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Sebastien Leclercq

Sebastien Leclercq

18 ans après son passage (NDR : à l’Expo, pour le défunt Gothic festival), Project Pitchfork est de retour à Waregem, mais dans un lieu plus intimiste cette fois. En effet, la salle Schakelbox de la maison culturelle a une capacité de 350 personnes. Pas étonnant donc que ce concert ait affiché sold-out, un mois à l’avance. Dès notre arrivée, nous sommes surpris par la beauté de l’endroit et du quartier, entièrement rénovés. Un contraste avec certains centres culturels wallons, qui demain seront encore davantage soumis à des restrictions ; mais ça c’est une autre histoire.

Arrivés à l’heure malgré la tempête, nous sommes récompensés par une première partie de qualité : un autre groupe teuton, Oberer Totpunkt (NDR : souvent réduit à ses initiales, ‘OT’). Une formation issue d’Hambourg dont la musique oscille entre une new-wave classique, une forme de dark-wave, de l’Electro Body Music et carrément du metal, enrichi de des beats electro/techno. Un peu comme si Anne Clark (NDR : la voix de la chanteuse, bien que différente physiquement et pudiquement, s’en rapproche) rencontrait Front 242, Prodigy, Oomph et Alec Empire. Des styles qui varient autant que leurs tenues de scène (et leurs accessoires) tout au long de ce début de soirée.

Démarrant son set, 5 minutes à l’avance, les six musicos déboulent progressivement sur les planches, accoutrés comme s’ils participaient à un défilé mêlant, en même temps, Halloween, le fétichisme, la provocation et une parade militaire, tout en brandissant des drapeaux (neutres heureusement). Bonjour les contrastes ! Le claviériste, posté sur la droite, porte parfois un masque et chapeau dignes de la fête des morts au Mexique. Au milieu, la chanteuse, blonde, a enfilé une robe en cuir échancrée, qui ne laisse pas indifférent. Quant au batteur, planté à sa gauche, débordant d’énergie, il restera debout toute la soirée, se servant même quelquefois de la pointe de son pied pour frapper sur ses timbales. Une jeune danseuse/choriste les rejoint dès le deuxième morceau, suivie d’un guitariste capé et masqué, balançant des riffs puissants. Le sixième acolyte, un danseur en tenue de zombie, revient souvent sur le podium pour se déhancher. Mais installé au centre, la chanteuse possède une voix tellement captivante, que de temps à autre, on a l’impression qu’elle chuchote à votre oreille. Les compos sont agréables à écouter, même si les textes traitent régulièrement de mort ou d’apocalypse. A l’instar de « Alltag macht tot » (Trad : la vie quotidienne tue), de « Langfristig gesehen sind wir alle tot », proposé en début de parcours, que la chanteuse déclame partiellement en espagnol, et encore de « Dias de los Muertos »), toujours dans la langue de Cervantès, mais également, celle de Molière (‘A long terme nous sommes tous morts’, s’exclame-t-elle !). Enfin, leurs beats sont paradoxalement dansants.

Le show s’achève au bout d’une bonne cinquantaine de minutes par une forme de cérémonie, au cours de laquelle les six protagonistes s’avancent sur le devant de l’estrade pour chanter comme des enfants de chœur lors d’une cérémonie de funérailles. Une chouette découverte ! (Page ‘Artistes’ ici)

Rigueur et rapidité germanique oblige, le changement de matos opéré par les roadies est extrêmement rapide (NDR : précisons quand même que celui de la tête d’affiche campait déjà à l’arrière de la scène). Quinze minutes chrono, balance express comprise ! Les lumières s’éteignent alors, et le concert peut commencer. Enfin, pas tout à fait. Elles sont tamisées et le resteront tout au long de l’intro et du premier morceau. En l’occurrence le single entraînant « Timekiller ». Un démarrage en force pour Project Pitchfork ! Les deux batteurs, Léo (à gauche) et Achim (à droite), entourent le claviériste et choriste, installé au centre. Vers la fin de ce premier titre, un écran géant, de plus ou moins 15 mètres de large et 4 mètres de haut s’allume soudainement en arrière-plan. Y seront projetés successivement les logos du groupe, des clips vidéo ou des images de sensibilisation. « Song of the winds » (LP – « Entities -1992) et « Conjure » (LP - « Lam-‘bras » -1992) s’enchaînent. Durant tout le set, combo n’aura de cesse de nous faire voyager au sein de sa vingtaine de longs playings gravés en 35 ans de carrière. La ferveur du public ne faiblit pas. En milieu de parcours, la charmante épouse de Spilles, Sue, rejoint la troupe pour assurer les synthés et les chœurs, le claviériste passant à la guitare. Elle reviendra un peu plus tard, pour échanger un duo avec son époux, sur « Ascencion », en avant-scène. Avant que le band ne nous gratifie de trois titres phares : « Rain », « Souls » et « Beholder ».

Infatigable, la formation accordera 3 rappels, toujours en alternant nouvelles et anciennes compos. Project Pitchfork aura ainsi accordé un set de 22 titres, ce soir.

Après avoir assuré la tête d’affiche de l’Amphi festival, au pied levé, en juillet 2025, Project Pitchfork nous a donc gratifiés d’une date exclusive en Belgique, lors de cette tournée ‘best-of’, baptisée ‘Epitaph’. S’ils se produisent fréquemment en Allemagne, leurs passages en Belgique restent plus rares. Il fallait remonter aux éditions 2018 et 2023 du W festival, à Amougies puis à Ostende, pour retrouver les traces de leurs visites au pays des moules-frites. Sur les planches, Peter Spilles est toujours aussi charismatique et enthousiaste. Néanmoins, il faut reconnaître que sa voix devient de plus en plus rauque. Et puis les autres musiciens ont été à la hauteur. Que ce soit les deux drummers, en retrait, qui sont parvenus à maintenir le tempo tout au long de la soirée. Ou le claviériste en support au chant et à la guitare. On peut évidemment toujours regretter le départ, depuis 2021, de Dirk Scheuber, parti pour embrasser d’autres projets. Membre fondateur aux côtés de Spilles, il assurait le backing vocals et une deuxième présence charismatique derrière ses ivoires. Mais ne boudons pas notre plaisir d’avoir revu, dans une salle intimiste, et une bonne ambiance, cette formation allemande qui conserve indéniablement sa fan base.

(Organisation CC De Schakel)

mardi, 23 septembre 2025 11:58

Un concert dans un bunker !

Cette soirée est une double opportunité. Celle de revoir Die Krupps, l’un des plus grands groupes allemands qui a manifestement influencé Rammstein. Fer de lance du metal-indus-EBM, il fête ses 45 ans d’existence. Et d’autre part, celle de découvrir la superbe salle du MuzikBunker, à Aix-la-Chapelle, situé à une cinquantaine de kilomètres de Liège, et 150 de Bruxelles.

Comme son nom l’indique, le MuzikBunker est un authentique bunker de la deuxième guerre mondiale qui a été restauré. En 1987, la ville décide de transformer cet ancien abri anti-aérien en salle de répétitions (NDR : les combos locaux les utilisent encore), puis en 1994 en salles de spectacle. Une bonne centaine de concerts et événements y sont alors organisés chaque année. Un décor qui cadre finalement bien avec la formation programmée ce soir. Il faut d’abord longer un long couloir sous-terrain, éclairé de lumières bleu électrique et fluos, avant de pénétrer dans la salle où une bonne centaine de spectateurs sont amassés. Sur le côté gauche du local, un long bar permet de se rafraîchir avant la tornade musicale.

