Mustii avant que la fête ne soit finie…

L'auteur, compositeur et acteur Thomas Mustin aka Mustii représentera la Belgique au Concours Eurovision de la chanson avec son nouveau titre « Before The Party's Over », un hymne à la vie, à la fois fragile et puissant. Le titre –comme la vie elle-même– est…

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Manu Chao - Bau-huis
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Bernard Dagnies

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mardi, 24 novembre 2009 01:00

The Knot

Wye Oak est un duo issu de Baltimore, dans le Maryland. Et « The Knot » constitue son second elpee. Il fait suite à « If children », gravé en 2007. J’avais eu l’occasion de découvrir cet ensemble, live, en première partie des Dodos, au Botanique ; et je dois avouer que leur set m’avait agréablement surpris. A sein du couple, Jenn Wasner se charge des parties vocales, de la composition et des guitares alors qu’Andy Slack se réserve les drums, les claviers et la production.

Mais venons-en à la musique de Wye Oak. Très électrique, sombre, imprimée sur un rythme plutôt lent, mais sans jamais tomber dans le slowcore, parfois quand même mid tempo, elle évolue dans un univers sis quelque part entre Mazzy Star, le Crazy Horse de Neil Young, les débuts de Wilco et Yo La Tengo. Le tout épicé d’un zeste de shoegazing et de britpop. Suffit pour les références, passons au contenu de cet elpee.

Les lyrics sont sombres, ténébreux, mélancoliques et à la limite sinistres. Probablement autobiographiques, ils reflètent une angoisse existentielle. Même les titres apparemment allègres, reflètent un mal-être. Quant à savoir si c’est celui de Jenn, il serait intéressant de lui poser la question. Elle possède une très belle voix. Atmosphérique, douce, vulnérable, confessionnelle, mais bien timbrée. Et puis entretient une intensité électrique savoureuse, frémissante, venimeuse, de sa six cordes, lorsqu’elle n’éclabousse pas les mélodies d’accès de pedal steel. En studio, les compos ont bénéficié d’une palette instrumentale plus large. Un zeste de piano, de l’orgue, un chouia de cuivres, une pincée de banjo, mais surtout du violon. Un violon languissant, parfois grinçant qui confère alors aux compos un climat épique. Les arrangements ont été ciselés par Andy, responsable, en même temps d’un drumming aussi délicat que souple. De cet opus, on reprochera la longueur excessive de « Mary is Mary » (NDR : encore qu’en live, ce morceau pète des flammes), mais on mettra en exergue le sublime « For prayer », dont l’intensité émotionnelle me rappelle la quintessence du Paisley Underground. 

 

mardi, 17 novembre 2009 20:32

Phantom feat. Lio

Jacques Duvall a écrit pour une quarantaine d’artistes, dont Lio (NDR : c’est lui qui avait notamment composé « Banana split » et « Les brunes ne comptent pas pour des prunes »). Une plume qu’il consacre aux autres (NDR : sous son patronyme on ne lui connaît que quelques singles et trois albums) depuis presque trente ans. Mais en rejoignant l’équipe de Freaksville, on dirait qu’il a retrouvé une nouvelle jeunesse. L’occasion était donc belle de solliciter Lio pour participer au troisième volet de l’aventure Phantom, un projet monté par le leader de Miam Monster Miam, Benjamin Schoos. D’autant plus que Vanda n’a toujours rien perdu de son esprit punk, provocant et provocateur. Qu’elle revendique toujours d’ailleurs. Que ce soit dans ses analyses au sein du jury de la Nouvelle Star ou lorsqu’elle chante et danse, sans petite culotte, dans l’émission de Fogiel. Le premier volume de la série avait été consacré à Duvall. Un elpee sous-titré « Hantises ». Et le deuxième à Marie-France Garcia (NDR : encore une artiste dont il est le parolier).

