadeus intrigue par son agitation frénétique. Il clame qu’‘il est ici chez lui !’. On en déduit donc que son groupe est bruxellois (NDLR : ben non il est liégeois !) Au vu des impeccables crinières des membres de la formation, on croirait qu’ils sont sponsorisés par une marque de shampooing. ‘Je vois que vous êtes chauds, comme ça le prochain groupe pourra s’amuser !’ On est décidément dans une logique de confrontation qui semble lasser le public. Le problème est que malgré un certain charisme, le chanteur manque de voix et oublie quelquefois de mettre sa bouche devant le micro. Il prend donc des poses de prophète pendant le titre « Smells Like Armageddon » ; mais on n’entend pas un mot de ce qu’il raconte. Après une dédicace à la formation hip hop Mr Spartako, il est temps d’aller voir ailleurs ce qui se passe.

Si les frères Taloche se mettaient au ‘brutal death metal’, le set ressemblerait sûrement à du Black Bleeding. Ces trois hurluberlus issus de la province du Luxembourg balancent des blagues hilarantes, jouent des morceaux de bal musette et tirent des bières de leur ampli basse transformé en frigo. Ils font rire le public pour mieux le précipiter dans le plus grand effroi. Car leur musique est tout simplement effrayante. Une pure émanation maléfique qui plonge le public dans un puits sans fonds de désespoir. Un mot quand même sur leur look bourré de contrastes. La tête complètement rasée, le chanteur/guitariste est vêtu d’un costard taillé pour les employés de banque. La forme de sa guitare est plutôt curieuse et le manche se termine en forme de fourche diabolique (brrrrr…) Pire encore, coiffé d’une casquette légèrement de travers, le bassiste est tellement maigre qu’il pourrait postuler un rôle dans un film consacré à des zombies. Du type « Le retour des morts vivants ». Mais mention spéciale au batteur qui se produit en caleçon et manifeste une dextérité technique impressionnante. Bref, ce groupe hors norme gagne à être connu.

Cette soirée avare en surprises s'achève par la prestation très pro de Suicide of Demons. Une formation speed metal qui rappelle le Metallica des débuts. Le guitariste possède une technique incroyable. Il parvient même à inverser les mains sur son manche. Manquait plus qu’il la mette à l’envers… Comme le hip hop, le heavy métal est un genre musical qui place les compétences au dessus des idées et de l’originalité. Suicide of Demons en est un parfait exemple, le groupe possède les ‘skills’ et l’énergie, mais pour l’originalité on repassera.

Et on termine donc cette soiréen riche en ‘negative vibes’, en attendant le vote du jury… A toi Bernard. (E.P.)

Un jury qui s’est réuni dans une ambiance très conviviale ; sans le moindre heurt. Et qui malgré certaines divergences de vues, a trouvé les consensus et les solutions sans la moindre difficulté. Rien à voir avec les tensions vécues l’an dernier, ni celles qui taraudent la formation d’un gouvernement en Belgique.

Au bout du long parcours du Concours Circuit, Suicide Of Demons a remporté la finale ce 15 décembre au Botanique. Black Bleeding termine deuxième. Au-delà des nombreux prix attribués au vainqueur, d'autres récompenses ont également été décernés aux finalistes.

En bref :

Premier prix : Suicide Of Demons

Deuxième prix : Black Bleeding

Prix Sabam : The Chargers

Prix des auditeurs de Pure FM (the rock show) : Amadeus

Tous les finalistes seront présents sur une compilation offerte par 3.14 (B.D.)

 
Pour plus d'infos :  http://www.concourscircuit.be

 

 

 

 

Cactus 2007 : samedi 7 juillet

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Chaque fois que je me rends au festival Cactus, je tombe sous le charme du site : le Minnewaterpark. Canaux et espaces verts balisent ce festival encore très familial. Des enfants, pour lesquels de multiples activités ont été organisées –mais qui passent aussi des heures à ramasser les gobelets abandonnés par les consommateurs–, des parents et des grands-parents côtoient les festivaliers dans la plus grande convivialité. Et quand le soleil est de la partie –surtout que depuis le début de l’été, il ne nous a pas vraiment gâtés– on se dit que les organisateurs sont bénis des dieux…

Drôle d’idée de faire commencer Archie Bronson Outfit à 13h20! D’autant plus que ce trio britannique jouit déjà d’une réputation de groupe ‘live’ particulièrement flatteuse. Et ma foi il la mérite, car son set est franchement excellent. La barbe bien fournie (en broussaille, celle de Sam Windett est digne de Bonnie Prince Billy !), les trois compères dispensent une musique à la fois âpre et mélodique. Un style qui oscille du blues et surtout du boogie (imaginez un Canned Heat sous hélium) à la country (Johnny Cash est une influence reconnue par le groupe) en passant par le funk/pop/rock (celui de Talking Heads, en particulier). D’ailleurs, le falsetto de Sam est très proche de celui de David Byrne. C’est également le guitariste ; encore que Dorian Hobday troque parfois sa basse contre une six cordes, rendant le son encore plus acéré. Légèrement en retrait, mais au milieu du podium Mark Cleveland siège derrière sa batterie minimaliste (et même réduite au strict minimum). De son drumming spasmodique, entrecoupé de breaks enchaînés à la perfection, il semble jouer le rôle de fédérateur dans la solution sonore. La formation achève son set par un « It’s only love » très percutant. Le public est ravi et réclame un rappel. Que le combo lui accordera. Ce qui est plutôt rare lorsqu’un groupe entame la journée d’un festival.

Cinq types montent sur les planches habillés de la même manière : un pantalon noir, une chemise blanche, une cravate noire et un crêpe autour du bras gauche. Ce ne sont pas les croque-morts du coin, mais iLiKETRAiNS… Et manifestement, ils ont la nostalgie de Joy Division. Même que le chanteur, Dave Martin, possède un baryton aussi médiocre que celui de feu Ian Curtis. Mais dans le style, ça passe. Un style inspiré par la cold wave, vous vous en doutez. Et il faut avouer que les morceaux les plus calmes me laissent froids (évidemment !) Pourtant, lorsque la guitare de Guy Banister (c’est aussi le claviériste et accessoirement le percussionniste) commence à entrer en osmose avec celle de Dave, alors leur musique prend une toute autre dimension : belle, émouvante, douloureuse, tellement proche d’And Also The Trees, et en particulier des elpees « The Millpond years » (1988) et « Farewell to the shade » (1989), deux albums incontournables (faut arrêter de croire que Mogwai a tout inventé !) A cause de ses sonorités de guitares croustillantes, proches de la mandoline. Et lorsque ces grattes s’aventurent dans l’univers psychédélique, le résultat est aussi concluant. On ne vous apprendra rien en vous signalant que le bassiste, Alistair Bowis, dessine de lignes ténébreuses et que le drummer, Simon Fogal, accentue de frappes lourdes le climat menaçant. Originalité, la présence d’un joueur de cornet, Ashley Dean. C’est lui qui se charge de donner davantage de densité à la solution sonore. (Tracklist : “25 sins”, “Terra nova”, “We go hurting”, “We all fall down”, “Deception”, “Rock house for Bobby”, “Voice of Reason”, “Spencer”)

Le deuxième album des Rakes, « Ten New Messages » ne casse pas des briques. Enfin, il est surtout moins percutant que le premier « Capture/Release ». Et la différence entre les compos des deux opus est aussi manifeste sur les planches. Derrière les musiciens, une immense banderole affiche le nom du groupe. Des fois qu’on les confondrait avec Pulp… Filiforme, Alan Donohoe porte des lunettes de soleil à la monture rouge. Son show épileptique, robotique, évoque immédiatement Jarvis Cocker. Il lui emprunte même certaines inflexions vocales. Le guitariste porte une chemise à carreaux digne des anciens adeptes du grunge. Le début du set est un peu terne, malgré la présence épisodique d’un claviériste, venu renforcer le line up. Après une vingtaine de minutes, Alan décide enfin d’empoigner une six cordes. Et la prestation de la formation londonienne commence enfin à sortir de l’ennui. Faut dire que Donohoe marche constamment sur un fil instable entre le charisme et l’embarras et que ses nouvelles chansons, quoique mélodiquement bien troussées, manquent singulièrement de punch. A ce régime, le groupe va se prendre un râteau… (Tracklist : “Intro” - “Retreat” - “We danced together” - “We are all animals” - “Down With Moonlight” - “When Tom Cruise Cries” - “All too human” - “Suspicious eyes” - “22 grand job” - “Violent” - “Strasbourg” - “Little superstitions” - “Work Work Work” - “Open book” - “World Was A Mess But His Hair Was Perfect”)

On a beau ne pas être un grand aficionado de reggae, il faut reconnaître qu’Horace Andy jouit d’une fameuse carte de visite. Né le 19 février 1951 à Kingston, en Jamaïque, il enregistre son premier single à l’âge de 16 ans : « This is a Black Man’s Country ». Mais sous son véritable nom, Horace Hinds. A partir de cette époque, il va bien sûr privilégier le reggae et le dub, mais pas seulement, n’hésitant pas à s’ouvrir à des tas de styles musicaux différents. Bref, on ne va pas ici retracer sa biographie ; mais il faut savoir que parmi la multitude de projets opérés au cours de sa carrière, on retiendra surtout sa collaboration active à trois elpees de Massive Attack, fin des années 80. Il tourne depuis peu en compagnie d’un nouveau groupe : The Dub Asante Band. Et vous vous en doutez, c’est du dub et du reggae…

A l’instar de Gospeed You ! Black Emperor outre-Atlantique, Mogwai, c’est l’archétype du post rock en Grande-Bretagne. Fondée en 1995 par le guitariste Stuart Braithwaite et le bassiste Dominic Aitchison, la formation écossaise a fait des émules, depuis : Explosions in The Sky (qui devaient d’ailleurs se produire au Cactus, mais ont annulé toute leur tournée européenne, l’épouse d’un des musiciens souffrant d’un cancer en phase terminale), Do Make Say Think, God Is an Astronaut, A Silver Mt. Zion, etc. Enfin, pour les formations qui privilégient les guitares. Pull-over vert, la calvitie naissante, Stuart Braithwaite se tient à la droite de la scène. Il n’est déjà pas grand, mais il lui arrive régulièrement de disparaître du champ de vision pour triturer ses pédales à quatre pattes. Collaborateur épisodique, le claviériste Graeme Ronald semble prendre de plus en plus d’importance au sein du line up. Enfin, en live. Il vocalise même des mélopées à travers un vocodeur. Et son concours apporte davantage de raffinement et d’onirisme. Encore que je l’ai toujours affirmé, le post rock prendrait une toute autre dimension sur les planches s’il était soutenu par des projections. Sous sa forme la plus atmosphérique, la musique de Mogwai me fait de plus en plus penser à celle de Sigur Ros, voire même à la musique dite classique. Le début du set demeure pourtant laborieux. Un morceau doit même être recommencé après une trentaine de secondes. Mais au fil du temps, la magie commence enfin à opérer. Les crescendos se font plus tranchants. Les guitares plus dominatrices, torturées, intenses. Les éruptions ‘noisy’ ou psychédéliques sont de plus en plus savoureuses. Et le final somptueux! (Tracklist : “3super heroes of BMX” - “Friends of the night” - “I know UR”, “Ratts” - “7.25” - “Hunted” - “Skeletons” - “Travel is dangerous” - “Stop coming 2 my house” - “ 2 rights” + “Glasgow mega snake” - “Were no here”)