Le batteur Paul Keller et le claviériste Ralf Dörper (NDR : membre originel du band et compositeur hors pair, il a notamment lancé Propaganda, au cours des 80’s), débarquent en catimini. Du haut de ses (presque) deux mètres, l’imposant guitariste australien, Dylan Smith arrive à son tour. Il a intégré le line up, il y a un peu plus d’un an, après s’être brouillé avec Andrew Eldritch et quitté les Sisters of Mercy. Et enfin, Jurgen Engler, chaussé de lunettes fumées, qu’il ne quittera jamais, lors du concert, les rejoint.

« Nazis auf speed » et son refrain répétitif ‘Rammt sie !’ ouvre le bal. Le dansant « Schmutzfabrik », issu de l’elpee incontournable « Machinists of joy », embraie. Un morceau qui permet déjà au leader de venir frapper sur ses colonnes de tubes métalliques, comme s’il assurait une percussion martiale. Une singularité qui permet au band de se distinguer de ses pairs, au sein du mouvement EBM voire metal-indus, outre ses multiples influences qui enrichissent ses nombreux long playings.

De bonne humeur. Dylan balance ses riffs avec enthousiasme. « On collision course » préfigure un nouvel Ep. Quant à « The dawning of doom », il nous rappelle combien Die Krupps a pu marquer Rammstein de son empreinte.

La suite du set ne connait pas vraiment de temps morts : « Cross fire », « Fatherland », « To the hilt » constituent autant d’uppercuts assenés à la chaîne. « Robosapien » et son intro ‘wo-ho-ho’ scandée par le public nous emmène jusqu’au rappel.

Un encore d’une seule compo, « Machineries of joy », au cours duquel la communion entre l’auditoire et la formation atteint son point d’orgue, celui-ci scandant en chœur, le slogan ‘Arbeidt ! Lohn !’ du refrain final. Avant de prendre congé du public, le band prend encore le temps de le saluer et de poser pour quelques photos…

(Organisation : Muzikbunker)

Situé à quelques encablures de notre frontière belge, à 40km de Liège, et 150km de Bruxelles, la salle Musikbunker d’Aix-la-Chapelle, propose une programmation qui vaut le détour.

Parmi la variété de noms, on épinglera :

  • Die Krupps & Erdling : le mardi 23 septembre : l’un des groupes phares en EBM, Metal/Indus. Notre rédaction sera présente et un review suivra.
  • Liquids: le 22 octobre 2025 : un groupe US au punk rock/hardcore qui décoiffe, et dont les concerts sont plutôt rares (une seule date chez nous la veille au Music City d’Anvers).
  • Rummelsnuff: le 7 mars 2026 : célèbre DJ allemand, et homme à tout-faire dans l’électro, un concert à coup sûr musclé.

La programmation complète et les infos pratiques sont à retrouver sur https://mubu.ac/ 

Les tickets sont disponibles sur https://musikbunkeraachen.bigcartel.com/

 

 

Aujourd’hui le soleil est bien de la partie. Une évolution positive par rapport aux premiers jours (pluvieux) du festival. L’ambiance, déjà bon enfant en temps normal, l’est encore davantage ce 8 août. Et la fête bat son plein, puisque ce vendredi est finalement décrété sold-out, en début de journée. Idem en ville, lors du festival parallèle (et gratuit celui-là) Fonnefeesten, pour lequel la file s’étend en permanence jusqu’à plusieurs centaines de mètres pour y entrer. Mais pas le temps de s’y attarder, car un long programme et zapping entre les groupes nous attend.

En début de soirée sur la grande scène, DIIV profite des derniers rayons de soleil. Il est encore possible, à cette heure, de s’avancer aux premiers rangs et de circuler aisément vers le bar (NDR : ce ne sera plus le cas ensuite, car lorsqu’une journée du Lokerse Feesten est complète, on est vite serrés comme des sardines).

Après avoir accordé un concert aux réactions mitigées, dans le cade des Nuits Botanique, en 2022, les natifs de Brooklyn vont mettre tout le monde d’accord. Avant leur entrée sur scène, une vidéo, diffusée en fond d’écran, présente chaque membre du band (NDR : et ainsi éviter de le faire en fin de set ; et puis, les musicos sont plutôt des shoegazers et pas très loquaces).

En fait, entre chaque titre, la vidéo d’une tierce personne est projetée sur cet écran. Traitant brièvement du groupe, balançant une pub originale pour le merchandising ou encore pour défendre une bonne cause. S’autorisant ainsi des slogans de soutien à la Palestine ou du style ‘America is the great satan’.

Sur les planches, le look ne trompe pas : un t-shirt 3XL et une coupe à la Jay Mascis des débuts pour le bassiste. Des lunettes vintages à la Derrick pour le leader Zachary Cole Smith. Le guitariste central Andrew opte, quant à lui, pour une tenue sportive, casquette vissée sur sa tête. Bien que le combo ait souvent été catalogué comme noisy et indie, le fait d’avoir assuré la première partie de certains concerts de Depeche Mode, mais surtout grâce à son remarquable quatrième opus, lui ont permis de s’élever au niveau supérieur. Et ce soir, ce sont d’ailleurs les titres « Amber » et « Brown paper bag » qui servent d’ouverture, comme c’était le cas sur ce dernier elpee. En fait, une bonne moitié du set est issue de cet album. A l’instar de « Fog in boiling water », dont le titre éponyme est aussi interprété, tout comme l’éthéré « Soul net », qui n’est pas sans rappeler Slowdive, dans un même registre. Les compos s’enchaînent dans une ambiance de dreampop atmosphérique, sous les derniers rayons de soleil qui se couchent sur la plaine. En clôture « Doused », plage extraite de son deuxième long playing du même nom (NDR : et sans doute le moins bon des quatre), à la fois hypnotique et mélancolique, est découpé par ses riffs tranchants. Exécutant une sortie de scène tout aussi sobre que son entrée. Pour info, la formation reviendra à Maastricht, en concert gratuit, au Muziek gieterij, le 5 septembre. Mais également, au Splendid de Lille, 3 jours plus tard.

Direction le club réservé aux (re-)découvertes et à la scène indie. Hinds s’y produit. Un groupe féminin espagnol qui n'est pas sans rappeler Wet Leg, Wolf Alice voire Warpaint, en version tempérée (NDR : ces ‘W’ sont tout à fait accidentels). Très enthousiaste et volubile entre les titres, Carlota nous parle de sa première expérience agréable en Belgique, et de sa connaissance du français et de l'anglais. En fait, bien que ce band existe depuis une bonne dizaine d’années (essuyant quelques déboires durant les années Covid), sa passion et sa fraîcheur lui confèrent des allures de bande d’ados. Une spontanéité qui semble plaire à un auditoire bien rempli. Son rock garage flirte avec ce côté plus pop (teen), de quoi vouloir continuer à les suivre. Même si ce soir le temps presse, et un retour vers la grande scène s’impose, au milieu de sa prestation.

Quelle bonne surprise de voir la plaine, devant la main stage remplie à craquer ! Pas de doute, Haunted Youth jouit d’une fameuse popularité au Nord de la Belgique. Et ce malgré une maigre discographie. Un seul long playing à son actif, « Dawn of the freak », paru en 2022, et quelques singles gravés en 2024 et 2025. A l’instar de DIIV, la musique baigne dans le shoegaze. Une voix atmosphérique, de longs riffs, toujours soutenus par cette basse lancinante et omniprésente (NDR : un peu comme chez les groupes post punk et new-wave). Cependant, les musicos sont un peu trop statiques au goût de votre serviteur, ce qui le pousse à retourner vers la deuxième scène du club, pour une prestation plus pêchue.