En toute logique, ce « Phantom feat. Lio » constitue donc le troisième. Un disque enregistré en 48 heures. Hormis deux titres, Jacques signe neuf plages sur les onze de l’opus. Patrick Eudeline (NDR : c’est un journaliste de Rock & Folk !) a écrit « Lipgloss », caractérisé par sa mélodie en boucle ; et Marie Laure Dagoit le funkysant et déclamatoire « Noir violette ». Plusieurs morceaux sont chargés d’intensité électrique. Garage, si vous préférez ! Et tout d’abord le morceau d’ouverture, « Je ne veux que ton bien ». Noisy punk, chargé de feedback, il entretient un climat fiévreux, qui jamais ne parvient à éclater. « Ta cervelle est en grève, mais ta grande gueule fait des heures sup’ », ensuite. Les riffs de guitare saignants peuvent rappeler les Sex Pistols, mais la mélodie sucrée et contagieuse évoque inévitablement Blondie. Et enfin le nerveux « Mon nouveau Jules marche sur l’eau ». Déchiré entre post punk et new wave, il laisse transparaître quelques accès de claviers 80’s. Parmi les titres les plus lents, on épinglera le slowcore « L’amour ne m’a jamais manqué », une composition tapissée, en toile de fond, de cordes réverbérées. Et puis l’autobiographique « La veille de ma naissance », une ballade mid tempo. Sarcastique et tellement vrai, « Tout le monde m’aime » libère un chouette groove soul/r&b. Jacques et Lio chantent en duo sur « La fidélité, un ‘talking blues’ cocasse. Mais le sommet de l’album nous vient de « Je ne suis pas encore prête ». Un tube en puissance au refrain irrésistible. Plus rien entendu de pareil chez Lio depuis presque 3 décennies. Suffirait d’un déclic et la bande FM est contaminée… Bref, un disque rafraîchissant, qui a bénéficié de la participation de Gilles Martin (Colin Newman, dEUS, Dominique A, etc.), au mixing. Une œuvre qui prélude un nouvel elpee de Lio. Mais en solo, cette fois. Il devrait sortir automne 2010.

 

mardi, 17 novembre 2009 20:19

Paper covers stone

“Papers covers stone” serait le huitième album studio de Willard Grand Conspiracy. Presqu’une compile, puisque l’elpee ne recèle que trois nouvelles compos. Presque, puisque les 10 autres plages ont été retravaillées sous un format lo-fi. Ou minimaliste, si vous préférez. Le plus intéressant procède, cependant, de la présence de musiciens qui ont accepté de revenir à leurs premières amours. Pas de Paul Austin, cependant, mais bien Sean O’Brien et David Michael Curry. Sans oublier le concours du pote de Robert Fisher, Steve Wynn. Robert a en quelque sorte voulu en revenir à une formule plus ‘de chambre’ (NDR : c’est ce qu’il déclare), à contrario de ses dernières œuvres qui tout en se révélant excellentes, embrassaient un concept de plus en plus épique (NDR : et « Pilgrim road » en est certainement la plus belle illustration). De cette nouvelle approche des compos, on relèvera bien sûr l’inévitable baryton profond de Fischer et puis surtout le violon alto de David. Qui se met à grincer lorsque Sean montre enfin des dents sur les morceaux les plus électriques. Et tout particulièrement en seconde partie de l’intense « Preparing for the fall » (NDR : c’est une des trois nouvelles compos). Le psychédélisme tempétueux, halluciné, distordu mais toujours feutré y prépare une rencontre apocalyptique avec le diable… Et le final « The ocean doesn’t want me » (NDR : une cover de Tom Waits) est calqué sur un moule aussi hanté et sinistre. Tirant à nouveau parti de cette rencontre tellement fiévreuse et perturbante entre les cordes du violon et de la six cordes…

mardi, 17 novembre 2009 20:09

The rise & fall of BMX Bandits

BMX Bandits est une formation fondée par le chanteur/compositeur Duglas T. Stewart, en 1986. A l’époque, le projet avait été monté pour se produire lors d’une seule et unique prestation ‘live’. Mais, l’éphémère est devenu durable. Si bien que le combo a commencé à jouir d’une certaine popularité sur la scène locale. Leur longue aventure venait de naître. Longue aventure, puisque si leur histoire s’est provisoirement interrompue en 1996, elle a recommencé vers 2003. Du groupe initial, il ne reste cependant plus que Duglas, une quinzaine de musiciens ayant transité au sein du line up, dont Norman Blake (Teenage Fanclub), Sean Dickson (Soup Dragons) et Eugene Kelly (Vaselines).

“The rise & fall of BMX Bandits” compile l’ensemble de la carrière de la formation. Mais réunit surtout raretés, flips sides, versions alternatives et inédits (comme cette reprise du « I don’t wanna grow up » de Tom Waits, datant de 1997 ainsi que « Disco girl », « The day before tomorrow », « Intermission » et « Love’s sweet music », composés en 2008). Sans oublier « Tugboat », une cover de Galaxie 500 qui figurait sur « Snowstorm », un tribute consacré à Galaxie 500 et pour lequel les Bandits avaient reçu le concours d’Angel Corpus Christi.