Le Gotan Project est une formation cosmopolite qui réunit Christop H. Müller (ex membre du groupe Touch El Arab), le guitariste argentin Eduardo Makaroff, et un large contingent de Français dont Philippe Cohen Solal (Boys from Brazil). Dix personnes en tout ! En tenue de soirée. Les filles en robes blanches très élégantes et les hommes en costard/cravate. Sa musique mêle tango et électronique. Pas difficile de le comprendre quand on sait que le mot ‘Gotan’ est la traduction verlan du ‘Tango’. Un orchestre dont les membres se partagent une multitude d'instruments : du violon au bandonéon, en passant par le violoncelle, la guitare espagnole et le piano. Sans oublier le concours d'un dj et d'un bidouilleur, préposés aux 'beats'. Et puis la présence de leur chanteuse attitrée, Cristina Villonga. A ce jour, le collectif compte deux opus à son actif « La revancha del tango » et « Lunático ». Ce dernier est paru en mai 2006. Et le titre de cet album est inspiré du cheval de course de Carlos Gardel. C'est la raison pour laquelle l'univers graphique de cet album est celui de l'hippodrome de Buenos Aires. Tout un contexte favorable à leur musique à la fois loungy, chaude, contagieuse et dansante. L’an dernier ils avaient accordé deux sets ‘live’ fort intéressant à l’AB de Bruxelles. A l’arrière de la scène, défilent de nombreuses projections auxquelles ont participé Calexico (« Amor Porteno ») et les rappers de Koxmoz (« Mi confesion »). Au fil du set, l’électronique s’impose de plus en plus et des compos comme « Santa Maria », « Criminal » ou encore le final « Triptico » sont davantage marquées par les beats. On aura quand même droit, à une lueur afro sur « El Norte », la présence d’une double percussion n’y étant pas étrangère. Bref, un set groovy et de très bon goût. (Johan Meurisse. Adaptation B.D.) 

Ozark Henry a clôturé la deuxième journée du festival Cactus. Depuis 2001, c'est-à-dire lors de la sortie de l’album « Birthmarks », Piet Goddaer a rompu définitivement avec la musique totalement expérimentale pour embrasser un style plus électro-pop. L’an dernier son troisième opus, « The soft la machine », a confirmé cette nouvelle orientation. En toute grande forme, forme, il nous a plongé au sein d’une solution sonore bourrée de swing, fruit de son mélange de musique beat et d'électronique, sur l'ouvre-boîte instrumental « Echo as metaphor » ainsi que tout au long de « Sun dance ». Dynamisé par les percussions fouettantes, « Rescue me » a poursuivi dans ce type d’électronique. Goddaer s’est même autorisé quelques pas de danse. La formation a aligné les inévitables « Sweet instigator », « Vespertine » et « Weekenders » avant d’élever le tempo à travers « These days » et « Indian summer ». Elle a immergé « Intersexual » et « At sea » dans des grooves nightclubbiens. Goddaer a atteint le point culminant de la soirée lors de l’interprétation de « La donna é mobile ». Même les technobeats étaient dignes d’Underworld. Et ce set rafraîchissant s’est clôturé par "Word up". (Johan Meurisse. Adaptation B.D.)

 

 

Radio Soulwax-Mas Party 2007

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Le 22 décembre 2007 est un peu un jour particulier à Gand. Sur la place de la gare, un nombre impressionnant de jeunes se réunissent. On pense immédiatement à la fin des examens ; mais cette explication ne concerne que les plus jeunes d’entre eux. Les autres profitent d’une dernière soirée avant les blocus. Et quelle soirée ! Les trams et les taxis sont bondés. La ville est en liesse. Et ces teenagers se déplacent par dizaines au Flanders Expo pour participer à l’évènement de cette fin d’année 2007 : le réveillon des frères Dewaele et de leurs deux acolytes de Soulwax. Mais pas pour déguster du foie gras ou du saumon. C’est un réveillon clubber : Soulwax, 2 Many Dj’s, Erol Alkan, Justice,Tiga, Goose, Boys Noize, Rub’n Tug,… Tous ont accepté l’invitation et décidé de nous en mettre plein la vue, plein les oreilles. La nuit sera longue…

Visite des lieux oblige ! Les deux frangins plein d’humour n’ont pas lésiné sur les moyens. Rien n’a été laissé au hasard. Bouffe, alcool, sofa et même des stands d’auto-tamponneuses. Cinq salles, 25 dj’s et groupes et pas des petites pointures. Parmi eux un ‘Very Very Special Guest’. On n’en sait pas plus. Bon allez ! Un petit verre pour s’échauffer et direction 1st floor, histoire de rôder les oreilles pour cette nuit de folie.

L’Anglais Die Verboten propose un petit dj set plutôt sympa. La salle n’est pas remplie mais c’est tant mieux, on a de la place pour danser.

Ça y’est ! 1 heure du mat’. La soirée commence pour l’ensemble des bons clubbers. Direction Hall 4 : The Ringo Room. Curieux de voir le special guest. Il accuse trente minutes de retard. Le public commence à s’impatienter et la tension est palpable. Au même moment, deux chariots élévateurs disposés à chaque extrémité de la scène s’élèvent et laissent apparaître… oh non ! Milk Inc. Duo archi populaire en Flandre. Techno de ducasse avec une chanteuse fort familière à Cascada. Quelle blague ! Heureusement ils ne s’attardent pas plus de dix minutes. Néanmoins, la tension se dissipe. Er le public devient de plus en plus chaud (NDR : voir leur site http://www.milkinc.be)

Il est maintenant l’heure de passer aux choses sérieuses. Vêtus élégamment de costumes blancs, les membres de Soulwax débarquent ! Et comme ils l’avaient affirmé, les remixes seront joués en live. Im-pres-sion-nant ! Une maîtrise parfaite et le corps bouge instinctivement. Les meilleurs remixes sont joués en direct :  « Phantom Part II », « Dare », « Gravity’s Rainbow », « Standing in the way of control » pour finir par une superbe combinaison entre « Soulwax is playing in my house » et « NY Excuse ». Cinquante minutes de remixes époustouflants. Comment parvenir à tenir jusqu’au bout de la nuit? C’est la question que l’on se pose à la fin de cette prestation.

Pas le temps de chômer, on se dirige au bar histoire de récupérer. Et on enchaîne immédiatement par Boys Noize. La claque ! Le technicien teuton ne tient pas compte de la fatigue physique endurée durant le show des Belges. Dévoilant son tout récent « Oi Oi Oi », l’Allemand propose un spectacle de deux heures, aux beats révolutionnaires. Et lorsque le « My Moon, My Man » de Feist retentit, c’est une salle entière qui danse comme un seul homme.

Vite. On se précipite Hall 2 : The Paul Room, pour assister au superbe dj set à 4 mains de 2 Many DJ’s. Entre flashs, lasers, strombos et fumigènes, on les distingue assez mal. Mais qu’importe ! C’est leur musique qui compte et encore une fois ce soir, ils ont bien prouvé qu’ils étaient l’un des meilleurs duos du moment.

4 heures ! Déjà ! Justice s’empare des commandes pour une prestation qui aura sans doute déçu beaucoup de fans. Rien à voir avec l’album, ils ont programmé des morceaux qu’ils aiment. Mais bon sang ! Les deux Parisiens ont du talent.

Deux salles plus loin, d’autres nordistes. Courtraisiens cette fois ! Goose. Pour un show des grands soirs. Public plus jeune mais la qualité toujours aussi bonne. Ces petits gars c’est sûr, ont de l’avenir devant eux. Et vu la qualité de leur spectacle, on espère qu’ils iront loin.

La soirée touche à sa fin et un dernier brin d’underground ne peut faire que du bien. On retourne à la case départ, c'est-à-dire au 1st Floor. Et quel honneur de pouvoir assister au show des New-Yorkais de Run’n Tug ! Pas de remixes de !!! ou du label DFA mais un set old-school mémorable qui restera un superbe souvenir ce cette nuit.

6 heures du mat’ les jambes sont tremblantes, le cœur palpite encore et les yeux sont mi-clos.

Une nuit d’orgie somptueuse. Un rendez- vous qu’il ne fallait pas manquer. On connaissait les frères Dewaele pour leur musique et leur humour. L’espace d’une soirée, ils se sont improvisés organisateurs. C’est une réussite. Décidemment, ils savent tout faire. Et pour une fois, j’ai envie d’être chauvin. Ces deux mecs là sont belges !

Impressionnant !

 

Dour festival 2007 : jeudi 12 juillet

Le premier jour des fourmis.

Mercredi 11 juillet 2007, premier record d’affluence : 23000 zélés plantent leurs tentes un jour à l’avance pour s’assurer un emplacement à moins de 30 minutes de marche du site. Fous ? Pas fous ? Dour a minutieusement concocté son premier dilemme cornélien. Une nuit supplémentaire parmi les zoulous dans un camping zéro étoile, pour un emplacement à la lettre A comme Assommé par les djembés, Atterré par l’odeur, Aveuglé par les spots ? Ou… une nuit de préparation zen chez soi, et se contenter de loger à la lettre F comme Foutu  par l’interminable parcours du combattant pour regagner sa tente? De toute façon, à la lettre B, on est Baisés aussi, Baignés dans la Boueuse Basse-cour balisée par des Barbelés. Aux emplacements C, on est autant Couillonnés par l’esprit Camp de Concentration, à la lettre D, Doublement Désillusionnés, tandis que les E sont encore Ecarquillés devant pareil carnage. En somme, on loge tous à la même enseigne au camping de Dour. Pas de bon ni de mauvais choix. Rien à gagner. Pas de favoritisme, aucune concurrence. Même dans la file des toilettes, on se demande s'il vaut mieux dépasser ou laisser passer. C’est la solidarité des indécis. La communion des corps. Des odeurs. Tous sur le même pied. Dans la même boue mouvante. Dans les mêmes impensables Cathy-cabines (ai-je rêvé ?). Tous repus par les mêmes Burger festins. Etourdis par les mêmes visions (le coureur nu dans le champ de maïs restera dans les annales). Tous sous la même canicule, à se précipiter avidement vers les 17 points d’eau dont la distribution s’opère aussi délicatement que parcimonieusement, jusqu’à ce que d’anarchiques assoiffés plantent un couteau dans le tuyau d’arrosage pour faire jaillir l’or blanc.