McLusky avait déjà mis le feu aux nuits du Bota en mai dernier, tout comme The Ex et Jesus Lizard. Ce soir le bassiste et le batteur se démènent encore sans compter, sur la gauche du podium. Andrew Falkous semble plus concentré sur son sujet. D’ailleurs, il a un casque audio vissé sur la tête (NDR : il s’en sert comme protection auditive, pour diminuer le volume sonore). Le public est plus clairsemé, et surtout moins agité que lors de ce récent passage au Botanique et lors de leurs débuts, au Dour festival de 2002. Malheureusement, il n’est possible que d’écouter une partie du set, car le temps presse pour rejoindre la grande scène, devant laquelle le monde commence à se presser. Et vu l’affluence, pas facile de se faufiler. D’ailleurs Falkous, guère avare de boutades, nous rappelle, avant la fin du set, qu’un grand groupe s’apprête à jouer et qu’il est préférable quitter la salle. Pas grave, car McLusky sera de retour, au Cactus Muziekcentrum de Bruges, ce 4 octobre.

Une foule de dingue s’est massée devant la Main stage, longtemps déjà avant le début du concert. Pas de doute, The Smashing Pumpkins est l’un des concerts les plus attendus de cette 25ème édition, voire de toute l’histoire du festival (NDR : à entendre les commentaires à priori et à posteriori). Pourtant, à l’instar des Sex Pistols lundi, les craintes relatives à la prestation des Smashing sont pourtant assez élevées. Il n’est d’ailleurs pas difficile de comparer le band chicagoan à Placebo, programmé aux Lokerse Feesten, deux ans plus tôt. Et pour cause, intéressants sur disque, ils le sont beaucoup moins en live.

On se souvient de son excellent premier elpee, « Gish » (NDR : malheureusement oublié de la setlist de ce soir). Et même du tout dernier « Aghori Mhori Mei », paru l’an dernier. En fait les attitudes de Brian Molko pour Placebo, et du leader de Smashing Pumpkins, Billy Corgan, ternissent régulièrement les prestations des combos en public. Bref, ils sont, par nature, antipathiques. Et Corgan suscite même la crainte. Le genre de gars à qui on ne confierait pas ses enfants, même 5 minutes. Sur scène son humeur peut influencer le déroulement du set. Il a déjà révélé publiquement souffrir de troubles mentaux. On est aussi en droit de déplorer les changements de line-up. A la basse notamment, à la suite des défections successives des charmantes D'arcy Wretzky (devenue actrice a posteriori), Melissa Auf der Maur (partie rejoindre Hole, entre autres) puis encore Nicole Fiorentino. Cependant la multi-instrumentiste Katie Cole, et la guitariste Kiki Wong (installée côté gauche de l’estrade), ne manquent pas de charme, mais surtout apportent leur touche personnelle. De la formation originelle, il reste le sixcordiste James Iha (dont l’interview accordée en 1993 est toujours disponible ici) et le drummer Jimmy Chamberlin (malgré plusieurs allers-retours).

C’est d’ailleurs James qui prend d’abord la parole en début de set, pour introduire « Today », en ces termes : ‘Goeie avond (NDR : bravo pour l’effort de la langue et avec le bon accent), We are Smashing Pumpkins, now let’s rock !’. Le ciel se dégage et la pleine lune brille sur le côté gauche du podium. Dont le décor a de quoi impressionner. A cause des structures gonflantes et du light show, en début de parcours très tamisé (NDR : un calvaire pour les photographes - voir les photos de Wim Herbaut, ). Le concert se mue rapidement en ‘best of’, épinglant notamment « Bullet With Butterfly Wings » et « 1979 ». Certains estiment la reprise de « Berlin », amusante (NDR : y compris Billy qui lâche sa guitare et vient sourire (fait rare !) en s’approchant de l’avant-scène…

Cependant, dommage que le combo n’ait pas interprété davantage de morceaux singuliers, à l’instar de « Bodies », joué lors de shows précédents. D’autant plus que la durée du set est calculée à la minute près. Soit 1 h 30, ne laissant guère de place aux surprises. Mais ne boudons pas le plaisir d’assister à un concert de Smashing Pumpkins en forme, au cours duquel Billy est de bonne humeur. Des compos comme « Disarm », « Tonight, Tonight » et le décapant « Cherub Rock » (caractérisé par son riff d’intro lancé par Corgan en personne) se succèdent. Soit autant de titres qui nous replongent dans l’époque d’une jeunesse insouciante des 90’s. Un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Une époque au cours de laquelle les vidéos de ces singles étaient diffusés sur la chaîne MTV.

Dans la setlist figurent les excellents « Ava Adore » et « Zero », insérés parmi certains morceaux un peu trop tirés en longueur. Et cette courte reprise/intro de Black Sabbath, balancée en fin de parcours, n’est pas vraiment nécessaire ni judicieuse (NDR : c’est bon, on lui a assez rendu hommage à l’autre écorché vif). Et à l’issue du final électrique « The Everlasting gaze », Corgan prend le temps de longer l’avant du podium, seul, pour saluer la foule (NDR : parce que ce soir, il était de bonne humeur, on vous le rappelle).

Même s’il évolue dans un autre registre, Goose n’a pas de mal à (re-)conquérir le public en fin de soirée (enfin en début de nuit, car il entame sa prestation après 1h du matin). Il faut préciser que le band flandrien se produit, en moyenne, tous les deux ans, depuis 2008, aux Lokerse Feesten.

Mais que de changements depuis ses débuts. Ou comme il y a 10 ans, lors d’un concert intimiste accordé à l’Eden de Charleroi ! Désormais, le band courtraisien envoie du lourd dans le cadre des plus grands festivals, tant visuellement qu’au niveau sonore. En intro, « British mode » résonne, en effet, comme le titre d’un grand groupe de britpop électro. Ensuite le leader Michael Karkousse, fort de sa grande taille, se sent pousser des ailes et part au contact du public, sur le tout aussi bien nommé « Can’t stop me now ». « Control » ou « Bring it now » continuent de faire danser la foule. Tout comme « Words » ou l’inévitable instrumental « Synrise », en clôture.

On signalera encore que les noctambules ont eu le loisir de s’éterniser jusque 5h du matin au Club Studio Brussel grâce aux DJ sets d’Helena Lauwaert et Aya.

PS : n’hésitez pas à vous replonger dans l’ambiance des Lokerse Feesten, en consultant le reportage photo de Wim Herbaut ici

(Organisation Lokerse Feesten)

Organisé à Lokeren, en Flandre Orientale, le Lokerse Feesten souffle ses 50 bougies cette année. On aurait donc pu s’attendre à une affiche bien plus alléchante pour marquer le coup ; mais elle ne propose pas de noms ronflants. En outre, la programmation de dimanche, jour de clôture, n’attirera pas beaucoup de Francophones, puisqu’elle proposera Clouseau, de Mens, et Noordkaap, comme têtes d’affiches. Mais finalement l’essentiel n’a-t-il pas été préservé en conservant cette convivialité tout au long de ce demi-siècle. D’ailleurs, la kermesse et la fête battent toujours leur plein au centre-ville. En longeant le canal depuis la gare, on rejoint rapidement le site du festival, judicieusement baptisé Grote Kaai. Et puis, ne boudons pas, non plus, notre plaisir, car contrairement aux autres grands festivals, le line up résolument rock a été, en grande partie, préservé. Et notamment le ‘Metal day’, fixé le mardi, et le ‘Punk day’, le lundi. C’est ce dernier jour que votre serviteur a suivi.