Mais venons-en à la musique, qui a été à l’origine taxée d’‘anorak’ voire de postcard. Comme celle des Pastels. Ce qui vous donne une petite idée du style pratiqué par BMX Bandits. Il ne faut pas oublier, que le band a transité par quelques labels mythiques. Depuis 53rd and 3rd Years, l’écurie de Stephen Pastel (NDR : tiens, tiens !), en passant par Creation et Vinyl Japan. Et qu’il sévit aujourd’hui chez Elefant. A l’écoute des 4 titres récents, on remarque la présence d’une chanteuse féminine, Rachel Allison. Elle partage les vocaux avec Duglas. Et puis on y décèle des références subrepticement soul (NDR : du philly sound ?). Elles sont cependant subtilement inoculées dans la mélodie. Quant à savoir si c’est la nouvelle direction que BMX Bandit prendra, on verra lors de la réception de leur futur long playing…

 

mardi, 17 novembre 2009 20:05

Landing

Pour mémoire, Githead est le projet monté par le chanteur/ guitariste Colin Newman (Wire) et son épouse Malka Spiegel (ex-Minimal Compact), en compagnie de l’électronicien Robin Rimbaut (Scanner), reconverti pour la circonstance à la deuxième gratte et du drummer Max Franken (également ex-Minimal Compact). « Landing » constitue leur troisième long playing. La charpente constituée par la section rythmique (drums solides, mécaniques, susceptibles d’apporter de la profondeur, de la texture et des ombres aux compos et ligne de basse propulsive, sensuelle) sert à merveille les deux six-cordistes qui s’en donnent à cœur joie pour superposer, couche après couche, leurs impulsions électriques. Parfois on pense à « Doppleganger » de Curve voire au krautrock de Neu ; mais c’est surtout en direction du Wire de « 154 » auquel on se réfère. Seule différence, le timbre vocal limpide, impassionnel de Malka qui se conjugue (NDR : voire même parfois domine) au (le) falsetto de Colin (NDR : encore que circonstanciellement, ce dernier emprunte des intonations déclamatoires, voire gutturales). Une musique qui atteint un niveau de raffinement et de sophistication particulièrement élevé. Bref, il faut admettre que leur avant-pop est ici parfaitement sous contrôle. Et tout en se servant d’une instrumentation organique, leur art à maîtriser la technologie moderne n’y est pas étranger. Ce qui n’empêche pas les mélodies contagieuses, hypnotiques, de faire lentement, mais sûrement leur effet. A un tel point, que parfois on a l’impression de subir une forme d’envoûtement.

 

mardi, 10 novembre 2009 01:00

Crazy rhythms

“Crazy rhythms” constitue le tout premier album de cette formation issue d’Hoboken, dans le New Jersey. Il est paru en 1980 et fait l’objet aujourd’hui d’une réédition. Revendiquant ouvertement l’influence du Velvet Underground et des Modern Lovers, le quatuor avait puisé son patronyme dans « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley. Anti-groupe absolu affichant un look de nerds, The Feelies privilégiait avant tout la musique. Son mélange de psychédélisme, de pop et de punk est unique en son genre. Balisé sur un tempo krautrock, souvent enlevé, enrichi par de multiples percussions, il met en exergue des mélodies hymniques créées par des guitares duales, hypnotiques, répétitives, obsessionnelles même, tout en privilégiant la ligne claire, alors que les vocaux ne dépassent jamais le volume de l’instrumentation. Ce qui explique pourquoi cet opus deviendra une référence pour des groupes comme Yo La Tengo ou encore Galaxie 500. L’elpee recèle, en outre, une version insolite, mais particulièrement réussie du « Everybody’s got something to hide except me and my monkey » des Beatles. Séparée en 1992, la formation a décidé de se réunir en 2008, pour accorder quelques prestations ‘live’, aux States…

La réédition propose des démos, faces B, enregistrements ‘live’ et raretés, mais via une carte de téléchargement numérique glissée à l’intérieur du boîtier.

 

mardi, 10 novembre 2009 01:00

The good earth

Il a fallu six longues années avant de voir sortir le deuxième elpee des Feelies. Si bien que du line up initial, il ne reste plus que Glenn Mercer et Bill Million. C’est-à-dire les chanteurs/guitaristes. Mais le quatuor est passé à un quintet, suite à l’engagement d’un percussionniste. Produit par Peter Buck, le guitariste de REM, cet opus met davantage l’accent sur l’aspect acoustique. Et puis le son est moins brouillon et les compos moins expérimentales. Quoique toujours aussi complexes. Ce qui n’empêche pas l’ensemble de tenir la route. La frénésie semble en apparence moins présente. Mais ce n’est qu’une impression consécutive au soin des arrangements. D’ailleurs, les envolées de rythmes sont toujours aussi tribales. Et on retrouve ce style très caractéristique des échanges de cordes opérés entre Glenn et Bill. Simplement l’acoustique a pris le pas sur l’électrique. Les sèches sont, en outre, tantôt grattées, tantôt jouées en fingerpicking. Et les voix murmurées confèrent à l’ensemble un intimisme presque lo-fi. Pas difficile de comprendre pourquoi tous les artistes néo-folk se sont toujours réclamés des Feelies. Aussi bien Belle & Sebastian que The Dodos…

La réédition propose des démos, faces B, enregistrements ‘live’ et raretés, mais via une carte de téléchargement numérique glissée à l’intérieur du boîtier.