Parfois, on voudrait crier au scandale, mais ouvrir la bouche c’est risquer l’asphyxie. Difficile, aussi, de communiquer lorsque Motorpsycho se loge au creux des tympans. Encore plus de réfléchir quand Otto Von Schirach se dissémine dans les neurones. Alors on se résigne aux paradis artificiels et à l’instinct de meute qui, quelque part dans le fond autodestructeur de notre surmoi, fait partie intégrante de l’aventure. Et puis, ne faisons pas la fine bouche. On consent que ce soit le prix à payer (on n’a pas déjà payé ?) pour la belle affiche. Si le camping de Dour n’a pas exactement le sens du raffiné, sa programmation musicale sort quant à elle des sentiers boueux. Alors que Werchter s’occupe de la hype et des incontournables géants du rock, Dour fait davantage dans l’éclectisme et la chasse aux découvertes. Résultat, les groupes ont souvent encore tout à prouver, y mettent du cœur plutôt que de la prétention, et de jolies surprises attendent les passionnés. Difficile de  rivaliser avec la prestation transcendante d’Animal Collective de l’édition 2006, mais une poignée de superbes concerts résonnent toujours dans la cuvée d’oreilles 2007.

Le programme du premier jour fera une admirable introduction, en alignant des groupes de qualité dans chacun des genres, aussi bien rock, ska, pop, qu’électronica.

Le départ d’Om, singulier duo basse-batterie né des cendres de Sleep, est aussi singulier que fulgurant. Privée de guitariste et de véritable chanteur, c'est dans le dépouillement que la formation est la plus captivante. Dans sa linéarité hypnotique et ses forces occultes devant lesquelles tombent les résistances. On se laisse happer sans réserve par ces nappes orageuses portées par des compositions impeccables. La batterie paraît avoir un répertoire infini, la basse maîtrise le groove. Et le duo forme une symbiose que pourraient jalouser leurs grands maîtres Black Sabbath. Au point que la prestation évolue sans un heurt, sans inhibition aucune. Les énergies ainsi lâchées au vent, le temps se fige dans un délire introspectif presque chamanique. Frisant l’endiablé; la voix, parfois familière des Doors, évoque plus l’incantation que le chant, mais lorsqu'on en saisit à la volée quelques versets ‘and travels under twin rays, the host moon fades’, on sent combien Om manipule aisément le jour et la nuit. Terriblement prenant, même sans initiation. A garder à l'oeil, surtout que Le grand Steve Albini est occupé en ce moment même à produire leur troisième album.

On se croyait à milles lieues sous terre dans l'obscurité obsédante d’Om. Pourtant, dehors, le ciel est clair et les influences jamaïcaines. Changement radical d'ambiance et place au ska enrichi des Slackers. Délicieux, détendant, décomplexé. Les Américains de Brooklyn assurent avec ces compositions variées, mariant leurs rythmes ska à une ambiance blues-soul, ou leur reggae jamaïcain à des plages instrumentales jazzy. Et sur scène, le quintet a la classe. Le chanteur a une bonne tête à la Tom Hanks, les musiciens ont des sourires plein les poches. On comprend pourquoi ils sont réputés pour leurs prestations scéniques et ont enchaîné une dizaine de tournées mondiales. La foule est bouillante et puise abondamment dans l’excitation de début de festival pour danser énergiquement. Béatement.

Une heure de pur bonheur, qui place la barre bien haute pour accueillir leurs voisins de  Brooklyn, les Skatalites. Trop haute peut-être pour ces vétérans qui ne peuvent feindre la disparition de leurs vertes années. Si en 64, ils ont amplement participé à la popularisation du ska, voire même influencé Bob Marley, le temps a passé. Et ce concert n’apporte rien de neuf sous le soleil, malgré un public indulgent qui accueille toujours les classiques en manifestant son enthousiasme. "Guns Of Navarone" ou "Man In The Street" emballent sans effort. Et puis, oui, la Jamaïque séduit toujours. Ce qui rachète les Skatalites est cette éternelle passion occidentale pour la culture rastafari. Au final, les petites voix critiques enfoncées au fond des poches, ça suffira pour passer un moment chaud et bienveillant.

Guitar Wolf, en tout cas, n’a pas aimé. Et le monde entier le saura. Ca joue très fort du côté des Japonais. Les appareils photos et sourires figés, ils ont l’air plutôt commode. L’esprit punk en émoi et quelque rancœur à extérioriser, ils font presque peur. Les cheveux sont gominés, les pantalons en cuir, les tatouages fièrement exhibés. Faut-il rire ou pleurer ? Le public est en plein désarroi. Mais la guitare crade et saturée reprend de plus belle. Il pleut des refrains teigneux. Par contre, les crises durent rarement plus de deux minutes, et c’est tant mieux car on survit difficilement plus longtemps en apnée.

L’orage passé, on ne rêve que de se faire panser les blessures par le groove suave de Bonobo. Après une magnifique prestation à la péniche Bioel en automne dernier, l’attente est grande. Les Anglais sont acclamés et on sent que beaucoup sont venus tout spécialement pour leur trip-hop de velours aux teintes 70’s. Malheureusement, malgré une instrumentation riche (guitare, basse, piano, flûte, saxophone,…), un son chaleureux et mélodique, l’ambiance décolle péniblement. La prestation s’englue dans des envolées instrumentales frisant la monotonie. Même le chant sulfureux de la Sud-Américaine Bajka ne parvient pas à captiver.  Même les retours aux meilleurs morceaux de « Dial M for Monkey » paraissent sans relief, récités plus mécaniquement que passionnément. La salle se désemplit, au grand désarroi de leurs admirateurs, qui voudraient voir le public plus compréhensif, au moins en reconnaissance de la qualité de leur dernier album « Days to come ». Mais il faut avouer que les musiciens s’agitent mollement, dissimulés derrière leurs instruments. S’ils ont tous un air charmant, aucun lien n’est tissé avec le public, et ça manque cruellement d’ambiance. Serait-ce que les petits protégés de Ninja Tune s’accommodent difficilement des spots festivaliers massifs ? On pourrait comprendre que la pénombre intimiste soit plus adéquate pour un son qui puise sa magie dans le flou artistique. En tout cas, sous la pyramide comble, les filets de lumière bleutée ne suffisent pas à l’alchimie. La boîte à malices reste close. Tout l’aléatoire du live est niché ici, dans cette prestation pleine d’attentes qui remplira à peine le minimum syndical.

Sur ces quelques regrets, Cinematic Orchestra replonge instantanément dans l’atmosphère Ninja Tune. Le public est déjà en partie lassé par ces univers aussi visuels que sonores, où l’imagination est indispensable pour apprécier le voyage. En conséquence, l’effet est mitigé. Une partie du public est assez réticent au génie des Américains, tandis que d’autres plongent sans réserve dans ces expérience sonores acheminées jusqu’à la jouissance. Ces puissants crescendos donnent toute leur consistance à ces nappes instrumentales où les ambiances claires et obscures se donnent sans cesse la réplique ; avec l’habileté du caméléon, elles se teintent entièrement de la chaleur des clarinettes jazzy avant de plonger au cœur d’une tension krautrock obscure et glauque entrecoupée de breaks de batterie familiers d’Amon Tobin. L’allure incertaine et imprévisible, à la limite de l’improvisation, donne relief et caractère à chacun des morceaux. Tout comme cette sensuelle voix féminine, suspendue un instant au-dessus de l’univers trip-hop de Massive Attack. Les paysages défilent, mais le trajet est ponctué d’anecdotes farfelues, qui permettent à Cinematic Orchestra d’enfoncer les portes ouvertes par Bonobo. Malgré un public légèrement retranché sur ses positions, on appréciera cette féérie instrumentale dans un festival surtout investi de guitares électriques et de laptops.

C.P.

 

Suivant sa bonne habitude, Musiczine avait également dépêché d’autres émissaires à Dour. En l’occurrence Sébastien Leclercq (également préposé aux photos) et le rédacteur en chef. Histoire de vous offir le compte-rendu le plus exhaustif possible du festival…

Une météo chagrine, des files d'attente interminables depuis la sortie d’autoroute jusque l'entrée, en passant par le guichet délivrant le précieux pass : certains festivaliers ont dû attendre plus de 4 heures entre leur arrivée et leur entrée dans l’enceinte ! Mais il en faut bien plus pour décourager ce public qui s’est massé sur la plaine (boueuse) de la Machine à feu. Le festival est sold-out pour les 4 jours, et ce pour la première fois de son histoire (19 éditions).

Le Club Circuit Marquee est déjà bien rempli pour assister au set de The Jai Alai Savant. Un trio américain qui s’était produit à l’AB, en mai dernier, devant une cinquantaine de personnes. Leur tracklist est sensiblement identique, mais le groupe joue beaucoup trop fort ; ce qui altère considérablement les subtilités de leur reggae/funk/roots/dub/psyché/pop (parfois légèrement teinté de ska). Même la voix de Ralph Darden finit par se tordre dans nos oreilles. Ce qui n’empêchera pas leur prestation de recueillir un vif succès, Ralph se lâchant même en fin de set, apparemment heureux du succès récolté… N’empêche, et je le répète, ce Jai Alai Savant risque fort de passer au statut de star d’ici deux ou trois ans.

Triggerfinger est un combo issu du nord du pays réunissant l’ex Sin Alley et Angelico, Ruben Block, le drummer Mario Gossens (ancien Hooverphonic et Noordkaap) et l’ex- Wolfbanes et BJ Scott, Paul Van Bruysteghem. Un trio qui pratique un stoner légèrement bluesy. Imaginez un Queens of The Stone Age qui aurait beaucoup écouté les débuts du Led Zeppelin. Et franchement, je dois avouer avoir assisté à un des premiers grands moments du festival. Pas de trace de leur célèbre cover de Brel, « Au suivant », cependant ; mais une très longue et remarquable version du « Commotion » de Creedence Clearwater Revival. Mario est époustouflant à la batterie. Son jeu est à la fois souple et explosif. Et Ruben est un fameux guitariste. Le look sixties (les rouflaquettes !) il triture son manche avec une habileté hors du commun, sans pour autant sombrer dans le nombrilisme. Car la force de Triggerfinger, c’est sa cohésion et l’adrénaline pure qu’il parvient à libérer en public. Une claque !