Sur la grande scène, la soirée débute par une légende du punk, The Undertones. Un quintet qui célèbre également son cinquantenaire. Ainsi de 1975, année de sa naissance, à 1983, de sa séparation, il a été très actif. Puis, son leader, Feargal Sharkey, a quitté le band, pour faire carrière dans l’industrie des médias. Après un long hiatus, le groupe s’est reformé en compagnie d ‘un nouveau chanteur, Paul McLoone, début 2000. Le combo a alors gravé deux elpee, en 2003 et 2007.

Malgré quelques singles comme « Teenage kick » ou « My perfect cousin », dont les compos sont hantées par les Buzzcocks, le quintet nord-irlandais n’a guère convaincu. Un set plutôt fade. Les applaudissements sont polis, et les allers-retours entre les bars et le site sont nombreux.

C’est la troisième fois et année quasi-consécutive que The Damned se produit aux Lokerse Feesten. Ça fait un peu ‘réchauffé’. De nouvelles têtes auraient été bienvenues. Et pourquoi pas une bonne surprise ? C’est un peu comme si on assistait à la parade militaire du 21 juillet ! Heureusement, les deux membres originels du groupe, Dave Vanian, aux allures toujours vampiriques, et le déjanté Captain Sensible, vont encore assurer le taf. Et occuper le devant de la scène. Entre punk et post-punk (voire new-wave) les tubes s’enchaînent. Depuis « Love song » en ouverture à « Neat, neat, neat » en passant par « New rose ». Et c’est largement moins monotone que le set des Undertones. Car certaines compos lorgnent vers le psychédélisme West Coast comme cette reprise du Jefferson Airplane, « White Rabbit », interprétée en fin de parcours. Un concert qui s’est avéré agréable à suivre.

Mais le point culminant de cette soirée viendra d’Iggy Pop. Malgré ses 78 piges, il est toujours bien actif. Déjà présent, à l’affiche de Werchter, il y a un mois, et après quelques dates aux USA, l’Iguane est déjà de retour en Belgique. Sa discographie est impressionnante. Il a enregistré 19 albums solos au cours des cinq dernières décennies. Dont l’excellent « Every Loser » - sur lequel figure le single « Frenzy » - paru en 2023, qui succédait à « Free », en 2019, un opus plus intimiste, jazzy et poétique. Et bien entendu le chef d’œuvre (NDR : n’ayons pas peur des superlatifs à la Marc Ysaye) « Post pop depression », en 2016, qui avait bénéficié de la collaboration efficiente de Queens Of The Stone Age. Malgré la pluie qui commence à tomber (NDR : il faut s’y faire, pendant les festivals, au cours de ces dernières semaines voire années).

L’accueil du public est enthousiaste. Les tubes des Stooges, « TV eye » et « Raw power », ouvrent le bal. Malgré la petite brise, l’Iguane a déjà laissé tomber sa veste et affiche encore son torse nu et sénile. Enchaînés, « The Passenger » et « Lust for life » donnent vite des allures de best-of au set de ce soir. A mi-parcours, « I wanna be your dog » donne l’occasion au presqu’octogénaire – il est né en 1947 – de descendre (difficilement) les marches du podium qui donnent accès à la place. Après quelques accolades et chœurs échangés avec les spectateurs, il remonte sur les planches et s’y couche. Mais il se redresse très rapidement et s’assied pour interpréter certains morceaux. Des compos qui sont bien revisitées d’ailleurs, enrichies par deux cuivres postés côté gauche de la scène. Et par les interventions du guitariste des Yeah Yeah Yeahs, Nick Zinner. Il est facilement reconnaissable à sa tenue sombre et sa chevelure… aussi imposante que ses riffs. Une belle touche d’originalité est apportée à travers le choix du morceau final, le « Punk rocker » des Teddybears (NDR : où Iggy ne faisait qu’un featuring à la base). Mais dont les paroles (‘I'm listening to the music with no fear. Caus’ I am a punk rocker, yes I am’) nous rappellent que, oui, Iggy reste une légende vivante (NDR : pour longtemps encore, espérons-le) du punk.

Et si Iggy Pop ne déçoit jamais en ‘live’, la dernière mouture des Sex Pistols suscite d’inévitables inquiétudes. Plus de line-up originel comme lors de son passage au Grote Kaai, en 2008. John Lydon, à la suite de ses différents avec ses comparses (NDR : une situation récurrente, vu son caractère), a préféré partir en tournée avec PIL (NDR : qui avait transité, en juin dernier, par Leuven et Lille). Frank Carter (ex-Rattlesnakes) prend le relais au chant et opère une entrée sobre sur le podium. Se plantant même sur le côté et adoptant presque une position de Namasté, pour mettre en lumière les musicos initiaux. Pourtant c’est bien ce nouveau chanteur, rouquin lui aussi, qui injecte le plus d’énergie dans le show. Les trois musiciens restent souvent, proches de l’un l’autre. Et n’interagissant pas avec le public. Les lumières mauves et jaunes, couleurs des fonds d’écran, rappellent la pochette de l’unique long playing, « Nevermind the bollocks ». Des anciens et récents concerts (essentiellement accordés au Royal Albert Hall de Londres) sont projetés sur un écran. Mais évidemment. Johnny Rotten n’y apparaît pas.

Après « Holidays in the sun » en ouverture, les titres défilent, dont « Seventeen », « Pretty vacant » ou encore « Bodies ». C’est alors que Carter surgit, tour à tour de chaque côté de l’auditoire. S’y installant même pour y chanter. Ce qui déclenche des circle pits et autres pogos autour de lui. Il ne ménage pas ses efforts ; cependant, on se demande comment le groupe parviendra à remplir les 1h30 du ‘timing’. Les réponses arrivent, mais ne sont guère réjouissantes. Pour y parvenir, la formation tire en longueur la présentation des musicos, mais aussi les morceaux, en les encombrant de solos interminables.

Alors, méritaient-ils une telle ovation ? La question mérite d’être posée. Ce ne sont pas les Stones, quand même, et leurs accords sont plutôt simplistes. Les versions étirées de morceaux punks qui, à l’origine, ne duraient que 2’30’’ ont de quoi irriter. Tout comme cette reprise de « My way » au cours de laquelle Glen Matlock et Steve Jones jouent assis. Coïncidence, mais cette adaptation a déclenché de nouvelles averses.

Nonobstant un « Anarchy in the UK » de bonne facture, qui a clôturé le set, on ne peut pas dire que la prestation ait été transcendante.

D’ailleurs la foule était bien moins nombreuse que pour le show d’Iggy Pop, et pas mal de festivaliers sont partis avant la fin du concert des Sex Pistols.

Le reportage photos consacré à l'édition 2025 des Lokerse Feesten et réalisé par Wiim Herbaut est disponible

(Organisation Lokerse feesten)

samedi, 08 mars 2025 15:04

Hardcore never dies…

La salle de La Madeleine, située en plein centre de Bruxelles, entre la grand-place et la gare centrale, est plutôt habituée à programmer des concerts de chanson française ou destinés au jeune public. Ce samedi soir, elle est fréquentée par des fans de metal, en majorité des quadras et quinquas, et est pleine à craquer. La double affiche (sold-out) de Life of Agony et Biohazard attire la toute grande foule. Si le premier cité tourne de manière quasi-ininterrompue, le second s’était fait plus rare, en live, au cours de ces dix dernières années. Compte-rendu en détails.

