Que ce soit chez Dangerous Birds, Uzi, Live Skull ou Come, au sein duquel elle sévit toujours, Thalia Zedek s'est toujours évertuée à tordre le rock 'n roll conventionnel pour en récupérer une solution ténébreuse déchirée entre convoitise, malice et désir perverti. Faut dire que son timbre vocal écorché, âpre et nicotiné possède toutes les propriétés pour créer un tel climat. Pour enregistrer son premier opus solo, elle a reçu le concours de son band habituel. Pas pour y injecter leur dose d'électricité habituelle, aussi redoutable que sulfureuse ; mais tout simplement pour accompagner Thalia à l'aide de l'instrumentation la plus dépouillée et la plus sobre possible : piano, guitare acoustique et violon tzigane apportant ici la pierre à cet édifice avec beaucoup de subtilité et d'efficacité. Un violon qui atteint même le sommet de sa charge émotionnelle sur le remarquable " Desanctified (full circle) ". A vous flanquer des frissons partout ! Et à l'instar d'une Mariane Faithfull, dont elle semble se rapprocher de plus en plus du timbre vocal, Thalia se lance également dans l'exercice de la reprise. En l'occurrence, le " Dance me to the end of love " de Léonard Cohen, exercice qu'elle accomplit avec beaucoup de maîtrise. Dans le style, Zedek vient de commettre un superbe album !