The Experimental Tropic Blues Band ? Ben oui, c’est la énième fois que j’assiste à un de leurs concerts. Et je ne m’en lasse toujours pas. Parce que c’est un groupe de scène qui perpétue l’histoire du rock’n roll tout en revendiquant l’héritage naturel des Cramps et de Jon Spencer Blues Explosion. Le set démarre cependant sur un ton plus bluesy (psycho boogie si vous préférez !) ; et enfin la fameuse guitare rectangulaire (celle qui me rappelle la gratte de Bo Diddley) n’est pas demeurée dans son rack. Dirty Wolf en joue à plusieurs reprises. Progressivement, le rock’n roll se fait de plus en plus présent, et le déchaînement du trio se fait crescendo. Boogie Snake y va de son snakediving en haletant dans un micro pendant que Dirty Wolf assène la cover du « Human fly » des Cramps à l’aide de sa fiche de guitare. A charge de Devil d'Inferno de tenir le navire à flots en martelant tribalement ses fûts. Puis c’est au tour de Wolf de se jeter dans la foule, y perdant pour l’occasion son pantalon et son caleçon. Après ce show, je cède le relais à Sébastien et rentre au bercail : le festival n’en n’est qu’au début.

Il s'agit ensuite de se frayer un chemin à travers dans la tente ‘Dance Hall’ pour assister à la prestation d’Aaron. J’arrive malheureusement en fin de set, mais l’écoute de quelques titres suffit amplement pour se faire une petite idée du potentiel du Français. Après un passage remarqué aux Ardentes de Liège une semaine plus tôt, Aaron semble se plaire sur les anciens terrils. Son aisance sur scène, la voix de son chanteur -et ses pas de danse qui ne sont pas sans rappeler Chris Martin- enflamment le chapiteau. D’ailleurs la foule réagit à coups de salves d'applaudissements. Une ambiance partagée que le groupe s'empresse de photographier en fin de parcours.

Pour faire monter la température (qui n'est pas très élevée pour un jour de juillet), on peut également compter sur Vive la Fête. Un groupe qui n'a guère froid aux yeux. Et le mot est faible. A cause de son mélange audacieux (qui a dit osé ?) de pop/new-wave, réminiscent des 80's (le « Da da da » de Trio n’est pas loin non plus), mais aussi de son visuel scénique. Ainsi Els Pynoo débarque-t-elle dans une des ses tenues légère et affriolante (messieurs, voyez notre section photos), dont elle seule a le secret. Le reste du groupe arbore un look à la Marylin Manson, contrastant avec la tenue blanche éclatante et la chevelure blonde d'Els. Comme il y a deux ans, le groupe va séduire un public venu en masse, rassemblant francophones et néerlandophones, jeunes et moins jeunes (on peut apercevoir ici et là quelques ‘curistes’ ou nostalgiques des 80's). Pendant plus d'une heure le groupe aligne des titres dignes d’une série de 45 tours tout droit sortis d'un vieux juke-box, dont certains sont issus du dernier album, « Jour de chance ». Et la prestation s'achève par un « Noir Désir » à rallonge au cours duquel Danny Mommens se lâche dans ses solos pendant qu’Els se dandine tout en exhibant libidineusement ses sous-vêtements...

S.L. et B.D.

 

 

Dour festival 2007 : vendredi 13 juillet

L’après midi s’ouvre en douceur par le rock cotonneux de Sean Lennon. Voyage en parachute, pour les esprits embrumés. Le fils de Yoko et John n’impressionne certes pas par sa taille (1m55 ?), ni par son charisme, encore moins par son innovation ; ça sonne comme Eliott Smith et on sent l’inévitable héritage des Beatles. Par contre, son effort d’expression en français et ses ballades aigres-douces finement ciselées ravissent les festivaliers encore étourdis par la courte nuit… Les yeux sont mi-clos, les cœurs légers. Les pensées emportées par les romantiques mélodies de « Dead Meat » et « Spectacle ». Malheureusement, la paix est de courte durée. Venu de nulle part, un festivalier nu comme un ver et noirci de croix gammées, s’élance gaiement dans la mare de boue avant de se faire enfoncer un parapluie dans les fesses. En général, c’est là qu’on lance la pub. A défaut, il n’y a plus qu’à détourner tant bien que mal son regard du spectacle gluant, qui, s’il est loin de convaincre, a déjà entièrement fait fondre le mirage de tranquillité…

Cette année à Dour, le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. A l’heure où les ronfleurs s’éveillent difficilement, le site à moitié désert accueille ceux que Lenoir qualifie de meilleur groupe du monde. Car depuis leur premier « Sad Songs for dirty lovers », The National enchaîne les petites merveilles. Et quand s’élève le timbre grave et doux de Matt Berninger, le monde se dérobe sous nos pieds sales et boueux. Les sceptiques, les indécis, les curieux s’immobilisent un instant. L’oreille est tendue, les yeux se posent sur la scène, et quelques minutes suffisent pour désarmer les plus vaillants. Le conteur a séduit, et fait sombrer délicieusement dans les méandres de ses narrations entre l’ombre et la lumière. Bientôt le public est pendu aux lèvres de ces inconnus. Peu fervents d’interviews et de promotion, sobres et discrets, leurs compositions en revêtent une humilité profondément sincère et touchante. Les Montréalais produisent ainsi dans l’intimité leur chef d’œuvre trop souvent insoupçonné. Sur scène, l’instrumentation est impeccable et rien ne vient troubler cette voix indélébile, qui ne souffre en rien la fréquente comparaison à Stuart Staples (Tindersticks). Et en live, le nouvel album Boxer séduit autant par son acoustique ténébreuse acheminée en explosion des sens; surtout « Ada » et « Fake empire » où l’imparable crescendo fait tomber les dernières résistances. Les cœurs chavirent. Délicieusement submergés par le moment présent.

Le ciel bleu azur est parfaitement de circonstance pour accueillir Herman Düne et son ukulélé électrique. La plaine ensoleillée se remplit petit à petit, et salue suspicieusement l’étrangeté de l’apparition (la folk intimiste d’Herman Düne à Dour ?). Mais les cordes du banjo sont à peine pincées que les visages s’éclairent. Le concert prend tout son sens, les esprits se détendent, les sourires sont gratifiants. Et si David Ivar avait pu sembler quelque peu désabusé au départ de son frère André, sa prestation a ici repris des couleurs. Sa voix vibrante constamment sur le fil du rasoir suscite à nouveau de petits miracles d’émotion, comme sur “Good for no one”, littéralement irrésistible. Cette humanité à fleur de peau apporte une touche complètement surréaliste au milieu du paysage boueux jonché de déchets. Et cette folk timide se niche au creux d’un merveilleux décalage, à côté des brutes égosillées de l’Eastpack core et du Dance hall.

A l’heure de l’apéro, on se précipite vers l’électropop ensoleillée de Hot Chip. Etonnamment, le concert ne rassemble pas la foule alors qu’ils avaient comblé le Botanique en automne dernier. C’est vrai qu’ils n’ont ni les belles gueules de Dj ni le style branché pantalons serrés ; mais quelques beats suffisent pour conquérir même les errants et comprendre combien les absents auront tort. Quoi de plus jouissif que de danser sous un ciel azur sur des synthés francs et chauds qui ne faiblissent pas. Par ailleurs, le live n’aligne pas cinq Londoniens immobiles derrière leurs machines ; ça joue avec des boucles, des mélodies au rhodes, des voix entremêlées et des ruptures aux congas. Et c’est terriblement entraînant. "Over And Over" et "And I Was A Boy From School" déroulent instantanément le tapis rouge et bousculent les danseurs ensommeillés. Des sourires se libèrent et l’ambiance n’évolue qu’en crescendo pour exploser sans retenue sur « It’s my piano », leur nouvelle bombe en exclusivité sur la compile « Dj Kicks ». Juste un léger regret sur le choix des morceaux qui met sans cesse « The warning » à l’honneur au détriment de « Coming on strong », petite merveille insuffisamment couverte d’éloges. Car si leur second album a l’efficacité et l’effervescence idéales pour le dance-floor, il n’en a pas les mélodies délicates et raffinées des débuts. Take care…

Le soleil décline, et la pyramide est déjà partagée entre clarté et obscurité. Il est l’heure de dévoiler l’univers assombri de The Horrors. Les yeux sont noircis de khôl, les sourcils froncés, les coiffures à la Mireille Mathieu et les mines cadavériques. Brusquement, ils saisissent leurs guitares et font exploser leur garage-rock endiablé, qui ne fera que s’élever haut et fort jusqu’à la fin. Presqu’aucune interruption, le concert va droit au but, dans un déluge sonore parfaitement maîtrisé. Une voix éraillée crie sur des rythmes hystériques portés par des guitares rêches et un orgue teigneux. Le registre est répétitif en soi, mais c’est génialement infernal et ça ressuscite les Cramps comme dans un mythe. Impressionnant pour ces Londoniens à peine majeurs, et parfaitement imbuvables en dehors de leur génie musical. Les organisateurs essuient certainement une goutte de sueur, soulagés par le calme relatif de ces personnages frisant toujours la crise sur scène ou dans les coulisses. Cette fois, la foudre aura frappé sans atteindre personne. Et sur cette introduction hantée et déjantée, la nuit peut commencer.

Pour les plus sensibles, la suite sera fleur bleue. Séduisante au cœur du romantisme sixties de Bright Eyes, tous de blanc vêtus, sur une scène maculée de fleurs multicolores. Connor Oberst fait une entrée grandiloquente, en accompagnant ses complaintes solitaires d’un riche  orchestre. Le décor y est d’ailleurs aussi travaillé que les magnifiques animations visuelles créées en direct par le génie artistique d’un ami, qui nous fera expérimenter la fascination pour le mélange des couleurs, l’entrelacement de boutons puis de billes multicolores. Non seulement l’effort est apprécié (tout ça pour nous ?), mais en plus, les mises en scène tapissent joliment les ballades touchantes et la voix tremblante du jeune prodige. Entre les morceaux, l’Anglais manifeste aussi sa présence. Il raconte des anecdotes cocaces ou sérieuses, comme son engagement politique débouchant sur une tournée accomplie en compagnie de Bruce Springsteen et Neil Young. Un spectacle qui a donc le mérite de se démener pour plaire. S’il lui manque peut-être quelques morceaux entêtants pour compenser d’autres plus insipides, l’atmosphère captivante dans laquelle le décor a réussi à nous envelopper fait littéralement tomber l’esprit critique en poussière. Et puis, on se serait presque contenté du frissonnant « This is the first day of my life », où d’un chant presqu’a capella, l’émotion s’est déposée comme une fine pellicule de poussière sur les cœurs battants et les bouches-bée.