Le moins qu’on puisse écrire c’est que Life of Agony a lutté contre vents et marées pour rester à flots. D’agonie il n’a finalement jamais été question, l’amitié liant le bassiste Alan Robert aux cousins Joey Z. et Mina/Keith Caputo semble avoir triomphé des tumultes de leur vie. Et du turn-over des batteurs aussi (NDR : il n’y pas assez des doigts d’une main pour compter ceux qui se sont succédé). Le cas le plus notable reste, cependant, celui du chanteur Keith. Il a changé de genre pour s’appeler Mina. Et visiblement, ce soir, il a réussi son retour vers le genre masculin… Son enfance a vu ses parents, accros à la drogue, disparaître très tôt dans son existence. Aussi, s’il a été élevé par son grand-père, il a également été victime d’abus. Heureusement son voisin et cousin, Joey Zampella, lui a communiqué la passion de la musique et l’a indirectement décidé à fonder son groupe actuel.

Les haut-parleurs diffusent le « Jump around » de House of Pain en intro. Bonne idée ! Puis, fort d’une longue intro à la batterie et à la guitare « River runs red » entame les hostilités. Keith est vêtu d’un sweat surmonté d’une capuche orange à l’effigie de Biohazard et déménage d’un côté à l’autre du podium. Cheveux courts (en brosse), sa poitrine (siliconée) disparue, et la voix à nouveau rauque, sa (re-)transformation s’est bien opérée. Caractérisé par son crescendo, « This time » incite la foule à bondir dans son dernier quart temps. « Weeds » et « I regret » s’enchaînent à merveille. La reprise du « We Gotta Know » de Cro-Mags est plutôt réussie, même si le physique et la voix de Keith voguent à mille lieux du charismatique de Harley Flanagan. Et la boucle est bouclée lors du final, « Underground » (NDR : un titre issu du premier elpee, « River Runs Reds », paru en 1993 ; opus qui avait fait l’effet d’une météorite dans le ciel déjà bien chargé de métal).

A l’issue de ce morceau et surtout de sa prestation, il est difficile de coller une étiquette à Life of Agony. La plus fréquente qui lui est attribuée est cependant évocatrice : ‘alternative metal’ (lien page ‘Artistes’ ici et photos Romain Ballez ).

On vous le signalait dans le chapeau, le parcours de Biohazard a connu quelques interruptions, notamment depuis 2015 (NDR : son dernier concert, cette année-là, avait été accordé dans le cadre de l’Ieperfeest). La tournée prévue en 2016 avait été annulée à la suite d’une nouvelle démission au sein du line up ; en l’occurrence celle de Scott Roberts. Il a donc fallu attendre 2023, pour qu’il refasse surface. Et en particulier, dans le cadre des festivals Lokerse feesten (NDR : la journée consacrée au metal) et l’Alcatraz, en Belgique. En 2024 il se produisait au Graspop meeting ; et c’est donc une belle opportunité de le revoir, dans une petite salle, ce soir.

A 21h30 précises, les lumières se tamisent d’un bleu profond. Après un court prélude d’une chanson de Blondie, l’auditoire s’agite. Pas de doute « Urban discipline » (NDR : le titre éponyme de ce long playing ; sans doute la meilleure compo du band, à ce jour) va entamer le set. Cette sirène et le drumming musclé le confirment.

Enfin, la ligne de basse et les chœurs du charismatique Evan Seinfeld, la voix de Billy Grazadei, ses riffs de sixcordes, ainsi que ceux, enflammés, qui virent souvent aux exercices en solo, au beau milieu des morceaux, de Bobby Hambel : la musique de Biohazard semble ne pas avoir pris une ride en plus de 38 ans d’existence. « Shades of grey », « Tales From the Hard Side » et en fin de parcours l’inévitable « Punishment » ainsi que l’épilogue, « Hold mye own », constituent autant d’occasions pour déclencher des circule pits, wall of death, crowdsurfings et autres pogos endiablés tout au long de la soirée. Et avant de quitter définitivement les planches, la formation prend encore le temps de saluer les premiers rangs ou d’accepter de poser pour quelques selfies. Après le show, certains musicos sont même venus papoter avec des fans, à l’extérieur de la salle… (photos Romain Ballez ici et page 'Artistes' )

Pour être exhaustif, sachez que LYLVC (NDR : prononcez Lylac) complétait l’affiche. Programmé à 19 heures, il n’a été possible, pour votre serviteur, que de voir et écouter la fin de sa prestation limitée à 30 minutes. 

Quoique demeuré poli, le public ne semblait guère s’enthousiasmer. Une explication ? Les voix des deux vocalistes paraissent antagonistes. Métissé, le chanteur balance une sorte de rap hardcore, alors que la voix de sa comparse, plutôt charmante, est capable de grimper dans les aigus, suivant la plus pure tradition des chanteuses de metal mélodique. Enfin, il faut reconnaître que l’expression sonore du sextuor naviguait à des années-lumière des deux têtes d’affiche…

Néanmoins sympathiques, aussi bien sur les planches que dans la salle, les deux vocalistes se sont baladés dans la foule ou se sont postés à proximité du stand de marchandising pour discuter avec les aficionados, tout au long de la soirée… (lien page ‘Artistes’ et photos Romain Ballez ici).

(Organisation : Live Nation + Biebob)

dimanche, 02 mars 2025 17:10

DITZ trans-cende !

Ce dimanche soir a beau être frisquet, la grande foule s’est donné rendez-vous à la Rotonde du Botanique, pour le très attendu concert de DITZ. La preuve, il affiche complet depuis belle lurette. Et ses derniers passages dans notre plat pays ont déjà fait forte impression. Un an plus tôt, il se produisait en supporting act d’Idles à la Lotto Arena, mais il avait également participé aux festivals Micro de Liège et Sonic City de Courtrai.

Brighton regorge de talents musicaux. Auprès des anciens Kooks, Royal Blood et autre Fujiya & Miyagi, une nouvelle scène émerge depuis quelques années. On y recense, notamment Squid, mais aussi DITZ.

Ce soir c’est avec un peu d’avance sur l’horaire, et sur une intro des Canadiens de Big Brave, « I felt a funeral », que le quintet débarque sur les planches. Et directement le chanteur Callum Francis (dit Cal) focalise l’attention. D’abord, à cause de son look. Son accoutrement (il a enfilé une robe de couleur bleue) et sa coupe de cheveux de travesti contrastent avec sa voix rauque et son physique masculin. Mais aussi de son attitude. On dirait qu’il est possédé. Il (NDR : faut-il écrire iel ?) s’avance en front de podium, ne regardant pas le public, mais examinant les hauteurs et contours de la salle (NDR : on comprendra vite pourquoi).

Dès le titre d’ouverture, « V70 », il invite la foule de se séparer en deux, préparant un Wall of death. Enfin, un muret, vu l’exiguïté de la Rotonde. Une trentaine de fans exécutent une charge médiévale, amorçant des pogos qui seront quasi-permanents. « Taxi man » et « Four » sont soutenus par les solides interventions du batteur, rapidement torse nu. Il faut dire que la température ambiante a rapidement augmenté de quelques degrés, conférant même des allures de sauna à l’hémicycle. Et il n’y a pas que la température qui grimpe, puisque pendant un autre titre phare, « Hehe », le leader traverse rapidement la foule, alors que les spectateurs l’aident à dérouler le fil de son micro. Il escalade ensuite l’arrière de la salle et atteint les palissades plusieurs mètres au-dessus de nos têtes. Le chaos est donc autant musical (les guitares se lancent dans riffs noisy tonitruants) que visuel. Le tout pendant que Cal chante d’une voix rauque sur une musique aux relents post-punk. Évocateurs et propices au déchaînement, les titres parlent d’eux-mêmes : « I am Kate Moss » ou encore « Smell like something died here » (NDR : dont le refrain est repris par une fan à droite de l’estrade, qui semble avoir accompli le voyage depuis Brighton). « Summer of the shark », « Seeking arrangement » et l’explosif « No thanks, I’m full », évoquant le final de Gilla Band, viennent clôturer un set tout en intensité et surprises.