 

La Roux ayant déclaré forfait, c’est vers la formation irlandaise Two Door Cinema Club que les organisateurs s’étaient tournés. Beaucoup plus de monde pour le second jour. Presque 900 personnes. Faut dire que l’affiche était nettement plus alléchante…

Two Door Cinema Club nous vient donc d’Irlande. Mais du Nord. De Bangor, très exactement. Un trio (chant/rythmique + guitare + basse) qui bénéficie du concours d’un quatrième membre en live. Un drummer. Pour donner davantage de relief à la boîte à rythmes. Et ma foi, leur britrock ne manque pas d’allure. Le chanteur possède une superbe voix. Le groove ronflant de la basse est impressionnant. Et les accès de guitare sont souvent tintinnabulants (NDR : dans l’esprit d’un House of Love voire de Big Country). On pense à Franz Ferdinand, aux débuts de Bloc Party voire à ceux de Coldplay, le tout enrichi d’un zeste d’electronica, à la manière de Hot Chip. Et sur les planches, les musicos ont la pêche. Leur set va décrocher une belle salve d’applaudissements. Bien méritée, en plus. Pas pour l’originalité, mais pour la fraîcheur libérée tout au long de leur prestation…

Un top model pour embrayer. Enfin, côté mode. Plutôt mignonne, la mèche lui retombant souvent sur les yeux, la mini-jupe classe (NDR : style ‘Twiggy’), cette Américaine (NDR : elle est née à Washington mais s’est établie à New-York), chante (plutôt bien) en s’accompagnant à la guitare. Enfin en plaquant des accords de guitare. Elle est soutenue par un bassiste, un soliste et un drummer. Bref, un line up fort classique. La musique de Lyssie Trullie est très marquée par la pop des eighties (Blondie, Go Go’s), ne manque pas de charme ni de sens mélodique, mais son minimalisme est trop carré pour donner une quelque impulsion à des compos pourtant bien troussées. Résultat des courses, elles ont beaucoup de mal à se démarquer les unes des autres. On a malgré tout droit à une cover du « Ready for the floor » de Hot Chip. Néanmoins, ce concert ne me laissera pas un souvenir impérissable…

Florence & The Machine, c’est la nouvelle coqueluche de la scène pop/rock britannique. Pourtant, les quelques titres écoutés sur le MySpace ne m’avaient pas du tout convaincus. J’ai même eu l’impression de me farcir un clone d’Anne Clark. Mais il ne faut jamais rester sur une mauvaise première impression. Et ce concert va le démontrer (NDR : comme quoi, il ne faut pas de contenter des sites de socialisation pour se faire une bonne idée du potentiel d’un artiste ou d’un groupe, que ce soit au niveau audio ou vidéo ; c’est ici que les critiques émises par les journalistes indépendants –comme celles publiées sur votre Webzine– ont toute leur importance). Avant que le combo ne monte sur les planches, on assiste à la préparation de la déco. Dans le fond, une projection représentant une tapisserie fleurie. Des fleurs, il y en a partout. En plastique. Aussi, on ne sait pas trop si c’est pour fêter un anniversaire ou à la mémoire d’un défunt. Et puis des lampes chinoises (NDR : à moins qu’il ne s’agisse des cages à oiseaux) disséminées, un peu partout sur le podium. A gauche de la scène, une superbe harpe. Les lumières déclinent et les haut-parleurs diffusent un instrumental noisy (NDR : pas pu me rappeler, au moment d’écrire ces lignes, de quel morceau, ni de quel formation ou artiste, il s’agissait). Puis les musiciens montent sur scène. Florence, la dernière. Drapée dans une robe bouffante, on croirait qu’elle sort d’un conte de fées d’Andersen. Mais ce qui frappe d’abord, c’est sa longue chevelure cuivrée. Le set s’ouvre par « Between two lungs ». On est alors immédiatement fasciné par sa voix. A la fois son timbre et ses inflexions. Rappelant à des degrés divers Siouxsie Sioux (les ululements), Heather Nova (les envolées éthérées), Lene Lovitch (l’amplitude du registre) et Grace Slick (la richesse de la tonalité). Pour gouverne, Grace Slick était la vocaliste de Jefferson Airplane, puis du Jefferson Starship. Lorsqu’elle ne chante pas, Florence tourne sur elle-même ou alors frappe sur un tom, placé juste à côté d’elle, au milieu de la scène. Les morceaux défilent : le spirituel « My boy builds coffins », le venimeux « Kiss with a fish », le passionné « Howl », un « Dog days are over », au cours duquel elle invite le public à bondir sur place, le « Cosmic love » qui rend hommage à sa maman, l’épique « Blinding », caractérisé par son envolée de cordes ainsi que la cover du « You got the love » de Candi Staton ». Les arrangements sont soignés, élaborés et délicats. Le tempo versatile. Le climat parfois dramatique. L’instrumentation limpide. Faut dire que les interventions à la harpe apportent ce petit côté rafraîchissant aux compos. Et puis les drums alternent le fluide et le frénétique, alors que les riffs de guitare entretiennent un climat de mauvaise augure. On est totalement subjugué par la prestation et on est surpris lorsqu’elle s’achève par un « Rabbit heart » de toute beauté. Tonnerre d’applaudissements. Remerciements de la jeune Londonienne qui se rend compte, sans doute, d’un état de grâce qui lui a permis de communier avec le public…