L’énigme Clap Your Hands Say Yeah demeure entière. Tellement entraînants sur disque et sur internet –leur rampe de lancement–, tellement insipides sur scène. On reste surpris par un tel contraste. Autant le timbre nasillard d’Alec Ounsworth est accrocheur et croustillant en studio, autant son effet ravageur s’effondre en live. On ne compte plus les regards interrogateurs de ceux qui disent entendre leur mamy chevrotante au micro. Lorsqu’en plus, les musiciens passent la moitié du concert le dos tourné au public, difficile d’être séduit. Timidité ? Nonchalance ? Provocation ? La formation de Brooklyn est un cas à part entière. On ne sait plus s’ils sont vraiment bons ou ont été surestimés par une hype imprévisible et arbitraire. C’est notamment la question qui surgit à la déception de toutes leurs prestations live et l’opportunisme de leur deuxième album Some Loud Thunder. A l’exception de la magie noire de « Satan said dance », en concert, la seule valeur sûre réside dans ces deux excellents morceaux du premier album, toujours acclamés malgré les yeux froncés et les regards critiques : « The skin of my yellow country teeth » et « Is this love » restent indéniablement rythmés, mélodiques et charmants. Mais si leur génie se limite à trois chansons, autant se remettre à écouter Talking Heads.

C.P.

 

Et qu’ont retenu Sébastien et Bernard de cette journée ?

Ce n’est que le deuxième jour du festival et pourtant quelques spectateurs semblent déjà avoir du mal à (sur)vivre. Certains sont déjà affalés comme des épaves, d’autres continuent à faire le clown, déguisés dans des tenues aussi excentriques les unes que les autres. D’autres encore s’amusent avec des robinets à eau ou autres frisbees. Non, non nous ne sommes pas à Blankenberge mais bien à Dour, et recentrons rapidement l’objectif principal de ce festival : la musique. N’empêche, cette deuxième journée nous a laissé un goût de trop peu et on ne peut vraiment pas dire que l’un ou l’autre groupe nous ait particulièrement enthousiasmés.

Les plus endormis ne devront pas compter sur Sean Lennon pour les sortir des bras de Morphée. Au contraire. Le fils du prodige nous balance, en ce début d’après-midi, de longues ballades interminables et insipides. Et pas la peine de décrire le look du band ou son jeu de scène : il n’y en a pas. Dans leur bulletin du lendemain, nos confrères de No Bulshit n’hésiteront d’ailleurs pas à massacrer cette prestation à coups de superlatifs destructeurs. (S.L.)

Et la suite n’est pas plus encourageante, le festival enregistrant sa première annulation (la seule en plus de 200 concerts, mais elle nous a bien fait pester) : celle du trio féminin Erase Errata. Les demoiselles sont bien présentes sur le côté de la scène ; mais leur matériel semble s’être égaré quelque part dans la nature (!?!?) Après une longue période d’attente, le Dance Hall se vide peu à peu. Pompon vient ensuite annoncer la mauvaise nouvelle à la dizaine de fans qui croyaient encore dur comme fer que la formation américaine allait se produire : le concert est annulé. Il ne sera même pas décalé, car le groupe doit prester le soir même à Bruxelles. Dommage car l’album « Nightlife » avait reçu d’excellents échos et leur présence aurait apporté une touche plus rock à une affiche pop plutôt aseptisée, programmé au cours de cet après-midi. Certains médias n’avaient d’ailleurs pas hésité à leur coller une étiquette ‘chaînon manquant entre Hole et Fugazi.

Heureusement, il y a eu Les Anges. Né sur les cendres du défunt Hulk, la formation bruxelloise, qui a enregistré l’arrivée de la ravissante, excentrique et toujours aussi sexy Sandra Hagenaar, pratique ce qu’on appelle communément du stoner. Mais un stoner teinté de garage. A cause des accès de claviers rognés inoculés par l’ex claviériste de Fifty Foot Combo. Les trois autres entretiennent un rock malsain, nerveux, tendu, souligné par la voix tour à tour tendre ou rageuse de Renaud Mayeur et balayés de ses riffs de guitare ravageurs. Pas pour rien qu’on leur prête souvent, comme influences majeures, Queens of The Stone Age, Kyuss et les Hellacopters.

Sous le même Dance Hall, No Means No était programmé à 18h10. Originaires de Vancouver, ces vétérans de la scène punk affichent quand même un quart de siècle d’existence au compteur. Un trio dont les visages trahissent la cinquantaine bien entamée. Torse-nu, le drummer porte un bermuda ridicule à fleurs. Il est posté à droite de la scène. On sent que la formation prend beaucoup de plaisir à jouer en ‘live’. Sans concession, sa musique oscille du punk au hardcore en passant par le free jazz. Et le set ne manque ni de pêche ni d’humour. Mais j’ai beau accomplir d’énormes efforts pour essayer d’assimiler ce cocktail sonore particulièrement explosif et original, rien à faire, je ne parviens pas à l’encaisser. Un mauvais jour, peut-être…

Changement de décor (l’Eastpak stage) et de style (hardcore). Mais est-t-il encore nécessaire de vous présenter Sick of It All ? Il y a plus de 20 ans que ces Américains bousculent les foules de leur hardcore de référence. Comme ce sera souvent le cas sous ce chapiteau réservé à ce style musical, les premiers rangs pogotent sec. On ne compte plus les ‘circles’ ou autres chocs de masse à la ‘Braveheart’. Certains titres comme « War » montent crescendo et les nombreux slammeurs donnent bien du travail aux bénévoles de la sécurité (pour la plupart des fans de hardcore eux-mêmes) qui semblent toutefois avertis, et s’en amusent même parfois...

C’est d’un pas nettement moins allègre que nous nous rendons vers la grande scène pour le set de The Rapture. Après un premier album « Echoes » rafraîchissant, Les New-Yorkais étaient un peu tombés dans l’anonymat (si ce n’est quelques premières parties accomplies lors de la tournée de The Cure). Mais si leur set au Botanique avait quelque peu déçu, ce soir, à Dour, The Rapture va balayer nos craintes. En débutant par ses titres les plus rock et dansants comme « Get myself into it », le public accroche rapidement. Leur punk teinté de disco fait recette et le parterre devant la grande scène s’anime tel un dancefloor, le samedi soir…

S.L. & B.D.

Rock Werchter 2003 : dimanche 29 juin

A peine remis de la veille, nous voilà repartis pour une journée de décibels, de coma sous le soleil et de sprint entre les deux scènes : heureusement qu’avant Cypress Hill, les artistes qui se sont succédés n’étaient pas de ceux qui exigent à leur écoute des boules Quiès et du Nurofen (à l’exception des gamins de Good Charlotte). Le rock burné, c’était hier. Aujourd’hui, c’est le rendez-vous des familles. Pour redémarrer en douceur après trois nuits de camping et trois (deux et demie) journées de festival, rien de mieux qu’un petit Das Pop, ce groupe flamand sans prétention qui allie mélodies catchy et légères touches eighties. Nonobstant le synthé qui faisait des siennes, Bent Van Looy et les autres redoubleront d’énergie pour faire oublier cet incident technique. Tous leurs hits seront passés en revue, plus une reprise sympathique de l’« Abracadabra » du Steve Miller Band.

De quoi se mettre de bonne humeur pour le reste de la journée, et accueillir en fanfare les joyeux drilles de De La Soul, qu’on croyait pourtant définitivement à la retraite. Deux platines, trois MC’s : les rappeurs old school du « Daisy Age » (ce rap hippie, en rien revanchard) n’ont besoin de rien d’autre pour mettre le feu. «  Me, Myself and I », « Ring Ring Ring », « Stakes Is High », « Thru Ya City », « All Good », « Oooh » : autant de hits cool et sympathiques qui s’apprécient à l’aise, assis, debout ou couché.

Idem pour la musique ensorcelante des Hollandais de Zuco 103, qui mixe allègrement samba brésilienne, BPMs exotiques et fiesta latino. Entourée d’un groupe soudé (le percussionniste Stefan Kruger, le claviériste Stefan Schmid, plus un bassiste et un DJ), Lillian Vieira pouvait se lâcher et narguer les spectateurs de ses poses suggestives. En trois quarts d’heure, l’électrisante chanteuse n’aura laissé aucune chance aux festivaliers en bout de course, assommés par la chaleur et le manque de repos. « Vous chantiez ! (Ces trois derniers jours) J’en suis fort aise… Eh bien, dansez maintenant ! », semble-t-elle dire aux endormis qui osent rester de marbre face à ses déhanchements lascifs… La musique elle aussi était chaude comme la braise : d’abord on souffle dessus (le début du concert), puis ça prend doucement, pour finir en brasier (la fin, boombastic avec ses rythmes house, balearic, afro). Zuco 103 sort un album live en septembre, qu’on espère enregistré à Werchter… Ca nous rappellera les vacances, et ce chouette moment qu’on a passé à danser sous le Marquee, trempé et content, la fatigue presque oubliée…

Presque. Parce qu’après la samba, c’est l’heure des ballades écorchées, du coup de pompe au cœur, de la mélancolie possessive : « If words could kill/I’d spell out your name », susurre Tom McRae sur « The Boy with the Bubblegun », en toute fin de concert. Auparavant, l’Anglais dépressif aura plaisanté sur son hamster et sur la pluie qui le poursuit (heureusement pas ici), enchaînant ses perles avec retenue mais délicatesse. « You Only Disappear » ouvre le bal (celui de « Carrie » ?), suivi du tubesque « Karaoke Soul » (et ses violons insistants), puis de « Dose Me Up », « A&B Song », etc. Normalement plus à l’aise en salle, McRae se sera montré bien bavard, et son folk-rock crépusculaire n’aura jamais pâti de la concurrence déloyale des gros décibels de Supergrass, au même instant sur la Main Stage. Gaz et ses trois potes ont beau faire du boucan, rien n’y fait : le soleil a vaincu les plus solides, qui dorment lamentablement entre deux piles de verres en plastique ramassés pendant le set des affreux Stereophonics. Et pourtant, Supergrass aura mis les bouchées doubles: « Sun Hits The Sky », « Lose It », « Mary », « Moving », « Pumping on your Stereo », « Richard III », « Lenny », « Caught by the Fuzz »,… Que des classiques, en plus de quelques morceaux de leur dernier album, « Life On Other Planets ». La chaleur ? Quelle blague ! Même le sang (la cuisse de Danny, étrangement blessée) n’arrête pas ces quatre Anglais, qu’on croirait échappés de la Planète des Singes. Mais que fait la Croix Rouge ?