La bande son d’outro « I’m glad » de Captain Beefheart tombe d’ailleurs à pic pour calmer les esprits, et faire retomber la température en douceur, alors que la foule s’empresse de rejoindre le bar ou se rafraîchir sur la terrasse extérieure.

Pour celles et ceux qui ont manqué le show, DITZ revient à deux pas de la frontière belge, à l’Aéronef de Lille ce vendredi 8 mars. Malheureusement, à l’instar de nombreuses autres dates de la tournée, ce concert est également sold out.

Photos Dieter Boone ici

(Organisation : Botanique)

samedi, 01 février 2025 17:48

Un public conquis d’avance…

Il y a 29 ans que Dropkick Murphys distille un blend de folk irlandais et de punk/hardcore US. En ‘live’, sa notoriété ne fléchit pas. Pour preuve, il remplissait, il y a tout juste 2 ans, Forest National, et était programmé sur la ‘main stage’ de Werchter, l’été dernier. Pas étonnant donc que la Lotto Arena d’Anvers soit pleine à craquer, au lendemain de son concert à la grande salle du Ziggo Dome d’Amsterdam. Récit d’une soirée ouverte par deux autres bands invités : Gogol Bordello et The Scratch.

Il faut s’armer de patience pour rejoindre la Lotto Arena. Que ce soit sur la route, dans le parking ou encore accéder aux vestiaires, les files sont légion. Heureusement qu’il n’y a pas d’autres artistes prévus ce soir au Sportpaleis voisin, sinon on imagine la cohue dantesque qui aurait pu se produire. Une fois entré, on ne compte plus les fans aux t-shirts à l’effigie du band de Boston ou aux logos de stars du hard rock. Des looks rockabilly, parfois skinheads ou encore des bérets à la Pinky blenders : pas de doute, on est dans la bonne salle.

The Scratch ouvre les hostilités. Bien que les musicos soient de purs sangs irlandais (NDR : originaires de Dublin), sa musique lorgne davantage vers le heavy metal que la ‘celtique’. Au centre, assis, le chanteur actionne une batterie minimaliste. Composée d’une grosse caisse à pédale, il tambourine en même temps sur un bodhrán, un instrument de percussion gaélique, seule trace au sein du band de ses racines irlandaises. Car sa voix gutturale est plutôt proche de celle de Lemmy Kilmister. Quant au bassiste, sis à sa gauche, sa chevelure longue et son short évoquent plutôt à un militant de l’acid rock vintage. Sur la droite, une guitariste folk complète le trio, qui a bien du mal à combler la grande scène. En outre, seules vingt petites minutes lui sont allouées. Pas de quoi chauffer la salle, ni votre serviteur (Photos Geert De Dapper ).

Heureusement, Gogol Bordello enchaîne, et reste une valeur sûre. A son apogée, la formation constituait l’une des têtes d’affiche du festival de Dour (2008). Ou encore était capable de remplir l’Ancienne Belgique (2014). Sans compter l’invitation sur scène par Madonna (NDR : et notamment une prestation très médiatisée au Live Earth 2007). Originaire de New-York, c’est plutôt vers le folk gipsy de l’Est que le combo puise ses influences. Pour preuve, une grande banderole aux couleurs de l’Ukraine, ponctuée d’un point levé et du message ‘Solidaritine’ » est projetée en arrière-plan. Une scène où on reconnaît le violoniste Sergej Rjabcev, à l’éternel look de capitaine, et à l’énergie toujours débordante malgré ses 66 balais. Le leader Eugene Hutz et son look de gitan, n’a rien perdu de sa verve non plus. Un deuxième percussionniste et chanteur, sosie de Danny DeVito, vient lui prêter main forte. On remarque aussi la présence d’une jeune accordéoniste, en tenue sexy, qui complète le line up classique guitare/basse/batterie.

Le set commence en force par « I would never wanna be young again » et embraie par le tube « Not a Crime ». Le public est peu réactif et concède juste quelques applaudissements polis. Il faut attendre la moitié du set et le judicieusement intitulé « Dance around the fire » pour observer un peu de pogo dans la fosse. Deux invitées, à nouveau jeunes et sexy, viennent alors compléter le line-up. Une guitariste et une deuxième choriste à la coupe de cheveux bird. Malgré une volonté, sur le podium, de bouger dans tous les sens, d’alterner les styles musicaux (NDR : parfois un peu trop… et on se perd entre du Manu Chao et le band russe Leningrad), l’ambiance ne décollera jamais. Même en terminant sur « Start wearing purple » et « Pala tute », on attendra donc de les revoir dans de meilleures conditions (photos Geert De Dapper ici).

Dropkick Murphys a lutté contre vents et marées durant ses 29 années d’existence. Du line-up original, il ne reste que le batteur Matt Kelly. Ainsi que Ken Casey, ancien bassiste et backing vocal, mais dorénavant chanteur (NDR : malgré ses limites ; et on vous explique pourquoi, ci-dessous). Le fondateur Rick Barton, mais surtout l'ancien chanteur Mike McColgan (NDR : qui milite dorénavant au sein de Street Dogs) manquent cruellement à la formation. Mike avait pour atouts majeurs, une voix rauque et une carrure d’ancien militaire. En comparaison, Ken Casey fait pâle figure.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Les intros musicales alignent « If the kids are united » de Sham 69, hymne scandé en chœur par la foule, puis « The foggy dew » (NDR : à l’origine une chanson traditionnelle des Chieftains), interprété par la voix douce de Sinéad O’Connor. C’est d’ailleurs sur un fond brumeux, digne des Highlands, que le patronyme du band s’affiche sur l’écran vidéo. Le visuel et le light show (souvent vert et orange, aux couleurs de l’Irlande) vont contribuer à rendre le show plus entraînant.

La horde de musiciens déboule sur scène. Et ils sont nombreux. Outre le guitariste, le bassiste et le percussionniste, on repère un banjoïste qui va apporter sa touche personnelle tout au long du spectacle. Sans oublier l’accordéoniste, et occasionnellement un joueur de cornemuse. Le leader quant à lui, à l’instar de Nick Cave, prend plaisir à venir au contact des premiers rangs et à les inciter à reprendre les refrains. C’est déjà le cas dès le titre d’ouverture (« Captain Kelly’s kitchen »), caractérisé par son chorus ‘Me toora Loora lady’ entonné par les aficionados. Tout au long de l’hymnique « The boys are back » des images de combats d’hockeyeurs défilent sur l’écran. Et dans le même esprit, l’autoroute est toute tracée pour « Sunshine highway ». Sollicités par le leader, les circles pits et autres murs de la mort s’organisent rapidement au sein de la fosse. Dropkick Murphys nous réserve, en primeur, un nouveau titre : « Stand with us ». Déjà extenué, Ken Casey s’éclipse alors en coulisse, et cède le relais, au micro, au bassiste, dont la voix, proche de Bruce Dickinson, collerait mieux à un combo de heavy metal. La repise du « Body of an American » des Pogues relance les pogos, et nonobstant son ton plus hardcore, digne de Sick of it all, « Citizen C.I.A » entretient le mouvement. Inévitablement la cover de « It's a long way to the top (If you wanna rock'n'roll) » d’AC/DC baigne dans le hard rock. L’accordéon, la guitare sèche et la mandoline suppléent provisoirement la sixcordes électrique sur la folk song folk culte « Rose tatoo ». Ken montre quand même ses limites au chant. Parfois, il oublie (ou néglige) certains couplets des chansons ; et tout au long de « Irish rover », Ronnie Drew et Shane McGowan doivent se retourner dans leurs tombes…