Responsable d’un premier album de bonne facture (« Manners »), Passion Pit était donc invité à clôturer le festival. Un quintet issu de Cambridge (NDR : c’est aux States, dans le Massachusetts, pas en Angleterre !) fondé par le chanteur/compositeur Michael Angelakos. Drôle de voix. Sorte de falsetto campant un hybride entre Prince, Paddy McAloon (Prefab Sprout), Lionel Ritchie, George Michael et Green Gartside (Scritti Politti). L’expression sonore baigne dans une forme d’électro-rock bien dans l’air du temps. Principal préposé aux synthés et autres machines, Ayad Al Adhamy semble être le membre catalyseur du quintet. Et probablement l’ingé du son. En début de parcours, il quitte son poste, pour solliciter un meilleur réglage de la console. Le guitariste et le bassiste doublent aussi parfois aux synthés. Si bien qu’il arrive de voir trois électroniciens balisant les compos. Techniquement, le set est bien balancé, très puissant (NDR : oscillant le plus souvent autour des 105db) ; mais j’éprouve de grosses difficultés à rentrer dans cet univers trop synthétique à mon goût (NDR : probablement l’âge !) Et puis, il y a ce manque de passion (NDR : paradoxal pour un groupe répondant au patronyme de Passion Pit), de fièvre et ce zeste de folie qu’on retrouve par exemple, chez Friendly Fires. Acclamations nourries des aficionados de ce style musical. Mais pas de rappel. Un peu trop artificiel à mon goût ! Heureusement, ce soir, il y avait Florence & the Machine…

Two Door Cinema Club + Lissy Trulie + Florence & The Machine + Passion Pit

(voir aussi notre section photos) 

Organisation Aéronef Lille 

 

Petite confusion. En lisant l’intitulé de la 22ème édition du festival ‘Les Inrocks’, on y a ajouté ‘tck tck tck’. Mais rien à voir avec la formation américaine !!! (NDR : prononcez tchik tchik tchik), dont on aurait pu croire un instant faire la tête d’affiche. Le festival se veut toujours défricheur de talents. Et il ne faut pas oublier qu’avant de se forger une belle notoriété, des formations ou des artistes comme les White Stripes, Muse, Franz Ferdinand, Interpol, Editors, Arctic Monkeys, Libertines, les Kooks, Kaiser Chiefs, Oasis ou encore Devendra Banhart se sont produits dans de cadre de ce périple hexagonal. Enfin, la soirée de ce jeudi n’a enregistré que 400 entrées.

Il revenait à Violens d’ouvrir le bal. Une formation new-yorkaise dont le patronyme est le résultat d’une contraction entre violence et violons. Pas de violons cependant au sein du line up ; mais une violence bien contenue, canalisée par une forme de psyché/pop inspiré tour à tour par les Zombies, les Byrds et Johnny Marr. Enfin c’est l’impression qu’a pu me laisser le dernier (NDR : et seul) morceau de leur set, auquel j’ai pu assister. Un groupe à revoir, c’est une certitude…