Peut-être a-t-elle trop de boulot du côté du Marquee, plein comme œuf depuis l’arrivée sur scène de Skin, l’ex chanteuse de Skunk Anansie. Une chose est sûre : si la tigresse a rétracté ses griffes et laissé pousser sa crinière, elle n’en a pas pour autant perdu son sex appeal. « I’d like to shag you all », ronronne-t-elle après une version remodelée de « Weak » (dépucelée ?) : euh, oui, mais, hum, tout le monde en même temps ? Restons-en à la musique, ça vaudra mieux : moins sauvage que le pop-rock-metal de son ancien groupe, plus câline, elle se goûte sans danger, comme si l’amour avait remplacé la colère, les bons sentiments la rancune et la rage. Il est bien fini le temps des « Selling Jesus » : Skin se met à nu, au sens figuré pour une fois. De son interprétation en douceur, on retiendra surtout ce « Trashed » habité, et bien sûr « Twisted » et « Hedonism », qui nous rappellent avec émotion cette époque où la féline rôdait sur la Main Stage en montrant les crocs…

De belles chansons pour les cœurs tendres : c’est aussi la spécialité d’une autre donzelle au physique avantageux, Nina Persson des Cardigans. Avec son beau minois et sa voix caressante, la belle Suédoise aura charmé l’assemblée, faute de mieux. C’est que les chansons des Cardigans passent mal en plein soleil, plus habituées à la tiédeur du soir et aux ambiances feutrées qu’au raout de masse… En plus de tous ses mâles, Nina partageait la scène avec Eva, une charmante nouvelle recrue : encore une, et c’est les Corrs ! Sans blague : ce « Lovefool » mièvre et sucré, c’est bon pour « Tournez Manège »… Seuls « Erase & Rewind » et « My Favorite Game » oseront accélérer la cadence et piétiner les plates-bandes d’une pop-rock plus couillue. Mais le grand huit musical, lui, n’est pas encore au programme. 

Heureusement qu’il y avait Cypress Hill pour réveiller enfin cette foule anesthésiée : qu’ils soient là reste certes un mystère (ils n’ont plus rien sorti depuis un bail), mais au moins leur set aura eu le mérite de faire trembler la plaine, sous les coups de boutoir de bonnes grosses basses et d’appels festifs à la défonce. « I Wanna Get High », « Hits From The Bong », « Stoned Is The Way » : il n’en fallait pas plus pour remuer les fumeurs de haschisch mais aussi les autres, tout aussi défoncés par les rayons U-VB qui filtrent à travers la couche d’ozone. Aaah, que ça tape dur sur nos têtes ! Mais B-Real et Sen Dog n’ont rien à faire de nos malheurs : ils balancent leurs bombes de « stone-rap » sans interludes – 14 titres en 50 minutes ! Des hits, pour la plupart : « Ain’t Going Like That » en ouverture, puis « Pigs », « Cock the Hammer », « Dr Greenthumb » (illuminé par un solo de percus très impressionnant), « When The Shit Goes Down », et bien sûr « Insane In The Brain », avec pour terminer le terrifiant « Rock Superstar » et ses riffs métalliques (samplés) qui laissèrent le public à genou… Au loin, tandis que se dispersaient déjà les spectateurs à la recherche d’un désaltérant bien mérité, les premiers nuages de la journée voilèrent enfin le soleil, rafraîchissant l’atmosphère juste avant le début du concert des Audio Bullys, sous la tente.

Simon Franks pourrait bien être le cousin de Mike Skinner : même dégaine de vacancier british débonnaire, même accent de « lad » ayant grandi dans la banlieue de Londres (ou d’ailleurs), même attirance pour la Jupiler… Sauf qu’ici les beats cognent davantage, et les refrains sentent plus l’Axe « fraîcheur pour hommes » : les Audio Bullys, avec leur « hooligan house » de comptoir et leur look de « trainspotters », ne font donc pas dans la dentelle… Sur CD (voir chronique), c’est plutôt limite, mais en live ça dérouille les guiboles. Les mains en l’air, yeaaaahhh ! ! ! Et même si le MC était parfois à la masse, et sa voix sans relief, on aura bien dansé, bien sué, bien ri. Le clou du spectacle : un « We Don’t Care » hénaurme, qui nous mit sur les rotules. LE concert bourrin du festival, bref un grand moment, que l’on s’empressera de raconter aux potes. La prochaine fois (au Pukkelpop), on prendra notre sifflet et nos fumigènes achetés au Fan Shop du Sporting Club d’Anderlecht.

Après telle bamboula, le rock à papa de Coldplay aurait pu casser l’ambiance : c’était sans compter sur le professionnalisme des quatre fils préférés de l’Angleterre, et surtout sur le charisme de Chris Martin, devenue une véritable bête de scène en l’espace de quelques mois de tournée intensive. Pour rappel, Coldplay avait joué à Werchter l’année dernière, en fin d’après-midi, devant un public à peine attentif. Douze mois plus tard, la donne a fort changé : les Britanniques sont maintenant des stars, prêtes à rivaliser avec, au hasard, REM… selon Martin « le deuxième meilleur groupe du monde » ! Rarement en tout cas aura-t-on vu plus belle ascension : dire qu’il y a trois ans, ils jouaient dans la tente Club du Pukkelpop à 13h00 tapantes ! Et si Chris Martin devenait le nouveau Bono (mais un Bono des quartiers riches, un peu coincé et trop lettré) ? C’est bien parti pour lui, au vu du tour de son col de chemise, qui ne cesse de s’élargir… Oui, le leader de Coldplay attrape la « grosse tête » : pendant « Everything’s Not Lost », c’est à peine s’il obligea le public à chanter, vexé qu’il ne s’y soit pas mis plus tôt… Non mais, gros mégalo ! Mis à part ça, le concert fût de très bonne tenue : tous les hits, en plus d’un inédit (« Your World’s Turned Upside Down », très… U2) et d’une face B qui n’en avait pas l’air (« One I Love »). Coldplay semble un groupe fait pour durer, dont la popularité ne cesse de grandir. Reste à espérer que Chris Martin ne deviendra pas une rock star imbuvable, et qu’il arrêtera de nous pomper l’air avec son « World Trade Fair ».

Et puis vint le miracle, la béatitude, la huitième merveille du monde, la bénédiction « urbi et orbi » : Moloko et son électro-pop-funky-jazz de bazar, Roisin Murphy et son air mutin, tous ces tubes enchaînés repris à tue-tête par un public déchaîné. Une ambiance incroyable. Une chaleur tropicale. Un concert torride. Une sacrée claque. Moloko n’était jamais arrivé à cette perfection, atteinte ici en deux tours de passe-passe : dès les premières notes de « Familiar Feeling » la joie du public explosa ; comme si toute la journée il avait fallu attendre le moment opportun pour se laisser aller, pour jouir tous ensemble, pour s’oublier dans le « nous », en vibrant aux beats groovy de la sexy Roisin, seule maîtresse à bord de cette Pyramide qui tangue, qui chavire, qui transpire. Quelle femme ! Cette voix ! Qui passe sans problèmes du blues langoureux (sur « I Want You ») aux gémissements lascifs du dance-floor extatique (le reste). « Come On », « Fun For Me », « Pure Pleasure Seeker », « Forever More », « Cannot Contain This » : autant de hits exutoires qui nous auront emmenés au septième ciel… Dommage d’ailleurs qu’il n’en existe pas un huitième, parce qu’avec « The Time Is Now » et « Sing It Back », on serait bien monté encore un peu plus haut… Il reste encore REM, Gotan Project et Buscemi, mais pour nous le festival pourrait s’achever là, à genoux, les mains jointes, devant Roisin, notre Madone du week-end, Sainte protectrice des festivaliers à bout de souffle, tannés par le soleil mais contents de cette quasi-fin mémorable.

A peine nos esprits retrouvés, voilà qu’on hallucine devant trois lettres rouges qui semblent clignoter au loin, sur la Main Stage : L.U.V. Mais voilà que déboule Michael Stipe, et l’on finit par comprendre : c’est REM, et tout est AMOUR. Le concert commence par deux vieux morceaux bien remuants, « Get Up » et « Begin the Begin ». C’est la cinquième fois que REM nous rend visite à Werchter (85, 89, 95, 99, 03), cette fois pour promouvoir un best of (1989-2001) qui sort à la rentrée. Stipe, aidé par Peter Buck, se souvient : les Ramones, Jeff Buckley, Lou Reed,… Ils étaient là eux aussi. Quelques années plus tard, il ne reste qu’eux trois, amputés d’un batteur mais encore au top : la marque des grands groupes. « Drive » fait tomber sur la plaine une ambiance religieuse… Mais un nouveau morceau, « Animal », replonge les VU dans le rouge : apparemment, le prochain album sera plus rock (une impression confirmée plus tard par « Bad Day », un deuxième inédit). « The One I Love », « Finest Worksong » (tous les deux de « Document »), « Daysleeper », « What’s the Frequency, Kenneth ? » : il faudrait trois heures au groupe pour jouer tous ses hits…  Mais c’est aux premières notes de « Losing My Religion » que le public s’enflamme vraiment, reprenant les paroles en chœur, le sourire aux lèvres, les yeux fermés pour certains. Ces moments-là, quand tout le monde vibre en même temps, sont souvent inoubliables. C’est le moment pour Stipe, Mills et Buck de calmer le jeu, avec « At My Most Beautiful » et « Electrolite », deux belles chansons qui montrent l’étendue de leur talent… Ces gars-là peuvent aussi bien écrire un hymne pop sans âge qu’une ballade simple et touchante : très fort. Après une brève incursion dans leur dernier album, « Reveal » ( « She Just Wants to Be » et « Imitation of Life »), « Man on the Moon » et « Walk Unafraid » finissent de nous séduire… En rappel, « Everybody Hurts » (interrompu par une fan hystérique) et « Cuyahoga » (de « Lifes Rich Pageant », paru en 87) montrent une dernière fois à quel point REM joue toujours sans filet, étalant une classe impressionnante (et quel talent !). « It’s the End of the World… » clôture le spectacle en beauté, avec un Stipe survolté qui semble rajeuni de 20 ans. Pour une fois la pluie n’aura pas gâché la fête : alors que les trois lettres L., U., V. clignotent et s’éteignent, il est temps pour nous de baisser pavillon et de plier bagage. Quatre jours de décibels, de bières et de coups de soleil, ça fatigue… L’année prochaine, c’est certain, on louera un mobil home. 