Mais conquise d’avance, la foule ne lui en tient rigueur ; et pas le temps de souffler, en rappel, « I am shipping up to Boston », caractérisé par son intro au banjo, déclenche à nouveau une hystérie et des mouvements au sein de la fosse. Même si le band n’invite plus, comme jadis, ses fans à venir danser sur l’estrade, le sol tremble quand même. Et la foule reprend en chœur le ‘Way-yooo’ du refrain. « Worker’s song » vient clôturer une soirée déjà bien riche, avant d’attaquer les files qui nous attendent à la sortie, tout en fredonnant encore l’un ou l’autre titre, pendant que l’on quitte la métropole… (photos Geert De Dapper )

Organisation : Live Nation)

 

jeudi, 23 janvier 2025 13:15

Clap de fin pour un groupe mythique…

Annoncées un an à l’avance, et sold-out en 10 minutes, les trois soirées d’adieu à l’un des plus grands groupes belges (et sans doute le plus mythique) ont donc été programmés à l’Ancienne Belgique, ces 23, 24 et 25 janvier 2025. Logiquement, car c’est le fief du quatuor bruxellois qui y a notamment fêté ses 40 ans d’existence, en juillet 2022. Refusant également de se produire dans des salles plus grandes. Récit de la première de ces trois concerts d’adieu, empreints de bonne humeur mais aussi d’une émotion sincère, tant dans le public qu’au sein des membres de la formation.

La soirée débute très tôt pour la poignée de journalistes invitée par l’AB, et son nouveau partenaire, la brasserie Haacht. Au menu, une visite des coulisses de l’AB, un bref historique, des anecdotes et une rencontre des deux CEO. Le nouveau partenaire louvaniste semble avoir été préféré à l’ancien géant AB Inbev, vu son ancrage local (NDR : la brasserie n’est qu’à 22 km du centre bruxellois, sur la route vers Louvain) et d’autre part, ses valeurs. Ainsi qu’une volonté de disposer d’un ‘music café’ (Haacht en possède déjà deux, liés à sa marque, à Gand et Maastricht). L’AB café, après avoir connu différentes réorganisations, va donc rouvrir prochainement, doté d’une terrasse et d’un rooftop. Un lien plus proche de la salle et des heures d’ouverture plus longues sont dans le pipeline. On y apprend également que soixante personnes (dont 14 rien que pour la sécurité) seront réquisitionnées chaque soir de concert. Ou le déploiement d’une nouvelle logistique dont quatre grosses cuves d’une capacité de 4.000 litres de bières (prévus pour les 3 jours, les chiffres s’élevant à 1.400 litres lors d’un concert de métal). Le début des festivités, pour les hôtes, s’ouvre par une dégustation. A côté de sa marque phare Primus, la brasserie a développé sa gamme Super 8 (NDR : lisez ‘Acht’ en néerlandais, un jeu de mot(s) avec Haacht), dont une blanche au goût un peu épicé qui devrait plaire à notre rédacteur en chef.

Mais transitons de l’aspect marketing au côté musical. En ayant conscience que Front 242 s’est sans doute aussi bien exporté que les bières belges. Une notoriété noir-jaune-rouge jamais égalée. Que ce soit aux USA, en Amérique du Sud, en Allemagne ou encore dans les pays de l’Est. Et ce, sans compromission auprès des labels majors. Une forme d’intégrité jamais prise en défaut. Tout en devenant le fer de lance de l’EBM (NDR : l’Electro Body Music et un breuvage issu des anciens fûts de punk et post-punk ; un brassage précurseur, du début des 80’s, de la new-wave, de l’indus, de l’électro et même plus tard de la techno sous son aspect le plus dansant). Ajoutez-y une image et un graphisme imaginés par des membres du combo (professionnels dans le domaine, davantage que dans la musique encore). Ou encore un look (uniformes militaires) et un patronyme sulfureux qui leur a prêté à tort, un lien avec l’extrême-droite (Joy Division, New Order ou plus récemment les Slovènes de Laibach ont également provoqué des réactions similaires, mais ils les ont démenties formellement). Un marketing, tout comme une présence scénique au cours de concerts réguliers mais sans outrance. Ce qui explique pourquoi, il n’est jamais tombé dans l’oubli. Et ce, malgré le peu d’elpees sortis, et l’absence de nouvelles actualités musicales depuis plus de 30 ans. Ce qui permet d’affirmer que Front 242 est et restera un groupe mythique.

Dès 21h, le décor sombre et sobre est planté : deux micros au centre, une mini-batterie à gauche, le clavier à droite. Le logo sur le fond d’écran, le public vêtu de noir et/ou dont les fringues arborent l’effigie du band (encore que le noyau dur se retrouve rapidement torse-nu).

Une vidéo digne d’Anton Corbijn (qui a notamment contribué au succès de la formation grâce à son clip consacré à « Headhunter »), défile. On y voit les musicos sur une plage déserte du littoral belge s’avancer vers le public.  Et l’ambiance démarre au quart de tour dès le tube « W.Y.H.I.W.Y.G » auquel s’enchaînent, sans temps mort, des titres phares comme « Moldavia », « Body to Body », « Don't Crash », « U-Men » ou encore « No Shuffle », dont le final déclenche un premier moment de grande émotion. Pendant une bonne minute les musiciens interrompent le show et se penchent vers la foule pour recevoir les ovations. Comme d’habitude Jean-Luc reste en retrait mais ne semble pas moins touché par ces marques de reconnaissance. Alors, davantage en avant, il remercie le public dans toutes les langues.

Le concert repart de plus belle par « Soul manager » puis, entre autres, « Funkahdafi », « Tragedy for you » ou encore « Welcome to paradise » avant un court rappel. Lors du retour sur les planches, le public hurle à nouveau sa joie, et c’est le judicieux « Happiness » puis l’inévitable « Headhunter » qui ponctuent le set. Caractérisé par ce refrain repris en chœur par l’auditoire ‘One, you lock the target. Two, you bait the line. Three, you slowly spread the net. And four, you catch the man’, ce véritable hymne aurait sa place dans un grand stade de foot, comme l’a été le « Seven Nation » de White Stripes.

Il fallait s’y attendre la soirée a été intense, le show en forme de best-of, sans répit, comme si Front 242 voulait optimiser les 90 minutes accordées par l’organisation (NDR : les concerts à l’AB doivent toujours se terminer, au plus tard, à 22h30). Cependant, on imagine que l’ambiance montera encore d’un cran lors des deux dernières soirées (surtout celle du samedi). La date de ce soir ne s’était ajoutée que par la suite. Et alors que les plus grands fans, via une prévente prioritaire, s’étaient déjà rués sur les tickets du vendredi et samedi.

Pour être complet, il convient d’ajouter que Daniel Myer assurait le supporting act. Producteur, l’Allemand a notamment remixé Front 242, Depeche Mode, Covenant et plus récemment Eisbrecher. Sans oublier Front Line Assembly en compagnie duquel il a tourné. Tout comme Skinny Puppy ou Nitzer Ebb, d’autres figures du genre dont il a assuré la première partie. Seul sur le podium il a chauffé la salle, guère avare de commentaires et d’anecdotes sur son long parcours, accompli depuis la Hongrie vers l’Allemagne, en épinglant, notamment, l’achat de sa première cassette audio, « Some great reward » de Depeche Mode.