On installe ensuite un pupitre, derrière lequel vient se poster un Dj. Qui commence à bidouiller pendant quelques morceaux sur ses machines et ses platines. Pas de quoi fouetter un chat… Lorsque soudain, apparaît un personnage vêtu d’une bure. Un instant, j’ai cru qu’il s’agissait de Julian Cope, revenu d’un pèlerinage à Stonehenge. Mais, lorsque de jolies jambes commencent à dépasser du manteau, plus aucun doute n’est permis : c’est une fille ! Elle est jolie, blanche et s’appelle Amanda Blank ! Se met à gesticuler, puis enfin à chanter sur une forme de mélange d'électro, de pop, de rap hardcore et de house. Mais lorsqu’elle enlève son déguisement, c’est pour s’exhiber en body particulièrement sexy. On comprend mieux pourquoi Amanda Mallory (c’est son vrai nom) est considérée comme la nouvelle bombe du rap. Pas trop mon truc, mais on s’approche quand même du podium pour mieux contempler ses formes. Et puis son show très chaud, sensuel et explosif. On pense à Lil Kim, Lady Gaga, mais surtout on se dit que si on avait une souris pareille sur son grenier, on tuerait le chat… (NDR : à transposer en picard, S.V.P. ; et puis à vérifier dans notre galerie photos). La féline, n’est cependant pas une néophyte, puisqu’elle a déjà bossé en compagnie de Yuksek, Diplo, Santogold, M.I.A., Plastic Little, Teki Latex de TTC, Ghosface Killah du Wu Tang clan et David Stisek de TV On The Radio. Pour le reste, ne m’en demandez pas plus. Peu réceptif à ce style de musique, je n’ai cependant pas snobé le plaisir des yeux (NDR : elle est quand même plus jolie à regarder que Margaret Thatcher…)  

Place ensuite aux Black Lips, un quatuor issu d’Atlanta, réputé pour son rock/garage crade, furieux, sauvage, bourré d’énergie, mais qui accroche immédiatement par ses mélodies contagieuses. Première constatation, la section rythmique est particulièrement solide et fédère la plupart des compos. Et si tous les musiciens se partagent les parties vocales, un des deux guitaristes se contente des backing vocaux. L’autre, le moustachu au chapeau de pèlerin possède une voix encore plus éraillée que celle du lead singer, Jared Swilley ; ce dernier jouant sur une drôle de basse. On pense au Clash, aux Fleshtones, aux Strokes, à Brian Jonestown Massacre et même parfois à Téléphone pour le sens mélodique ; mais ce sont les compos les plus canalisées qui font surtout mouche. Pas trop de provocation ou d’outrage ce soir (NDR : donc ni strip-tease, ni vomi, ni urine au menu, mais un simple collant entre deux des musicos). Bref un set fort plaisant, presque inoffensif, au cours duquel on aura droit aux inévitables, « O Katrina », « Cold hands », « Sea of blasphemy », « Stranger », « Fairy stories » et « Dutronc ». Sans oublier, un des rares morceaux plus tendres, « Bad kids ». Les Black Lips deviendraient-ils respectables. Pas bon pour le rock’n’roll tout ça…

Derrière Ebony Bones, se cache l’ancien drummer de Damned, Rat Scabies. Il est devenu arrangeur et producteur et tire les ficelles. Avant de se lancer dans la musique, Ebony Bones alias Ebony Thomas, était une starlette dans les séries de TV britanniques. Et puis elle en a eu marre et s’est lancé dans la musique. Ce qui explique sans doute ce sens du spectacle, du visuel, auquel elle attache tant d’importance lors de ses shows. D’abord, il y a ces deux choristes peinturlurées et vêtues de robes en vesse-de-loup, qui s’agitent tout au long du set. Ils sont sept sur les planches dont une saxophoniste, également très maquillée, un drummer au look efféminé, malgré ses longs cheveux et sa moustache (NDR : on dirait un pastiche de Tony Iommi, le guitariste de Black Sabbath, lorsqu’il était jeune), deux claviéristes dont un double aux percus, et un gratteur dont le chapeau doit avoir été trouvé dans les ruines du Machu Picchu. Et puis Ebony, dans une tenue improbable, très colorée, kitsch, clownesque presque, les collants blancs à petits cœurs, des bracelets partout et une coiffure crépue impressionnante. Tout au long du set elle va arpenter la longueur de la scène, en haranguant la foule. On se croirait en plein carnaval, mais pas celui de Rio, plutôt de Trinidad. Le groupe démarre sur les chapeaux de roues par « We know all about U ». Et va dérouler son mélange de punk, ragga, soul, funk, punk, r&b, et de rythmes africains sans pratiquement reprendre son souffle. Deux covers dans le tracklisting : le « Another brick in the wall » du Floyd et en rappel, quand même, « I wanna be your dog », des Stooges. Chouette alors ? Cela aurait pu. Mais le set est tellement linéaire qu’on finit par ne plus accrocher. Il manque un peu de raffinement dans la musique et de variation dans le show pour pouvoir mieux l’apprécier. Ce n’est peut-être qu’une question de temps et d’expérience…

Violens + Amanda Blank + Black Lips + Ebony Bones

(voir aussi notre section photos)

