Electron libre militant sur la scène indépendante suisse, Frédéric Merk participe à différents projets. Il change ainsi régulièrement de casquette, coiffant tour à tour celle de mixeur, de compositeur ou de musicien. Son dernier opus, le Veveysan, qui est également multi-instrumentiste (autodidacte), l’a réalisé en solo, même s’il a sollicité la participation de quelques collaborateurs pour atteindre son objectif.
Un projet qu’il a baptisé 17f. Se serait-il inspiré d’une unité de combat de l’aviation navale française ? On pourrait le croire ; et pourtant, ce n’est pas le cas. D’ailleurs, ce patronyme ne colle pas du tout au climat développé sur cet elpee. Pour être franc, il nage complètement à contre-courant. Et pour cause, « Tree of them » incarnerait plutôt un éloge au pacifisme et à la nature. L’électro/jazz de 17f est ‘ambient’ et évoque des paysages froids et enneigés. Hormis le morceau d’entrée, « Le sexe faible », l’expression sonore ne souffre pourtant jamais du syndrome de la monotonie. Elle est alimentée par une multitude d’instruments, tantôt conventionnels (saxophone, basse, guitare acoustique sur l’excellent « Receipt ») ou inidentifiables, qui se relaient judicieusement. On pense immédiatement à la scène islandaise, et en particulier à Mùm et Sigur Ros. Pourtant, c’est lorsque les nappes aériennes cèdent le relais au piano qu’on atteint le sublime. Sur « For a while », très exactement. Une compo plus mélodique, imprimée sur un tempo électronique minimaliste, sur lequel l’artiste suisse vient poser sa voix. A cet instant c’est le spectre de The Notwist voire de Postal Service qui se met à planer.
Empreinte de fraîcheur, atmosphérique, « Tree of them » est une œuvre de saison, à déguster au coin du feu, en observant tomber les flocons de neige.