Quand un ex-punk décide de débrancher son ampli et de renoncer aux distos, pour embrasser un style plus basique, le plus souvent folk, limité en général à la sèche et à la voix, ça passe ou ça casse. Parce que lorsqu’on est seul avec sa guitare acoustique, il n’est plus possible de se cacher derrière le moindre artifice. Seule la qualité de songwriting importe. Parmi les reconversions les plus réussies, on épinglera Elliott Smith et Micah P. Hinson, qui militaient également au sein d’une formation punk avant de se lancer dans une aventure une solitaire. Il y en a d’autres, bien sûr, et l’exemple le plus récent est certainement celui accompli par l’ex-chanteur de Million Dead, Frank Turner.
Malheureusement, il faut reconnaître que Tony Sly n’a pas vraiment fait le bon choix. En outre, son deuxième album risque fort de définitivement éloigner les fans de No Use For A Name. Et pas seulement, parce que l’énergie légendaire dispensée par le groupe culte californien est ici totalement absente. Quant aux quelques étincelles qui parsèment accidentellement l’une ou l’autre plage, elles ne parviennent jamais à allumer la flamme. Simplement parce que les neuf morceaux qui figurent sur « Sad Bear » sont d’une niaiserie indicible. Les lyrics, tout particulièrement. Qu’il interprète, trop souvent d’un ton pathétique (« Discomfort Inn », « Therapy »). Même que si Tony Sly voulait faire pleurer sous les chaumières, il ne parviendrait qu’à provoquer des fous rires. Le pauvre !