Organisation Aéronef Lille

dimanche, 28 février 1993 01:00

Proche de l’esprit des Doors

Détonateur (involontaire) du mouvement ‘baggy’ mancunien, au même titre que Stone Roses et Happy Mondays, Inspiral Carpets avait soufflé tour à tour le chaud et le froid en enregistrant le superbe "Life" en 1990, puis le controversé "The Beast Inside", l'année suivante. Novembre dernier, le quintette a gravé "Revenge of the Goldfish", un troisième opus frais, pétillant, qui nous a complètement réconciliés avec le groupe, une oeuvre qui s'inscrit dans le mouvement néo pop du début des nineties. Pourtant, le Carpets aiment les Doors, et ils ne s'en cachent pas ; mais ils réfutent toute implication dans le revivalisme sixties. Tom, le chanteur, et Graham le guitariste, nous ont accordé une longue interview. Nous vous en proposons les extraits les plus intéressants, mais également les plus loufoques...

A la fin des eighties, vous avez été assimilés par la scène ‘baggy’ de Manchester? Ce phénomène a-t-il favorisé votre succès?

Graham : Au départ, c'était un avantage d'appartenir à cette scène, parce que Manchester polarisait toute l'attention des médias. Il est exact que si nous avons été emportés par le mouvement, nous ne nous en sommes jamais réclamés. D'ailleurs, fin 1990, lorsque notre deuxième album est sorti, cette situation s'est retournée contre nous. "The Beast Inside" était un disque ‘anti party’, et en tous cas, à des miles de la musique de danse qui sévissait alors à Manchester. En fait, la presse nous avait déjà enterrés avant même d'avoir écouté le cd. D'autre part, le public qui ne jurait que par le ‘baggy’ trouvait le contenu trop sérieux, pas assez ‘fun’, si vous préférez. Ainsi, l'avantage, s'est transformé en désavantage.

Que penses-tu de groupes comme Happy Mondays et Stone Roses qui relevaient de cette scène?

Tom : Avant 1988, personne n'avait jamais entendu parler de ‘baggy’. Ce sont les journalistes, et en particulier ceux du Melody Maker qui ont inventé ce vocable. La première fois que j'ai assisté à un concert de Stone Roses, c'était en 1987. Nous n'avions pas les mêmes, idées, et certainement pas celle de fonder une scène homogène. Bien sûr, à partir de 1988, nous avons tourné avec les Stone Roses et les Mondays ; et il est inévitable, dans ce contexte, que nous ayons exercé une certaine influence sur chacun de ces groupes, comme chacun d'entre eux a exercé une certaine influence sur nous. Mais toutes ces formations ont tenu à conserver leur propre style, leur propre identité. Personne n'a jamais comparé les Smiths à Happy Mondays, parce qu'ils sont de Manchester, que je sache!

Bien que de Wolverhampton, les Charlatans ont également été confondu avec cette scène ; même qu'au début, vous étiez souvent mis en parallèle avec eux, à cause de la sonorité très ‘Doors’ des claviers. Comment réagissez-vous à ces allusions?

T. : Je pense que si nous sommes inspirés des Doors, les Charlatans se sont inspirés de nous. Et pas seulement à cause des claviers; mais également du look et du light show. Bien qu'inconsciemment, le contraire soit peut-être tout aussi vrai... Notre perspective du rythme est quand même totalement différente ; c'est la raison pour laquelle nous nous sentons plus proche de l'esprit des Doors que les Charlatans. Attention, mon raisonnement est loin d'être péjoratif, car le fait de s'inspirer des autres favorise la création, et permet d'élargir son audience. Je m'explique. Les Happy Mondays ont bâti leur succès en tirant parti de la popularité des Stone Roses. Et puis nous avons bâti le nôtre en séduisant ceux des Happy Mondays et des Stone Roses. Mais à l'inverse, notre succès aux USA a permis aux Mondays et à Stone Roses de se créer une ouverture outre-Atlantique. Finalement, dans ce mécanisme, tout le monde s'y retrouve.

Qu'est ce qui vous attire chez les Doors?

G. : Tout! Les textes d'abord. Jim Morrison était à la fois capable de raconter des histoires très ‘noir et blanc’, mais également très ‘hard’, du style ‘Hey baby, viens, nous allons coucher ensemble ce soir, etc., etc.’, des images lascives que nous avons réutilisées sur l'album The Beast Inside. Pour nous, Jim n'est pas seulement un symbole, mais aussi un grand compositeur qui peignait les moeurs les plus tabous de ses contemporains... Et puis il y a les claviers. Parce que cet instrument constitue un élément clef de notre musique, comme chez les Doors. D'ailleurs si tu compares David à Ray (NDR : Manzarek), il prendra cela pour un compliment. Et c'est la même chose si tu compares Jim à Tom. Pour nous les Doors, c'est très important!