Dour festival 2007 : samedi 14 juillet

C’est un pur plaisir d’entamer la soirée dans l’ambiance soul-funk de Nicole Willis et son backing-band The Soul Investigators, des Finlandais funkysants rencontrés dans la patrie de son compagnon Jimi Tenor. Vêtue d’une robe bain de soleil, la peau dorée et envahie par une agitation sensuelle, la diva est irrésistible. Sa voix chaleureuse aux teintes Aretha Franklin glisse fluidement sur les rythmiques efficaces et maîtrisées des Soul Investigators. Dans la lignée des Meters, les instruments à cordes ont des accents sixties, les percussions sont chaloupées, et les instruments à vent (saxophone, trombone, trompette, flute) respirent un blues ensoleillé. Délicieusement anachronique, ce son nous transporte à l’âge d’or de la ‘motown’. Dour a créé la pyramide à remonter le temps, et on l’en remercie de toutes nos oreilles. On y comprend aussi pourquoi Gilles Peterson fait de « Keep Reachin’Up » son album de l’année, tandis que Ninja Tune et le New Musical Express couvre ce troisième opus de louanges. Non, la soul n’est pas révolue.

Ecouter les Two Gallants, c’est aussi pénétrer dans un autre espace-temps. Une guitare et une batterie suffisent aux deux compères de San Francisco pour se créer un univers bien à eux. Le soleil au zénith, la terre craquelée et rocailleuse ; au loin résonne un harmonica vagabond. Mais il en faut peu pour que le ciel se couvre, et que la ballade ébauchée explose d’un coup en riffs orageux. Car c’est là toute la spécialité des Two Gallants : acheminer le caractère brut et roots du folk en nervosité punk ultra contemporaine. Contrairement à leur tournée acoustique (succédant à l’E.P. « The scenery of farewell »), ils ont retrouvé ici leur rage électrique. Leur ‘pulk’ - pour reprendre la contraction de punk et folk qui les hérisse tant depuis que, soustraite d’une plaisanterie en interview, les journalistes en usent et abusent à souhait. Et cette émotion fiévreuse n’est pas hasardeuse. Elle est le ton qui convient pour décrire une Californie érodée par l’oisiveté, l’alcool et la déchéance. L’horizon n’est ni radieux ni désespéré, ce qui rend profondément cohérent leur son à la fois sensible et écorché.

A la tombée de la nuit, la fièvre du samedi soir retombe légèrement ; la programmation est mitigée jusqu’à l’heure de la métamorphose en citrouille. Minuit sonne, et les loups sortent enfin hurler à la lune. Hurlements intériorisés d’abord travers l’électronica déconstruite d’Autechre. Comme d’habitude, le public est plongé dans l’obscurité. Les curieux de passage en viennent à se demander si le concert a déjà commencé. Les autres sont déjà loin ; entraînés par un beat syncopé qui restera en apparence identique du début à la fin. Mais dans les tréfonds de la conscience, tel un kaléidoscope, il se fait, se défait, s’allonge, s’écaille, se dédouble pour finir par exploser en miettes dans un cerveau habité. Une fois encore, et fidèle à sa réputation scénique, le fier disciple du label Warp ne cherchera pas le consensus, encore moins la conciliation. Contrairement à leur set exceptionnellement accessible du Reset festival (mars 2007), Autechre a préféré ici exhiber ses formes sans complexes ; à travers des reliefs parfois ingrats, d’incessants décalages sonores et des rythmes scandés à l’infini. Et si un live est rarement idéal pour découvrir sans initiation les étranges robots d’Autechre, des milliers d’yeux brillent néanmoins dans l’obscurité, fixes, profondément captivés par ce son ultra-expérimental en quête incessante du choc sonore. Niché au creux d’un savant calcul mathématique, leur son alimente ainsi une électro en mode free-jazz, profondément introspective. Autechre se vit en transe, ou ne se vit pas.

Aussi instantanément que s’évanouit l’univers tortueux et fascinant d’Autechre, s’élèvent les beats jouissifs de Justice. Les deux Dj puisent immédiatement dans leur registre  incontournable pour être sûr de saisir tout le public d’un coup de main. Mais pas de maître. On aurait pu faire plus en finesse, mais il est 2h, la soirée a mis du temps à démarrer, alors on se plonge dedans jusqu’au cou, sans réfléchir. On passe juste l’inévitable moment karaoké quand surgit l'hymne tant attendu « You are my friend, you’ll never be alone again ». Come on! Impossible d’échapper au remix de Simian, mais puisque l’ambiance est à son comble… Et profondément communicative vu la proximité des corps. On respire l’air et l’enthousiasme du voisin. Dans cette mare humaine, les réserves et snobismes tombent. Ca fait boumtchak, ça prend, ça ravit. Ca flirte entre la house et le disco, l'électro et le funk. Si on n'y a pas spécialement vu ‘se tenir dans la main les gothiques et les fluo kids’ (comme le promettait le dossier de presse), il faut avouer qu'ils font consensus, crête rose ou pas. Plus de raison de cacher sa joie face au jeune duo anglais qui comble 10 000 personnes de son terrible "Let There Be Light" et son incontournable "D.A.N.C.E.". ; qui remixe autant pour Britney Spears que pour Soulwax, Franz Ferdinand et Daft Punk ; qui remplit le Recyclart, gonfle le Botanique et fait littéralement exploser la Red Frequency à Dour. Respect.

Pas le temps d’oser se montrer exténués, car Vitalic prend la relève sur le même ton. On ne boudera pas son plaisir, sous prétexte que le Français est prévisible et que les mixes ne sont pas toujours impeccables. Dans le brasier, on n'y voit que du feu. Car il pleut des tubes. Et c’est parfaitement jouissif de se laisser transporter par la techno confortable de Pascal Arbez et ses laptops. Surtout sur "Poney part 1","La rock 1" ou "My friend Dario", où la foule en sueur atteint l'extase. Ca danse et ça transpire aussi des sourires. Tout « Ok Cowboy » y passera, et c’est tant mieux pour retrouver ses repères. Judicieux pour un troisième jour de festival, où les oreilles ont déjà goûté aux expériences sonores les plus incongrues, aux visions les plus invraisemblables (merci le coup du parapluie entre les fesses). Vitalic ajuste les esprits dispersés et, de son électronique fédératrice, convainc une fois de plus un public en furie.

Pour ceux qui, de cette électro souriante, avaient conservé l’esprit bon enfant, autant dire sans détour qu’ils le perdront instantanément à l’écoute d’Otto Von Shirach. A mille lieues de la niaiserie candide, l’Américain dispose de tous les instruments de torture pour transformer un set en monstruosité sonore. Mais jamais la folie n’avait été d’aussi bonne facture. Signé sur l’excellent label de Mike Patton (Fantomas, Mister Bungle, etc), Jack l’éventreur ne découpe pas les petits enfants au marteau-piqueur, mais opère un dépeçage soigneux et sélectif de bons morceaux, baignant dans la coupe nette breakcore, la sueur hardcore et le goût du metal. Jamais horreur n’avait été aussi proprement perpétrée, aussi savamment maîtrisée. Pour y parvenir, le possédé viole une guitare électrique, scalpe un punk, égorge un laptop, et fout une grosse fessée à tous ceux qui n’ont pas encore pris assez de psychotropes. Parce qu’il en faut, et en quantité, pour apprécier le meurtre collectif qui, contre toute apparence, est aussi un vrai coup de génie.

C.P.

 

Et qu’ont retenu Sébastien et Bernard de cette journée ?

Tout fan de Fugazi qui se respecte ne peut manquer, sous aucun prétexte, Joe Lally. Si le bassiste reste habituellement en retrait de son groupe, Guy Picciotto et Ian McKaye se partagent le devant de la scène. Mais aujourd’hui, son aisance étonne. Après l’intro a capella, les choses sérieuses commencent. Si la technique de basse est reconnaissable entre mille, le duo guitare-batterie demeure plutôt discret. Par contre un surprenant saxophoniste apporte une touche jazz-rock à la cover de « Morphine ». Les nostalgiques du groupe trop tôt disparu, victime du décès inopiné de Mark Sandman, retrouvaient ainsi ce savant mélange de basse et de saxo.

A l’instar de Sick Of It All la veille, Walls of Jericho est parvenu à faire vibrer l’Eastpak tent, tel un château moyenâgeux pris d’assaut par des barbares remontés. Il faut bien dire (et écrire) que le Borinage regorge ( ?!?!?) de groupes hardcore et autres aficionados du style. Si la chanteuse Candace Kucsulain rappelle Shirley Manson pour son dynamisme et son physique (les tatouages en plus), elle possède nettement moins de finesse, et sa voix sonne comme un bûcheron québécois à l’ouvrage. Quoiqu’il en soit, l’énergie est au rendez-vous, et l’on se demande comment le chapiteau tient encore en place alors que la moitié du public s’agite comme des possédés. Les ‘circle pits’ s’étendent d’ailleurs bien au-delà de la table de mixage !

Et cela ne s’arrange pas vraiment lors de la prestation de Punish Yourself. Les Français évoluent dans un registre davantage métal-indus. Leur public est conquis d’avance, et ceux qui ne les connaissent pas sont rapidement impressionnés par leur show toujours aussi sensuel, coloré et énergique.