Photos Kristof Acke ici

(Organisation : Ancienne Belgique)

lundi, 05 août 2024 11:09

Lokerse feesten 2024 : lundi 5 août

Si la veille l’affiche lorgnait vers les 80’s, ce lundi est réservé, pour une large part, aux 90’s, proposant comme têtes d’affiche, les Pixies et l’ex-The Verve, Richard Ashcroft. Mais pas que… puisque quelques surprises vont pimenter la soirée. Compte-rendu de cette journée

Place d’abord à la synth-pop incandescente de Future Islands. La formation avait déjà opéré un passage remarqué, il y a un peu moins d’un an, à l’Ancienne Belgique. D’entrée de jeu, le leader Samuel T. Herring se dépense sans compter. C’est presque devenu un rituel. 

Ses vocalises sont incomparables. Il est capable de monter dans les aigus puis de hurler comme un chanteur de doom-métal, sans la moindre difficulté. Et sa chorégraphie n’a rien à envier à Béjart ou Charmatz. Les compos s’enchaînent et tapent comme les rayons de soleil sur nos têtes. On a cependant parfois l’impression que le set tire en longueur, mais en fin de parcours, « Seasons (Waiting On You) » (NDR : élu meilleur single par le NME, en 2014) réveille la foule. Pour clôturer sa prestation, la formation nous gratifie d’un de ses premiers ‘simples’, « Long flight ». Caractérisé par sa longue intro, il nous fait presque oublier que certaines compos se ressemblent…

La grosse surprise la soirée viendra à nouveau du club Studio Brussel. Bill Ryder Jones y est programmé. Votre serviteur s’y rend avec des pieds de plomb. A cause de son passé de guitariste au sein de The Coral, groupe destiné aux ados, fondé en 1996. Et puis la presse spécialisée le taxe de songwriter, laissant supposer qu’il s’agit d’un folk singer au répertoire soporifique. Votre serviteur débarque d’ailleurs dans la salle, alors que le set est déjà bien entamé. Mais en observant le line up, il y a de quoi changer d’avis. Il implique une violoncelliste/choriste, deux guitaristes, dont l’un double aux chœurs, un claviériste, un batteur, un bassiste et bien sûr Bill au chant et à la sèche. Bien que soigné, son look est plutôt dépareillé. Chaussé de lunettes fumées et les cheveux hirsutes, il ressemble un peu à Richard Aschroft, également issu du Nord-Ouest de l’Angleterre, et qui va le succéder sur la main stage. Les compos oscillent entre folk qui monte régulièrement en crescendo, et une sorte de dream-pop/shoegaze surprenante. En extrapolant, cette expression sonore navigue quelque part entre celle de Swell et de The Folk Implosion. Les quelques centaines de spectateurs apprécient et réalisent qu’ils vivent un bon moment. Un regret quand même, c’est ce timing de Bill Ryder Jones qui empiète sur celui de la scène principale. Ou l’inverse ! Finalement il aurait été préférable d’écourter le concert de Future Islands pour ne rien manquer de celui-ci. Un artiste à suivre donc.

On venait d’en parler : Richard Ashcroft se produit donc, sur la grande scène. Il grimpe sur l’estrade d’un air désinvolte. Et entame un petit pas de danse clownesque sur la musique d’intro, « Bring On The Lucie » de John Lennon (NDR : inclus sur le dernier opus, « Acoustic Hymns Vol 1 »). Cheveux en bataille et veste militaire sur le paletot, il s’exclame ‘What a beautiful evening’ (NDR : Il est vrai que le soleil se couche, et ses derniers rayons illuminent le podium). Il s’emballe même un peu trop, en annonçant de manière précipitée, le premier morceau : ‘This song is called « Sonnet »’. Avant que ses musiciens ne rectifient le tir. C’est par un autre titre du répertoire de The Verve, « Space and time », que le set débute. Et préalablement au suivant, le leader annonce, sur d’un ton amusé : ‘Ok, now we will play « Sonnet »’. Il introduit le morceau suivant par ‘It’s a song we have not played since a long time : « Weeping willow »’. Tout au long de la ballade « A song for the lover », des images de couples célèbres sont projetées sur l’immense écran installé en fond de scène (NDR : il reproduit une TV géante parfois subdivisée en plusieurs postes vintage). Malheureusement Richard, armé d’une sèche, n’est pas toujours très visible sur l’estrade. Il est trop souvent masqué par le guitariste et le bassiste. Excentriques, ils monopolisent l’espace. Look jamaïcain, le premier est coiffé en dreadlocks. Le second n’arrête pas de bondir sur la gauche du podium. En fin de parcours, la setlist nous réserve quelques tubes : « The drugs don't work », « Lucky man » et bien sûr l’incontournable « Bitter sweet symphony », pour lequel Richard propose au public de chanter l’intro (NDR : et celui-ci ne va pas se faire prier !) Le chanteur commence enfin à se remuer. Il simule un combat de boxe contre son pied de micro et fume une dernière cigarette (NDR : il en aura grillé quelques-unes entre les morceaux, causant des interruptions inopportunes). C’est sous la forme rock’n’roll qu’on préfère le voir ; cependant, le concert s’achève au bout d’une petite heure et quart.

La foule s’agglutine de plus en plus aux premiers rangs. Pas de doute, la majorité du public est venue pour voir et écouter les Pixies. Les échos recueillis à la suite de son passage, la veille, à Ronquières, sont plutôt dithyrambiques. C’est de notoriété publique, le groupe s’amuse à changer ses playlists. Et ce soir, le set démarre en force par « Gouge away », « Wave of mutilation » et « Isla de Encanta ». Mais à l’instar de sa prestation accordée au festival Hear Hear, en 2022, la suite est plus cool. Frank Black troque sa guitare électrique contre une sèche. Il nous réserve deux nouvelles compos, « Chicken » et « The vegas suite ». Elles sont quelque peu anesthésiantes et devraient figurer sur un prochain elpee, intitulé « The night the zombies came », dont la sortie est prévue pour la fin de l’année.

Mais l’impressionnante liste de singles de la première heure rebooste le concert : « Vamos », « Velouria », « Debaser » et l’hymne « Where’s my mind », en final. La nouvelle bassiste Emma Richardson apporte un plus à l’ensemble ; en outre, elle assure les backing vocaux (NDR : expérimentée, elle milite également chez Band Of Skulls).

Pour terminer cette soirée, cap sur le club Studio Brussel pour assister au set de The Murder Capital. On ne parlera ici plus d’une découverte (NDR : sa prestation accordée dans le cadre de l’édition 2019 du Sonic festival, et celle dispensée à l’Orangerie du Botanique, en 2020, ont été commentées dans Musiczine), mais plutôt de confirmation. Voire d’évolution. Une mutation qui frappe dès l’entrée en scène des musicos. Tout d’abord en ce qui concerne le look. Exit l’apparence post punk entrainant le port d’un costume élégant et d’une chemise. C’est plutôt sous l’aspect de bad boys que le band déboule sur le podium. A l’instar du chanteur de Fontaines DC, James McGovern, derrière des lunettes fumées, affiche une image qui pourrait naître d’un croisement entre un rappeur et Sid Vicious, Déchaînés, les derniers pogos éclatent au sein des premiers rangs. Certains spectateurs sollicitent un stage diving du leader, dont il est coutumier, mais ils ne l’obtiendront pas. Même si son attitude davantage survoltée sur certains titres aurait pu traduire une envie d’opérer le grand saut. Un set sans temps mort, au cours duquel le combo n'a pas négligé les incontournables « More is less », « Green & Blue » et en clôture « Don’t cling to life ». Le parfait complément aux Pixies ou une belle manière de ponctuer cette journée, très riche, en force…

FUTURE ISLAND, Bill RYDER JONES, RICHARD ASCHCROFT, PIXIES, THE MURDER CAPITAL

(Organisation : Lokerse feesten)

Photos Wim Herbaut ici

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