Que penses-tu du film sur les Doors, réalisé par Oliver Stone?

T. : Pure fiction!
G. : C'est un film intéressant, mais il montre les facettes les plus excessives du personnage. Jim n'avait pas que des mauvais côtés, même s'il ne devait pas être facile de vivre avec lui au sein du groupe. Mais s'il est devenu un mythe, ce n'est certainement pas à cause de ses débordements, mais surtout parce qu'il reflétait le mal être de sa génération...
T. : Le film est quand même fort romancé, un peu comme celui qui relate l'assassinat de John Kennedy...

Quel est le style musical qui a le plus marqué Inspiral Carpets? La house, la pop, le psychédélisme, le punk, le garage ou autre chose?

G. : Toute l'histoire du rock. Depuis Elvis Presley jusqu'à Alice Donut, en passant par les Pistols, Can, Talking Heads et bien sur les Doors. Personnellement, la house ne me botte pas trop, mais elle est indispensable à notre section rythmique.
T. : Depuis que la house est devenue une tendance dominante en Grande-Bretagne, elle a perdu toute sa stimulation, tout son crédit. A Manchester, la house est devenue un produit de consommation tout à fait banal. Des tas de jeunes se rendent chaque soir dans les boîtes pour y fumer un joint et danser sur de la house. Où sont donc la passion et l'excitation nécessaires à l'émulation, je vous le demande?...

Vous affichez une tendance plutôt revivaliste alors?

T. : Pas du tout! Nous ne sommes pas des revivalistes. Nous explorons le plus large éventail de formes musicales possible pour en retirer le maximum de feeling. Le revivalisme est totalement étranger à Inspiral Carpets!...

Comment avez-vous fait pour dénicher ce fabuleux orgue ‘farfisa’? Combien l'avez-vous payé?

T. : Cent livres dans une brocante à Londres!

Que représente pour vous le 19 avril 1986?

G. : La première fois que le groupe a perçu un cachet après avoir donné un concert. Ce jour restera longtemps gravé dans notre mémoire...

Quelles sont les différences marquantes entre vos trois albums? Sur votre dernier, les textes font allusion à Dieu et à l'amour, mais d'une manière désenchantée, pourquoi?

T. : "Life" notre premier disque, était bien dans l'air du temps. "The Beast Inside"  baignait dans une atmosphère plus progressive, paradoxalement plus sereine et plus sensuelle, même s'il recelait deux morceaux plus dansants. Nous avons voulu insuffler à "Revenge of the Goldfish" un son et un format plus pop. Chaque titre dépasse rarement les trois minutes, et pourrait figurer sur un single. Quant aux textes, c'est une forme d'ironie. Nous n'avons certainement pas l'intention de disserter sur l'existence de Dieu ou sur la religion. Laissons ces élucubrations philosophiques à l'Amérique et aux Américains. Ils raffolent de ces concepts. Nos lyrics sous-entendent des choses très terre à terre comme la tentation, le désir sexuel, la libido, des desseins plutôt charnels que nous tentons d'inoculer dans nos compositions avec une forte dose d'humour...

Sur ce disque, il existe une chanson qui porte le titre "Here come the Flood", alors que le producteur de l'album, du groupe S Express, s'appelle Pascal Gabriel. C'est aussi une autre forme d'humour?

T. : Hein!...
G. : (Il éclate de rire). A non là, on l'a pas fait exprès, c'est une drôle de coïncidence!

Croyez-vous à la réincarnation?

T. : Trois mille ans avant notre ère, je vivais dans la peau d'un pharaon qui régnait sur la grande Egypte...
G. : Je souhaiterai me réincarner sous la forme d'un chien. Oui, un chien! Un chien ou une radio. Plutôt une radio, car c'est plus facile pour se faire comprendre, ah, ah, ah...

Est-ce que les poissons rouges (NDR : par référence au titre et à la pochette de l'album) sont prisonniers dans leur bocal?

G. : C'est une existence très triste!...
T. : C'est une très triste existence!...
G. : Vraiment triste comme existence! Etc.

N'avez-vous jamais pensé vous procurer un tapis volant?

G. : Oh mais si, nous en possédons un. Il nous permet de nous rendre de Grande Bretagne aux quatre coins du globe. Surtout ne le répétez à personne!...

Quelle est la couleur d'Inspiral Carpets?

G. : Bleu mer et orange ; nous avons pourtant vécu une période pourpre...

Avez-vous peur du silence?

T. : Non, il constitue le refuge de notre imagination. Il ne nous effraie pas, mais nous permet  de nous pencher sur notre conscience. Le silence nous inspire...

Interview paru dans le n°10 de février 93 du magazine Mofo