Michael Gira a dû se demander ce qu’il avait fait au bon Dieu pour jouer devant 200 personnes. Au sein du mythique Swans, formation qui s’est séparée en 1997, il s’est produit régulièrement devant des milliers et parfois même des dizaines de milliers de spectateurs. Son nouveau groupe, Angels of Light, évolue dans la zone crépusculaire de l’underground. Mais en solo, il semble prêcher dans le désert. Et pourtant, c’est lui qui a découvert Devendra Banhart. Alors, allez comprendre ? En fait, il faut croire qu’il paie aujourd’hui son attitude imbuvable vis-à-vis de la presse, attitude qu’il a entretenue jusqu’il y a dix ans. Pourtant le personnage semble avoir changé. A l’issue de son set, il vient à la rencontre du public, en profite pour vendre quelques albums mais signe aussi des autographes et taille une bavette avec quelques fans. Aurait-il changé ou aurait-il enfin un peu plus de plomb dans la tête ? A mon avis, vu sa situation, difficile de faire autrement… Mais venons-en à son concert. Un superbe chapeau blanc (de type Dallas) vissé sur la tête, il joue assis en s’accompagnant à la guitare sèche électrifiée. Une six cordes qu’il réaccorde régulièrement. Son timbre vocal est toujours aussi intense et puissant, même si parfois, on a parfois l’impression qu’il n’est pas tout à fait en phase avec la mélodie. N’empêche, ces ballades obscures, ces mélopées incantatoires et hypnotiques, ces émotions brutes et arides, vous frappent en plein cœur. Et difficile de ne pas être fasciné par cette musique à la fois belle et douloureuse… Gira se produira à plusieurs reprises en Belgique au cours des prochains mois. A mon avis, il aura alors rôdé les chansons de son nouvel opus, « We are him ». Et dans l’ambiance feutrée d’une salle, il est encore capable d’envoûter…

Le prix de la démesure sonore est revenu à Motorpsycho. Sans la moindre contestation ! Impossible de rester à proximité du podium. A moins peut-être de porter des boules Quiès et de ne pas connaître de problèmes cardiaques. A 200 mètres de la scène, le son était encore bien puissant, mais supportable. A croire que le groupe cherche à battre le record de décibels établi par un certain Grand Funk Railroad, début des seventies. C’est vrai que musicalement, le trio s’inspire de plus en plus des seventies. Quelque part entre prog, psychédélisme, métal, krautock et noisy, leurs longs morceaux sont particulièrement élaborés et jouent autant sur les climats que les tempos. Une référence ? Peut-être le chaînon maquant entre Amon Düül et Iron Butterfly ; mais chez Motorpsycho, il n’y a plus de claviériste depuis 2003. Et encore, il n’apportait sa contribution qu’en studio.

Griots & Gods feat. The Young Gods & Dälek : en voilà une idée qui n’était pas bonne. Lorsque les musiciens des Young Gods se lancent dans de longs développements atmosphériques, on prend un plaisir certain à se laisser bercer par ces envolées visionnaires ; mais lorsque Dälek vient poser sa voix de rapper, c’est la cata. Et je me suis tiré, vite fait, bien fait. Quel massacre !

Lorsqu’on évoque Notwist, on ne peut s’empêcher de parler de toute une pléiade de groupes qui gravitent autour d’eux : Console, Lali Puna, Ms John Soda, Tied & Tickled Trio, Couch, des formations ou des projets qui relèvent de ce qu’on appelle l’indietronica, soit un mélange d’indie pop et d’électro (fallait s’en douter). Là, je ne vous apprends rien, toutes les bios consacrées à la formation allemande sont sur la même longueur d’ondes. Sur disque, je dois avouer que leur création se révèle plutôt agréable mais sans grand relief. Live, leur prestation m’a plus qu’agréablement surpris. L’électronique est mise au service d’une musique particulièrement électrique, mais également mélodique. Drivés par les frères Acher, le quintet prend une toute autre dimension sur les planches, évoquant tour à tour Radiohead, House Of Love, Tool et même le Pink Floyd ; et en particulier sur une des plus longues plages interprétées ce soir, furieusement réminiscente du célèbre « Set The Controls For The Heart Of The Sun »… Et comme dirait notre rédacteur en chef néerlandophone Johan, on est vraiment curieux d’entendre leur nouvel opus…

Pour arriver sur la plaine de la Red Frequency, il a fallu près d’une demi-heure. Moralité, je n’ai pu assister qu’aux trente dernières minutes du set de Girls In Hawaii. Une foule incroyable déambulait alors sur le site ; et une grande majorité d’entre elle voulait assister à leur prestation. Il devait d’ailleurs y avoir au moins 20 000 personnes. Juste le temps d’écouter deux ou trois nouvelles chansons. Très pop, très mélodique, très studio. Et puis l’une ou l’autre issue de leur premier opus, dont l’inévitable « Flavor » en rappel. Toujours une belle et solide décharge d’adrénaline libérée dans l’esprit du célèbre « You really got me » des Kinks…

Le big problem, à l’issue de ce concert sera de sortir de la Red frequency. Certains voulaient en sortir, d’autres y entrer pour participer au show du Peuple de l’Herbe. Et pas assez de place pour laisser passer ce flux et ce reflux ressemblant de plus en plus à un goulot d’étranglement. Des impatients et des inconscients se sont mis à pousser exagérément. Et la situation a failli tourner au drame. Des spectateurs ont tout simplement failli être écrasés. Et d’autres étaient au bord de l’évanouissement. J’étais au beau milieu du jeu de quilles, et franchement je n’en menais pas large. Heureusement, dans la nuit, le chemin d’accès a été élargi de 5 mètres. Mais quelle frayeur ! Je ne parvenais même plus à situer où je me trouvais et j’ai bien mis 20 minutes avant de rejoindre la sortie… (B.D.)

S.L. & B.D.

 

Les Nuits Botanique 2007 : samedi 30 avril 2007.

La sonnette retentit vers 20h00 alors qu’on vient à peine de tremper nos lèvres dans un gobelet de mousse, et surprise : c’est Keren Ann qui déboule sur la scène du Cirque Royal, en robe H&M et tongs brésiliennes. A peine un ‘Bonjour’ plus tard et voilà les trois premiers titres emballés et pesés, « In Your Back », « The Harder Ships of the World » et « It Ain’t No Crime ». Trois morceaux tirés du nouveau disque de l’Israélienne, plus rock, moins intimistes : il semblerait que l’exil de la chanteuse en Amérique l’ait poussé à rogner un peu les angles, à limer tout particularisme. Finies les cocasseries ambient-folk à la Lady & Bird, Keren Ann joue désormais du rock country à la sauce Emmylou. « Sailor & Widow » suivi de « Nolita » nous rassurent pendant 10 minutes : le public, attentif, ose enfin lâcher un premier râle de satisfaction. Le nez dans son Fender, Albin de la Simone remplit correctement son contrat de travail, tout comme Thomas Semence (du backing band de Jean-Louis Aubert) à la guitare et (parfois) à la basse. Soupirs et bâillements dus à la position assise, et à ces nouveaux titres (« Where No Endings End », « Lay Your Head Down ») qui souffrent d’une nonchalance conservatrice. Keren Ann n’interprétera aucun de ses morceaux ‘en français dans le texte’, même si elle est à Bruxelles et non pas à New York, nouveau terrain promotionnel. Heureusement « Chelsea Burns », « Not Going Anywhere » et « Spanish Song Bird » rappelleront à notre bon souvenir que la Française d’adoption a sorti par le passé de bons petits disques. Depuis lors la roue a tourné et Keren Ann n’occupe plus le devant de la scène… D’ailleurs il est 21h00 et c’est déjà fini : comme apéro on espérait quelque chose de plus fort.

Auréolé du Prix Constantin et boosté par une presse dithyrambique, Abd Al Malik entretient une relation des plus fécondes avec la Belgique : c’est ici qu’il a eu l’idée de son premier album solo (« Gibraltar »), et c’est sûrement pour ça qu’il est si souvent dans la place. ‘Bruxelles… Je t’aime !’ seront d’ailleurs ses derniers mots à l’égard du public, debout pour l’acclamer. Entouré du jazzman Laurent De Wilde et d’autres musiciens acquis à sa cause humaniste et rebelle, le slammeur raconte ses histoires avec une belle persuasion et un sens chaloupé du groove. « Soldat de Plomb » démarre les festivités, suivi de « M’Effacer » mais sans le support vocal de Keren Ann, ‘partie rejoindre son amoureux’, dixit Abd Al Malik : dommage, l’occasion était belle et franchement attendue… En matière d’effacement la chanteuse aura prouvé une heure plus tôt qu’elle sait de quoi elle parle, mais en fin de compte peu importe : la vedette, ce soir, c’est Abd Al Malik, un type vraiment sympa. Après « 12 Septembre 2001 » notre homme se fait grave (« La Gravité »), avant de balancer un « Gibraltar » fiévreux qui emballe l’assemblée. Un hommage à Jacques Brel plus tard (« Ce grand rappeur »), Abd Al Malik entonne « Les Autres », « Céline » et « L’Alchimiste ». Le public est conquis par ce mix de jazz, de hip hop et de chanson française, même si l’on cherche des yeux les b-boys de service. ‘Vive la Belgique arc-en-ciel et débarrassée de toutes ses peurs’, lancera le jeune homme cagoulé en début de concert : en programmant sur la même scène Keren Ann, Truffaz et Malik, le Botanique a bien compris le message. Relever le défi de l’ouverture d’esprit, voilà une belle bataille à laquelle nos salles de concert devraient plus souvent se résoudre. Le Botanique l’a fait, le public a suivi : on ne pouvait rêver mieux pour le démarrage de ces Nuits.

Keren Ann + Abd Al Malik (Cirque Royal)

 

Les Nuits Botanique 2007 : samedi 5 mai. Revenge of the Nerds.

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Soirée internationale sous le chapiteau des Nuits Botanique. D’un côté, Alex Gopher pour la France, de l’autre Just Jack pour la Grande Bretagne et, cerise sur le gâteau, The Whitest Boy Alive pour la Norvège et l’Allemagne. Et les ‘twelve points sont revenus incontestablement à ces derniers.

 En ouverture de la soirée, un Alex Gopher faiblard s’est contenté d’enchaîner essentiellement les titres de son disque éponyme. Son electro-pop n’a d’ailleurs l’air de ne produire ses effets que sur quelques rares membres de l’assistance. Même son excellent « The Child », reprise de la grande Nina Simone, a eu droit à un traitement ‘guitaristique’ des plus futiles. Une belle déception.

 Ensuite, place à Just Jack pour lequel la majorité du public était manifestement présente. Responsable d’un set quasi similaire à celui présenté au Witloof Bar quelques semaines auparavant, Jack et ses potes ont prouvé une fois de plus que lorsque l’on passe sur Pure FM et Mint, il ne faut pas grand-chose, sur scène, pour satisfaire le public…

 Apparu sur scène quelques minutes après le départ de Just Jack, Erlend Øye se fera happer presque instantanément par une horde de groupies. De quoi donner de l’espoir à tous les nerds de la planète. Après une séance de dédicaces et photos forcées (non pas que monsieur Øye ait eu l’air de s’en plaindre, au contraire), The Whitest Boy Alive au grand complet débarque sur scène et balance un set magistral introduit par « Inflation ». Entre quelques singeries et impros (« Harder Better Faster Stronger » de Daft Punk glissé entre deux titres), Erlend se montre aussi en forme qu’au festival de Dour 2006, si pas plus. Après avoir dédicacé le maladroit « Above You » à la Wallonie, la formation termine sa prestation par un remarquable « Burning », repris en chœur par quelques fans des premiers rangs. Encore un 10/10 pour le garçon le plus blanc du monde.

 Alex Gopher + Just Jack + The Whitest Boy Alive

 

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